lundi 2 avril 2012

La gare TGV de Moval


Peut mieux faire !    
                                         06/02/2012

La fierté. L’espoir. Moval, obscur petit village d’un minuscule Territoire,  est choisi pour accueillir la future gare TGV Belfort-Montbéliard. Il faut savoir prendre le train en marche.
Bouleversement des habitudes, curiosité, étonnement, critiques, patience ou impatience. De longs travaux,  des problèmes de circulation, des doléances, mais des visites informatives très suivies. Compte à rebours dans les journaux, population locale de plus en plus concernée. A Porrentruy, une reproduction de la tour Eiffel est dressée sur le rond-point principal pour célébrer l’événement : le désenclavement de l’Ajoie, enfin.

Inauguration présidentielle en comité choisi, et grande fête populaire médiatisée le 10 décembre 2011. La  gare est superbe, lumineuse, d’une architecture originale. Très accessible, en pleine campagne. Flonflons et brioches, timbres du jour et discours satisfaits, la foule est au rendez-vous, Français et Suisses réunis, heureux.
Le lendemain, 11 décembre : les premiers TGV s’arrêtent, les voyageurs se pressent pour Paris, Lyon, ou Strasbourg. Photos, cadeaux, journaux, radio, TV, excitation, émotion. Instant de gloire. Nous en sommes, un trajet grisant vers les Lumières de Lyon, à plus de 300km/h.

Et puis, et puis, les colonnes des journaux se font l’écho de récriminations, déceptions, agacements. Nos têtes pensantes n’ont pas pensé à tout …
On apprend, à nos dépens, que pour stationner à la gare pendant une courte durée, il faut choisir le parking longue durée.
Les automobilistes étrangers au Territoire, eux, n’en finissent pas de râler, il n’y a aucune indication de la gare depuis l’autoroute, et les GPS sont muets.

Quant aux bus ? Celui de Montbéliard attend ses voyageurs sur le parking d’arrivée, mais celui de Belfort, il faut aller le chercher loin, sur la route. Pour Héricourt, il n’y en a pas, et la direction de Delle, n’est pas identifiable sur les écrans : Champs Blessonniers ou Oeufs frais, pour les étrangers, qu’est-ce que ça veut dire ?
La pesanteur est démoralisante : il faut compter 30min de bus depuis la gare de Belfort, si l’on ne veut pas rater le TGV. Et voyager léger, pour franchir la distance entre l’arrêt et la gare. Où est le bénéfice ?
Le summum de la mauvaise foi est atteint quand un élu, prétextant le peu de fréquentation de la ligne de bus Gare de Belfort-Gare TGV, proclame qu’il n’y a pas lieu d’augmenter les rotations. C’est le contraire, Monsieur ! Si on augmente les rotations, et si les bus accèdent à l’intérieur de la gare, les usagers n’utiliseront plus leur voiture, et n’encombreront plus les parkings !

Une solution : La rénovation de la liaison ferroviaire avec Delle et Belfort. Sujet épineux. Sur 20 km d’ancienne voie subsistent actuellement une douzaine de passages à niveau. Pour rouvrir la ligne, il faudrait tous les remplacer par des ponts ou des tunnels, sécurité oblige. Vous imaginez les montagnes russes ? Une aberration, révisée à la baisse heureusement. Regardons donc comment ça se passe en Suisse : les barrières traversantes sont simples et sans danger.

Je ne râle pas contre le prix des billets du TGV, ni contre le fait qu’il facilite les grands trajets, et pas les petits. C’est la règle du jeu. Je suis ravie de pouvoir aller à Roissy, à Lille, à Frankfurt directement.
Mais quand je suis à l’heure, avec mon billet en poche, sur le bon quai, et que le TGV oublie de s’arrêter à la gare de Moval, que conclure ?

Que Moval a encore besoin de temps pour s’imposer comme gare incontournable ! 

1 commentaire:

  1. 1 : parkings. Accorder un droit de parking gratuit pour tout possesseur d'un titre de transport A-R entre la date du départ et celle du retour en gare me semblerait normal. Le problème, tout étant à vendre, est que les parkings de ces gares plantées au milieu de nulle part (est-ce vraiment un hasard ? ) sont gérés par des sociétés privées à but forcément lucratif. On ne va tout de même pas les priver de recettes ! Alors tant pis pour l'usager que l'on rackette. (Même remarque pour les toilettes dans les gares : devraient être gratuites aussi pour les voyageurs...)

    2 : Politique du "tout TGV" : un non sens. En fait, le TGV intéresse surtout les hommes d'affaires (qui n'auront pas à prendre navette ou taxi). Le réseau s'articule autour de quelques (grandes) villes et ensuite, c'est débrouillez-vous. A quoi sert de gagner une heure entre ici et le sud de la France si c'est pour le perdre, voire en perdre d'avantage, à gagner la gare et/ou à rejoindre sa destination finale ? Et puis, n'est-il pas inconséquent de tout miser sur la vitesse au détriment d'un maillage du réseau en vue d'une couverture plus réaliste du pays ? Une véritable politique du train comme moyen de transport en commun aurait consisté à maintenir les petites lignes, les petites gares, et à promouvoir l'utilisation du train en offrant un service de qualité. Encore eût-il fallu, pour cela, que d'une part on ait autre chose en tête que de vendre et faire circuler des voitures et, d'autre part, que l'usager (du temps où la SNCF était encore un service public) ne soit pas trop souvent la victime de conflits dits sociaux ayant pour seul but non celui mis en avant de la défense de l'usager ou du "service", mais le confort du personnel. Combien de grèves pour lutter contre la suppression des lignes jugées "non rentables" ? A mon sens, aucune.

    En Suisse, pas de TGV tape-à-l'oeil, mais des trains qui circulent, sont à l'heure, s'arrêtent dans les villages. Et peu de camions sur les routes ou autoroutes. Question d'intelligence et de volonté politique...

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