dimanche 23 avril 2017

Les jardins du Pape

Les jardins du Vatican sont fréquentés depuis longtemps par le public. Mais c’est seulement en 2014 que ceux de la résidence papale de Castelgandolfo ont été ouverts aux visiteurs. Une merveille botanique qui mérite le détour, on peut en plus visiter une partie des appartements pontificaux, grâce à la volonté d'ouverture et de partage du Pape François.

Un forfait combiné d’une journée permet de visiter à la fois les musées et les jardins du Vatican et ceux de Castelgandolfo. Le timing est strict : Premier rendez-vous à 8h à Rome à l’entrée des musées du Vatican, deux heures pour admirer les collections et la Chapelle Sixtine. Puis, un deuxième rendez-vous à 10h permet de visiter les jardins du Vatican, sous la houlette d’un guide. Un parc paysager à l’italienne, construit sur 23 hectares à la Renaissance, où la nature et l’art se mêlent. Les essences méditerranéennes, oliviers, cyprès, cèdres, les marbres blancs des sculptures, se découpent sur les pelouses éclatantes qui entourent les différents bâtiments du Vatican. Fontaines et grottes préservent la fraîcheur des lieux. Les vues sur la coupole de Saint-Pierre et sur Rome sont superbes.

La surprise, c’est de découvrir qu’au fond du jardin, ce minuscule état cache sa propre gare. Un train spécial, autrefois réservé au Pape, démarre vers 12h30, chargé de touristes, à destination de Castelgandolfo, à une trentaine de kilomètres au sud de Rome. Changement de décor, changement de temps aussi, puisque la ville est située en altitude, dans les Castelli Romani, ce qui explique son intérêt pendant le caniculaire été romain. Depuis 1626, les souverains pontifes y font des séjours entre mai et septembre. Benoît XVI en profite encore régulièrement, mais François, qui ne quitte pas le Vatican, a préféré en faire profiter le public.

Castelgandolfo est un village médiéval, construit sur un éperon rocheux dominant le superbe lac volcanique d’Albano. Dès l’arrivée en gare, la prise en charge est cadrée : pas question de s’aventurer seuls dans l’immense domaine, qui couvre plus de 55 hectares. Les touristes sont priés de monter dans le petit train électrique qui parcourt pendant une heure les immenses allées bordées de pins parasols, de buis et de cyprès taillés. Oliviers, cèdres et chênes multiséculaires, pelouses soigneusement taillées, topiaires et terrasses s’étagent  sur la colline, parsemée de vestiges romains : terres cuites, portique, théâtre, mosaïques (la villa Barberini a été construite à l’emplacement de la résidence d’été de l’Empereur Domitien). Un peu à l’écart, une ferme complète, avec ses champs, son verger, son potager, ses poules gambadant en plein air. La production assure une cuisine bio au Vatican, les vaches Holstein garantissent au Pape mozzarella, ricotta et yaourts de première fraîcheur.

Retour à l’entrée des jardins, pour une visite des appartements pontificaux, dont la célèbre galerie des Pontifes. La vue sur l’agglomération romaine dans le lointain, et jusqu’à la mer par beau temps, est spectaculaire. Les anciennes Mercedes et Papamobiles stationnent dans la cour. Hors les murs, la petite ville de Castelgandolfo sommeille, elle n’a pas encore tiré parti de ce récent afflux de touristes, et il est difficile d’y trouver un coin sympathique pour faire une pause.
17h. Le train spécial ramène les visiteurs à Rome, Stazione San Pietro. Tout le monde descend, il fait doux, l'effervescence règne, c’est l’heure de la passeggiata et de l'aperitivo en terrasse.

Forfait d’une journée, entrées, audioguides et trains compris : 50 euros, uniquement par réservation en ligne sur le site des Musées du Vatican.

Article publié dans le JTT.

samedi 15 avril 2017

Le Comptoir Porcelana, nouvelle pépite de la Cité du Chocolat


La Cité du Chocolat, comme tous les musées, a désormais son espace de restauration. Depuis le début de janvier, les visiteurs et autres stagiaires s'y pressent, mais pas seulement. Les gourmets locaux peuvent aussi accéder directement au restaurant, sans faire la visite de la Cité, en empruntant la porte située derrière la statue emblématique de Toros.

Le comptoir Porcelana, ouvert tous les jours entre 12h et 14h30, n'est pas un restaurant traditionnel, mais un comptoir de restauration en libre service. Une équipe sympathique accueille les clients et présente les produits, qui marient les subtilités du chocolat aux saveurs de la gastronomie locale. Chacun garnit son plateau à la carte ou suivant les forfaits proposés : entrée, plat chaud, boisson ; ou entrée, plat chaud, dessert, pour une somme variant de 15 à 20 euros.

L'espace vitré situé au deuxième étage de la Cité du Chocolat, fonctionnel et lumineux, peut accueillir jusqu'à 60 clients. Ouvert sur les coteaux d'une part, sur une salle de jeux pour enfants de l'autre, il promeut une démarche écoresponsable jusque dans le moindre détail : couverts en amidon de maïs, desserts présentés dans des moules de bois, saladier en pulpe de canne, tous biodégradables. Seuls les plats chauds mijotent dans les mini cocottes Revol.
Venons-en au contenu. Pas de banal salé- sucré, mais des plats raffinés et originaux, incorporant une touche de chocolat : par exemple la « salade d'ici » composée de mesclun, ravioles frites au chocolat, dés de caillettes, noix ; ou le « velouté de panais, banane plantain », cacao Orelys et poivre de Tasmanie, parsemé d'éclats de noisettes caramélisées. Dans les mini cocottes, on trouve un Parmentier décliné à toutes les sauces, avec canard au chocolat noir Xocopili, chou chinois, ou pintade au praliné amandes et champignons ou encore fruits de mer. Les desserts, plus familiers, brownies, crumbles ou crème chocolatées, sont tout aussi onctueux.
La carte évolue au fil des saisons. A Pâques, le chef Jérôme Portal prévoit de nouvelles saveurs, agneau et gaspacho épicés au chocolat, avec une pointe de menthe et cardamome. Bref, on découvre au Comptoir Porcelana un plaisir gustatif original dans un cadre sobre et raffiné.

Petite précision botanique et linguistique : La fève de cacao appelée Porcelana, en raison de sa couleur blanche est cultivée au bord du lac Maracaibo au Venezuela. Elle donne le cacao le plus fin de la sous-variété de Criollo. Le nec plus ultra des fèves, enseigne idéale pour la restauration à la Cité du Chocolat !


Tél. : 04 75 09 27 27


Article publié dans le JTT du jeudi 13 avril.

lundi 10 avril 2017

Au salon des Auteurs, on croise des personnages de roman !


Le salon des Auteurs de Tain, organisé ce week-end par l'Association Tain Terre et Culture, conjointement avec la Mairie et la Bibliothèque a joué la diversité. Celle des genres littéraires : romans, essais, policiers, carnets de voyage, albums jeunesse, BD, fantasy ... celle des auteurs, une quarantaine, réunis dans la salle Charles Trenet. Et celle des animations proposées en plus des échanges et dédicaces : Contes et lectures par Christophe Mercier et la MJC pour les enfants. Et pour les adultes, conférences passionnantes sur des personnalités régionales aux destins … romanesques.

Françoise Coulomb, historienne, a ainsi exposé la vie de deux nobles familles de Tain, les de Florans et de Cordoüe, riches propriétaires unis par le mariage, dont les demeures se faisaient face dans la Grand'rue : la maison occupée par Sculptur'art et celle sur laquelle a été construit l'immeuble l'Argens. Ces aristocrates, riches propriétaires terriens, après avoir vécu dans l'opulence jusqu’au XVIIIème siècle, ont subi des revers successifs, révolutions, guerres, destructions ou dilapidation des biens... Si bien que seule une malle contenant de plus de 900 lettres est parvenue par une suite de hasards entre les mains de la famille Coulomb. Grâce à ces archives, Françoise a reconstitué l'histoire des familles, leur implication dans la vie locale. Son livre recèle une somme d'anecdotes édifiantes sur le fonctionnement de la noblesse provençale au XIXème siècle, des mariages arrangés (ou contournés) aux choix politiques, en passant par les menus de fête, l'entretien des propriétés agricoles et dons aux oeuvres de bienfaisance.

Destin totalement opposé à celui de la Mère Brazier, célèbre cuisinière lyonnaise, raconté par Jacotte, sa petite-fille. Eugénie Brazier est née en 1895 dans une pauvre famille de paysans de l'Ain. Pas d'initiation à la cuisine, au contraire, la faim au quotidien. Et pire encore, quand son père la chasse en 1914, alors qu'elle est enceinte. Ne sachant ni lire, ni écrire, sans formation, elle trouve une place de nourrice dans une famille bourgeoise de Lyon : les fabricants de pâtes Milliat.  Et son destin bascule quelques années plus tard, lorsqu'elle est envoyée en apprentissage chez la Mère Fillioux, célèbre restauratrice locale. Elle y apprend les rudiments de la cuisine et découvre ses capacités culinaires. En 1921 elle ouvre son propre bistrot rue Royale à Lyon : Chez la Mère Brazier. Le succès ne tarde pas. Edouard Herriot en fait sa cantine : les poulardes en demi-deuil, quenelles au gratin et artichauts au foie gras sont bientôt aussi célèbres à Paris qu'à Lyon. Eugénie achète ensuite un autre restaurant au col de la Luère, dans les Monts du Lyonnais en 1928, et obtient en 1933 un classement trois étoiles pour ses deux établissements, du jamais vu ! Paul Bocuse devient son apprenti en 1946. Tous les grands de la politique et du monde artistique viennent déjeûner chez elle ... La Mère Brazier continue de régner en cuisine, vitupérant, hurlant, rudoyant son équipe, sept jours sur sept, 365 jours par an, jusqu'en 1977.

Jacotte n’écrit pas, ne fait pas la popotte, mais Jacotte papote ... On l'écouterait des heures évoquer sa grand-mère, tout en savourant d'avance les quenelles concoctées par les restaurants de Tain, qui se sont associés au Salon, en mettant à leur carte la plus célèbre recette de la Mère Brazier.

Article publié dans le JTT.