mardi 3 avril 2012

Chronique littéraire : Même le silence a une fin, de Ingrid Betancourt

parue dans le JTT du 5 avril 2012.

Les FARC ont relâché aujourd'hui leurs derniers otages. C'est l'occasion de se plonger dans ce merveilleux récit. Un livre d’aventures palpitant, mais aussi riche d’analyses politiques et psychologiques. Ingrid est une femme hors du commun

Tout le monde a entendu parler de sa longue captivité, presque sept ans, dans la jungle colombienne. Sans imaginer les conditions extrêmes de son emprisonnement, suivant le degré de sadisme des chefs terroristes successifs. Parfois seule, parfois en groupe. Enchaînée à un arbre, ou enfermée dans une cage. Tentatives d’évasion, sévèrement punies. Epreuves physiques, malaria, dysenterie … Ingrid, avec une volonté de fer et beaucoup d’orgueil, a essayé de garder le seul contrôle possible : celui d’elle-même. Elle refusait de plier devant ses geôliers, donc les FARC se sont acharnés sur elle.

Quelques moments de bonheur, dans cet enfer vert, quand Ingrid entendait à la radio un message de sa mère, quand elle pouvait lire. Quand elle avait le droit de parler à ses codétenus, de se baigner dans une cascade, de bricoler. Mais le plus souvent, elle se réfugiait dans sa bulle, puisant du soutien dans ses souvenirs, sa foi.

Les aventures d’Ingrid se doublent d’un manuel tonique de survie dans la jungle, nature à la fois envoûtante et dangereuse. Et de considérations plus générales, sur la société et la politique colombiennes, la psychologie des guérilleros, et celle des prisonniers.

700 pages d’aventures bouleversantes, étonnantes, variées, écrites dans une belle langue classique, imagée, sans pathos, sans jugements.
Le récit d’Ingrid Betancourt, femme politique franco-colombienne, née en 1961, est un document exceptionnel.

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