vendredi 25 octobre 2019

Les Dolomites, paradis de la randonnée


Inscrit au patrimoine de l’humanité depuis 2009, ce massif des Alpes italiennes subjugue par son originalité. Les Dolomites étaient, il y a des millions d'années, un massif de corail. De ce fait, les bastions de cette immense citadelle de pierre, à l’architecture verticale, forment un panorama lunaire, dominant de vastes forêts.  Les récifs coralliens pétrifiés changent de couleur en fonction de l’heure et de la lumière du jour, passant du blanc au rose, de l’orange au gris. Les nuages qui jouent autour des sommets accentuent encore le côté fantastique du paysage.


Les sommets dolomitiques, suite de murailles et d’aiguilles déchiquetées culminent à 3343m avec la Marmolada. Ils dominent des alpages fleuris d’orchidées, de campanules et de rhododendrons, et d’immenses forêts de sapins, épicéas ou pins. Les sentiers innombrables et bien entretenus sont ponctués de refuges d’altitude confortables, où la gastronomie italienne se décline en polenta succulente, pasta locale (canonsei) et autres assiettes de speck et fromages de montagne. Avec en dessert, le strudel hérité du Tyrol.

La proximité avec la frontière autrichienne a fait des Dolomites un haut-lieu de la Grande Guerre dès 1915. Partout des vestiges de tranchées (taillées dans la roche), tunnels, abris, fortifications. Un énorme travail d’ingénierie a été accompli pour assurer la survie des soldats à plus de 2500 m d’altitude dans un climat d’une rudesse extrême, avec la mort omniprésente. C’est ainsi que les militaires ont mis au point les fameuses via ferrata pour se déplacer. Ces parcours aériens font le bonheur des sportifs de notre époque.

Pas étonnant que les Dolomites soient devenues une destination incontournable pour les amoureux de randonnées ou d’escalade, de VTT ou de botanique. Sentiers bien balisés, hébergement assuré, remontées mécaniques au top. Avec la perspective des Jeux Olympiques d’hiver de 2026, accueillis dans leur capitale, Cortina d’Ampezzo, au vertigineux domaine skiable, les Dolomites s’apprécient sans limites…


Article publié dans le JTT du jeudi 24 octobre.

jeudi 17 octobre 2019

Jean-Baptiste Kléber, architecte de Belfort et général d'Empire

Le bâtiment et la bagarre sont les deux pôles entre lesquels évolue Kléber dès sa naissance, le 9 mars 1753 à Strasbourg. Son père, pauvre tailleur de pierre, décède quand il a 3 ans, Jean-Baptiste, resté seul avec sa mère, connait la misère, la rue, la violence. En 1759, elle se remarie avec Jean-Martin Burger, maître-charpentier, et l’aisance revient au foyer. Une chance pour Kléber qui, à 6 ans, fréquente alors un milieu d’artisans du bâtiment, menuisiers, sculpteurs, maçons. 
Remarqué par la qualité de ses dessins, il est envoyé à Paris en 1772, dans l’atelier du grand architecte Victor-Louis Chalgrin, qui signera l’Arc de Triomphe quelques années plus tard. Entre 1772 et 1774, Kléber s’initie à l’architecture néo-classique, sobre et géométrique, qui s’inspire de l’Antiquité. Il dessine plusieurs projets, tout en menant une vie d’étudiant débauché. Aimable et généreux, orgueilleux et bagarreur, il accumule les dettes, les aventures, sa famille finit par lui couper les vivres. Il passe même quelques jours en prison à Besançon après un duel contre un prétendant éconduit.
En 1774, Kléber revient à Strasbourg, cherche en vain du travail. Il se sent coincé, son tempérament fougueux bouillonne. Le destin le favorise : un jour, dans une taverne, il défend deux officiers bavarois pris à parti par une meute d’assaillants. Les Bavarois apprécient son intelligence, sa stature, son courage et lui conseillent de s’engager dans leur régiment, où ses qualités seront reconnues. Ils intercèdent pour lui, et en 1775, Kléber reçoit une promesse d’engagement chez les cadets du prince de Bavière. A Munich il devient adjoint au professeur de fortifications. Sa prestance, son niveau militaire et la qualité de ses dessins d’architecture le font repérer par le général autrichien Von Kaunitz qui le prend à son service à Vienne. Mais on lui refuse le grade mérité de capitaine en 1782, Kléber démissionne et rentre à Strasbourg en 1783. Son demi-frère François-Martin Burger, inspecteur depuis 1780 des bâtiments publics en Haute-Alsace, lui cède sa place d’architecte à Belfort.  


En octobre 1784, Kléber s’installe place d’Armes. Il doit gérer toutes les constructions des villes et communautés de la région de Belfort. D’abord, la reconstruction de l’église de Chèvremont, terminée en 1787. Puis la réalisation d’un clocher pour l’église de Larivière. Ensuite l’hôpital de Thann, les maisons des chanoines de Lure. Enfin la gestion de l’abbaye de Masevaux, les jardins privés du château de l’abbesse à Florimont. En 1784, Kléber réalise des plans pour la future mairie de Belfort, En paysagiste de talent, il dessine aussi les plans du jardin du château d’Etupes, résidence de la famille de Wurtemberg qui règne sur Montbéliard. En 1789-1791, il construit le château de Grandvillars pour Charles de Péseux, seigneur du lieu.

Dès 1789, Kléber adhère aux idées révolutionnaires. Avec ses amis, à Belfort, il refait le monde. Mais la guerre avec la Prusse et l’Autriche menace. Kléber est détaché en janvier 1792 auprès du général Wimpfen à Neuf-Brisach. La suite, c’est une carrière fulgurante d’officier : Kléber est promu lieutenant-colonel en mai dans l’armée du Rhin. Puis général après ses exploits à Mayence. Envoyé en Vendée, puis à l’armée de Sambre-et-Meuse, il multiplie les victoires. En 1797 il est présenté à Bonaparte, le vainqueur d’Italie. Kléber est séduit, voilà l’homme fort dont la France a besoin pour se relever du chaos. Bonaparte projette la conquête de l’Egypte. Kléber  embarque avec lui à Toulon le 18 mai 1798. 

En Egypte les batailles s’enchaînent, tandis qu’en France le Directoire perd pied. Bonaparte décide de rentrer prendre le pouvoir. Il laisse le commandement de l'armée d'Égypte à Kléber, le 22 août 1799. Kléber arrive à tenir le pays. Le 14 juin 1800, alors qu’il discute avec l’architecte Protain des plans de sa résidence, un fanatique syrien l’assassine d'un coup de poignard dans le cœur. Après avoir tant de fois frôlé la mort comme général, c’est en architecte que Kléber s’éteint.
Article publié dans l'Esprit Comtois n°17 (été 2019).

vendredi 11 octobre 2019

Chronique littéraire : Chien-Loup, de Serge Joncour


La double histoire, qui se déroule au Mont d'Orcières, un coin sauvage perdu dans les Causses, happe immédiatement le lecteur. L'intrigue se déploie sur deux époques, en 1914 et en 2017, par  chapitres alternés. La beauté des lieux, la nature immuable, laissent apparaître peu à peu leur sauvagerie, la peur, l'irrationnel, envahissent les esprits. Est-on dans un thriller ? Pas simplement, et c'est la force de ce magnifique roman, qui traite aussi bien de l'histoire que de la nature, de la violence sociale et individuelle, en temps de guerre comme dans le monde contemporain.

Franck et Lise ont loué pour l'été une ferme isolée dans le Haut-Quercy, à des kilomètres du dernier village. On n'y arrive qu'en 4X4, par un chemin vertigineux. Si Lise s'y sent tout de suite en harmonie avec la nature, l’impossibilité d'avoir du réseau plonge Franck dans le désarroi. D'autant que des animaux sauvages rôdent la nuit autour de la maison. Un mystérieux chien-loup les surveille et les provoque, sans qu'on puisse comprendre son attitude. Peu à peu, Franck découvre qu'il s'est passé quelque chose de terrible ici, en 1914.

Serge Joncour restitue avec maestria l'univers du village dans la guerre, les hommes au front, les femmes exténuées par les travaux agricoles et domestiques. Il évoque de même très justement la tension moderne, avec l'addiction au portable. Et dans la nature omniprésente, la sauvagerie animale et aussi humaine qui ne demande qu'à se réveiller, quelle que soit l'époque.

Né en 1961 à Paris, Serge Joncour a pratiqué divers métiers avant de se consacrer à l'écriture dès 1998. Devenu écrivain à succès, il a été un des animateurs de l'émision littéraire « Des Papous dans la tête » sur France Culture.

Chien-Loup est maintenant disponible en poche chez J'ai lu

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 3 octobre.

samedi 5 octobre 2019

Les fours Panyol, un succès français et d'abord ... tainois

Le four à bois Panyol, avec sa forme en quartiers d'orange, est un produit 100% naturel. Il suffit d'enflammer quelques bûches de bois sec pour l'amener à 400°. La cuisson est à la fois assurée par conduction, convection et rayonnement, ce qui rend le four très performant. Une fois chaud, il cuit une pizza ou une tarte en 2 minutes. On peut aussi saisir, griller viandes et poissons, ou laisser mijoter gratins et rôtis. Cuire son pain, sa pogne. La pyrolise s'effectue naturellement : le four reste toujours propre, blanc. Mais ce qui étonne le plus, c'est sa rapidité de réaction.

L'utilisation de la Terre blanche de Larnage ne date pas d'hier. Dès 1840, une entreprise fabriquait des briques réfractaires sur le lieu d'extraction, près de la carrière. Puis l'entreprise Fayol s'est installée à Tain, avec une production de briques destinées aux fourneaux, barbecues, fours industriels. C'est avec l'arrivée d'un nouveau dirigeant, Jean Pivard, que la société, devenue Panyol, s'est orientée vers la production de fours réfractaires en kit pour une clientèle familiale. Avec succès, malgré l'hégémonie de l'électricité.

Dès l'époque romaine, la terre de Larnage était utilisée comme poterie culinaire, les musées archéologiques de Vienne et Lyon en témoignent. La géologie des lieux explique les qualités particulières de cette terre : l'évolution du massif granitique, la présence antérieure de la mer, ont favorisé l'émergence des deux composants nécessaires à la fabrication de la céramique : le kaolin (argile) et le feldspath (sable). L'entreprise assure le travail d'extraction, transport, tamisage, puis le mélange avec l'eau pour faire une pâte, ensuite vidée de son air, moulée en pain, et découpée en briques. Le séchage de 4 à 40 jours suivant la météo est suivi de la cuisson dans un énorme four annulaire tournant, où les briques entrent d'un côté par un tunnel et ressortent 32h plus tard à l'autre extrémité, cuites à 1200°. Un savoir-faire d'exception qui a permis à l'entreprise Panyol d'être promue Entreprise du Patrimoine Vivant.


L'entreprise Panyol domine le marché du four réfractaire, tant en France qu'à l'international. Elle emploie une trentaine de personnes et tourne 24h sur 24, 7 jours sur 7, les fours ne pouvant pas s'arrêter. Le service commercial répond à toutes les demandes, tous les formats de four pour particuliers ou professionnels. Après contrôle, les commandes sont empaquetées sur palettes avec notice et sacs de ciment pour le montage et l'isolation. Pour les non-bricoleurs, il existe maintenant des fours entièrement montés et livrés avec un revêtement hermétique, qu'on peut simplement poser au jardin. Le prix minimum pour un petit four familial à monter est de 1300 €.

Quelques visites sont organisées l'été pour le public curieux de cette technologie à la fois moderne et ancestrale. Elles se terminent par une petite démonstration, mais les différents modes de cuisson sont visibles   Les odeurs qui s'échappent alors du four ravissent l'odorat des visiteurs. Cuisiner à l'ancienne, avec les performances modernes, c'est possible avec le four Panyol !
en vidéo sur le site de l'entreprise.

Renseignements : www.lepanyol.com

Article publié dans le JTT du jeudi 3 octobre.