dimanche 31 mai 2020

Chronique littéraire : Le lion, de Joseph Kessel

Un texte magnifique, paru en 1958, qui a gardé toute sa force et sa beauté. C’est l'histoire d’une amitié entre une fillette nommée Patricia et un lion appelé King. Patricia est la fille de l’administrateur du parc national du Kenya. Un jour, un lionceau minuscule, faible et affamé, y a été trouvé par les rangers et est devenu la mascotte de Patricia. Il a grandi avec elle, jusqu’au moment où devenu un animal puissant, il a été rendu à la vie sauvage. Mais Patricia, à 10 ans, continue de le retrouver chaque jour pour jouer avec lui en pleine jungle.

Un visiteur du parc, happé par la nature et la faune sauvage, est témoin de leur complicité, qui le fascine autant qu'elle l'intrigue. Il prolonge son séjour dans le parc, pressentant un conflit familial et un drame qu'il devine inéluctable. Car, si le père de Patricia, John Bullit, respecte la communion de sa fille avec la nature sauvage, sa femme Sybil voudrait l’éloigner pour qu’elle reçoive une bonne éducation. La description de la vie des animaux de la jungle, celle des différentes tribus locales, Masaï et Kikouyous, les rites, les difficultés et les beautés de la vie dans la réserve, sont évoqués dans un style fluide et précis. Un voyage éblouissant au pays des grands fauves, avec des personnages attachants et une intrigue passionnante.

Joseph Kessel (né en 1898 en Argentine et mort en 1979 dans le Val-d'Oise), est un des plus grands romanciers français du XXè siècle. Aviateur pendant la Première Guerre mondiale, il tire de cette expérience humaine son premier grand succès littéraire, L'Équipage, publié à 25 ans. Après la guerre, il se consacre au journalisme et à l'écriture romanesque. Correspondant de guerre au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint ensuite le général de Gaulle à Londres. C’est lui qui compose avec son neveu Maurice Druon les paroles du Chant des Partisans qui devient l'hymne de la Résistance. Il finit la guerre comme capitaine dans l'aviation. Après la Libération, il retourne aux voyages dont il tire de grands reportages et la matière de ses romans. Il est élu à l'Académie française en 1962. 

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 28 mai 2020.

jeudi 28 mai 2020

Les cygnes du bord du Rhône, une histoire naturelle passionnante


Après une quarantaine (en plein air, pas confinée) de jours passés bien au chaud sous le ventre de leur mère, les oeufs de Madame Cygne viennent enfin d’éclore. Trois poussins samedi, trois autres, dimanche, les naissances, comme la ponte, sont échelonnées. C’est émouvant de voir la maman retourner délicatement les œufs pour aider les petits à se dégager de la coquille. Le premier bain aussi est une merveille de délicatesse. Les promeneurs du bord du Rhône se régalent de ce spectacle naturel et partagent ainsi un moment de convivialité avec les habitants du quartier.

Les petits cygneaux sont d'abord gris et, après une année environ, leur plumage devient blanc. Ils suivent leur mère pendant les premiers mois. Le mâle et la femelle sont très protecteurs. Leurs becs sont puissants. Alors ne vous approchez pas trop ! Chaque année, quelques jours après les naissances, les cygnes du Rhône retournent en famille vers l’embouchure du Doux, leur domicile habituel.

Les Cygnes appartiennent à la famille des anatidés. Leur grand cou souple est soutenu par 24 vertèbres cervicales, leurs pattes sont palmées et leurs belles plumes blanches très appréciées. Ils sont parmi les plus gros oiseaux volants, pesant jusqu'à 15 kg et mesurant 1,50 m environ. Comme ils sont lourds, il leur faut beaucoup de distance pour s'envoler, mais ils volent très bien. Les cygnes sont herbivores, ils se nourrissent dans l'eau et sur terre, de racines, de tubercules, de plantes aquatiques. Ils mangent environ 3 à 4 kg de nourriture par jour. Le pain sec est néfaste pour eux, car ils ne tolèrent pas la farine et l'amidon. Pire : si on leur jette du pain, cela attire les corneilles, qui attaquent les cygneaux.

Les cygnes s'accouplent et vivent ensemble plusieurs années. Leur nid, constitué de roseaux et autres végétaux aquatiques, mêlés de boue, est édifié sur la terre ferme, à proximité de l'eau. Il peut mesurer 2 mètres à la base et une soixantaine de centimètres de hauteur. Le mâle se charge de rechercher des matériaux et de les apporter à la femelle, qui les dispose ensuite. Cette construction importante perdure d'une année sur l'autre et est alors réaménagée et consolidée. À son sommet, la femelle façonne un creux de 10 à 15 centimètres de profondeur qu’elle tapisse d'un peu de duvet et de fins éléments végétaux. C’est là qu’elle pond ses œufs, à raison d’un à deux par jour. Il faut compter environ quarante jours de couvaison, Madame Cygne reste alors sagement sur son nid, tandis que Monsieur Cygne se charge du ravitaillement et de la sécurité.

Leur majesté, leur élégance, font que de tout temps les cygnes ont été l’objet de légendes. Ainsi l’argument du célèbre « Lac des cygnes » : le prince Siegfried chasse en forêt, il arrive près d’ un lac, royaume du sorcier Rotbart. Celui-ci retient une princesse prisonnière. Il lui a jeté un sort : la jeune fille, transformée en cygne, ne peut reprendre son apparence humaine qu'au coucher du soleil. Et ne pourra être délivrée que par un homme qui l'aimera …

Et pour terminer, une expression qui remonte à l’Antiquité grecque : « le chant du cygne ». Elle vient du fait que juste avant de mourir, le cygne chante davantage et avec plus de force. Avec une longévité moyenne d’environ 20 ans, on peut espérer ne pas l’entendre, et revoir les cygnes nicher au bord du Rhône au prochain printemps.


Article publié dans le JTT du jeudi 28 mai.

lundi 25 mai 2020

Coiffeur mode d'emploi





Avec le déconfinement, de nouvelles mesures sanitaires ont été prises par les coiffeurs. Exemple chez JR à Tain. A l’extérieur, le décor, avec ses vitrines vintage, semble tout-à-fait normal. A l’intérieur, quelques changements, mais le salon reste agréable, il ne ressemble pas à une salle d’urgences, il a même gagné en espace, car de nombreux objets de collection ont été retirés pour faciliter la circulation et le nettoyage complet chaque soir. Une affiche en évidence stipule les préconisations du gouvernement, afin de protéger les clients comme le personnel. JR et son employée Lucie les observent scrupuleusement : ils ont revêtu lunettes, masque et gants. Un fauteuil sur deux est hors d’utilisation, ce qui limite le nombre de clients simultanés à 3 maximum, uniquement sur rendez-vous pour planifier les passages.

JR a prévenu ses clients : N’oubliez pas votre masque. Un gel hydroalcoolique est mis à votre disposition à l’entrée. Nous ne vous accueillons plus comme d’habitude : pas de vestiaire, vous gardez vos vêtements. Vous prenez vous-même le peignoir dont vous avez besoin, il est à usage unique, vous le glisserez à la fin des soins dans le panier de linge sale. Idem pour les serviettes. Pas de magazines, prenez votre smartphone. Pas de toilette, prenez vos précautions. Pas de petit café convivial. Vous gardez votre sac près de vous, nous ne touchons aucun objet personnel. 

Lors de l’entretien d’une barbe, JR enfile en plus une visière, car les barbes sont des réservoirs à germes. D’ailleurs, plus question de soin à l’ancienne, au blaireau, il ne faut plus toucher la peau, donc rasage à sec. Pour la coiffure, tout se passe comme d’habitude. Les brosses, peignes, ciseaux, etc… sont désinfectés après chaque client, ainsi que le fauteuil et le bac utilisés. La couleur, la coupe s’effectuent normalement, même s’il est un peu difficile de soutenir la conversation avec les masques. C’est au mome
nt de sécher les cheveux qu’une nouvelle contrainte apparaît : il faut utiliser les sèche-cheveux en mode doux, et avec un diffuseur, en direction du miroir, pour éviter de pulvériser les particules sur les professionnels et dans tout l’espace. Ce qui explique aussi l’arrêt de la climatisation du salon.

Enfin, passage au comptoir pour payer, par carte, sans contact, par chèque (stylo personnel conseillé) ou en espèces. JR a même déniché un vieux distributeur vintage pour rendre la monnaie ! Toutes ces précautions sanitaires engendrent un surcroît de travail et un matériel à renouveler. JR demande 2€ de participation en plus, alors qu’à Paris les suppléments flambent. Il ne reste alors qu’à ouvrir la porte (poignée désinfectée après passage).
Quelques petites contraintes, donc, mais le plaisir de se sentir bien coiffé le vaut bien !

Article publié dans le JTT du jeudi 21 mai.

vendredi 22 mai 2020

Chronique littéraire : Les loyautés, de Delphine du Vigan


Être loyal à soi-même, à ses souvenirs, à ses promesses, aux autres… C’est la difficulté qu’affrontent les quatre personnages, deux adultes et deux enfants. Tous sentent que quelque chose cloche autour d’eux, mais sans pouvoir déterminer quoi, et intervenir.

Hélène, prof de Sciences naturelles, se rend bien compte que Théo ne tourne pas rond.  En garde alternée, une semaine chez son père, une semaine chez sa mère, il a un comportement d’évitement au collège qui cache un profond mal-être. Cécile, mère au foyer, a découvert que son mari n’est pas l’homme qu’elle croyait, et que Mathis, son fils se laisse entraîner par Théo sur une mauvaise pente. Comment réagir ? Ces deux femmes, sensibles à la détresse des autres à cause de leur passé difficile, ne savent plus si elles imaginent les difficultés, ou si elles sont dans le vrai.  Le roman social devient un thriller dramatique. Théo qui décroche de plus en plus arrivera-t-il à s’en sortir ? Et comment réagira Mathis ? Un roman choral d’une redoutable acuité. Pas un mot de trop, une connaissance parfaite de la psychologie des personnages, cette histoire qui sonne vrai est un coup de poing à l’estomac. 

Delphine de Vigan, née en 1966 à Boulogne-Billancourt, est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont obtenu de nombreux prix. Et l’heureuse compagne de François Busnel, l'animateur de la Grande Librairie.
"Les Loyautés" est maintenant disponible en Livre de poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 mai.

mercredi 20 mai 2020

L'opinion d'une maîtresse de maternelle-CP sur la réouverture des écoles

Il y a 50 jours, brutalement, sans prévenir, toutes les écoles ont dû fermer. Et les mêmes décideurs veulent maintenant les faire réouvrir.

Dans une classe de maternelle, chaque jour, disent les programmes, on apprend à « vivre ensemble ». A partager nos jeux, à prêter une gomme, à chercher des solutions quand on a un problème, à aider un copain à fermer son manteau ou à finir sa construction. Vivre ensemble, on y travaille au quotidien depuis des mois : grandir en allant à la rencontre de l’autre, s’enrichir des échanges, faire confiance et devenir de plus en plus capables de vivre en groupe. Désormais l’autre c’est la méfiance, la protection, la distance. L’école est truffée de signaux d’alerte, de sens interdits, de barricades.

Le deuxième pilier de l’école maternelle, c’est celui du langage. Échanger au sujet d’une histoire qu’on vient de lire, raconter ses aventures du week-end, se parler de nos soucis, sourire ou mimer, faire des grimaces aussi. Faire répéter, imiter pour corriger les défauts de prononciation de nombreux enfants ou simplement pour articuler un mot difficile. Apprendre à lire en associant les mouvements de la bouche aux sons que l’on produit. Désormais le langage sous son masque n’a presque plus de visage.

Dans notre classe, nous pouvons circuler librement, parfois nous rouler par terre, nous coucher sur le banc, ramper sous une table ou se mettre en chaussettes pour grimper sur un coussin ... Parce qu’à notre âge bouger est un besoin vital. Désormais chacun doit se tenir toute la journée à sa place, en classe comme en récréation, désormais on se déplace en suivant un sens de circulation.

Dans notre classe, le contact physique est rassurant. On se range par deux, on a parfois besoin de câlins pour soigner un chagrin, on remet nos barrettes dans les cheveux, on se tient par la main, on se fait des bisous. Il y a des ATSEM toujours là pour nous aider à moucher un nez qui coule, enfiler une chaussure, parfois nettoyer un petit accident. La classe est un endroit qui sécurise autant qu’il inspire : on y prépare des gâteaux pour les anniversaires, en léchant à tour de rôle la cuillère et en suçant nos doigts. Et on déguste notre part sur laquelle un copain vient de souffler très fort !

Désormais on respecte un mètre de distance et on désinfecte chaque chose que vous avez touchée. C’est là tout ce qui fait que cette classe est un endroit vivant, bouillonnant, joyeux, chaleureux. Humain. L’école qui a ouvert cette semaine, ce n’est pas cette école : certains adultes imaginent que nous pourrons faire classe sans rien toucher, sans bouger, en restant éloignés les uns des autres. Ils ont dû oublier que l’école ça ne pouvait pas être ça. On ne peut pas faire des enfants des petits robots inactifs, passifs, à qui l’on apprend à se méfier de l’autre. Faire de la classe un endroit où l’on a peur de tomber malade. Faire que les familles aient peur de mourir à cause de l’école.
Certains enfants ne reviendront même pas à l’école, il faudra vider leur pupitre, revoir le travail qu’ils n’ont jamais pu terminer, retrouver leur crayon grignoté, leur livre de bibliothèque préféré. Mettre leur matériel dans un sac poubelle, comme si on mettait le reste de l’année aux vidanges.

Si j’avais pu, j’aurais tellement aimé se dire au revoir autrement. Terminer l’année sous un soleil éclatant, en pleine canicule, avec une belle fête pour prendre le temps de se dire qu’on va se revoir l’année prochaine. Si j’avais pu, j’aurais pris le temps de vous regarder dans les yeux et vous dire à quel point je suis fière de tout le chemin que vous avez accompli. J’aurais pris le temps, chaque jour, de terminer la mission que je me suis donnée à la rentrée.

Prenez soin de vous mes élèves. J’espère que vous garderez votre soif d’apprendre au cours des prochaines semaines, que vous aurez la force de rester des enfants malgré l’absurdité du monde de certains adultes.

Article de ACC publié dans le JTT du jeudi 21 mai.

mardi 19 mai 2020

Chronique littéraire : Martin Eden, de Jack London

Martin Eden, c’est l’histoire d’un parcours exceptionnel. Petit voyou miséreux, puis marin bagarreur, doté de courage, de charme, de franchise, Martin découvre un jour le monde bourgeois et tombe amoureux d’une jeune fille de la haute société. Il décide de jeter toutes ses forces dans l’étude, pour atteindre le niveau de celle qu’il aime et la conquérir. Dévore les ouvrages de la bibliothèque, se constitue une culture solide en tous domaines, élabore une philosophie personnelle, et une critique argumentée de la société.

Martin Eden, c’est aussi l’histoire de la création littéraire. Un jour, il se met à rédiger un essai, puis des poèmes, et découvre les joies de l’écriture. Une passion dévorante qu’il nourrit de ses lectures. Des heures, des mois, passés à écrire, dans une abstinence totale, d’où il émerge hagard, épuisé. Il survit misérablement. Envoie inlassablement des articles à des revues qui les refusent. Sa belle ne le comprend pas, elle rejette ses textes pourtant talentueux et novateurs, parce que violents, crus, réalistes, heurtant les règles étriquées des bien-pensants.

Martin Eden, c’est l’histoire de la société. Quand le succès arrive, tous ceux qui l’avaient rejeté, méprisé, ignoré, se pressent autour de lui. Il ne comprend pas ce revirement, il est le même homme, quand il écrivait son œuvre, dans des conditions misérables, personne ne l’a soutenu, encouragé. La société bourgeoise qu’il pensait éclairée révèle son vide intellectuel, sa soumission aux apparences. Il n’appartient plus à la société des pauvres, ni à la société des riches. Son malaise est total.  

Ce roman foisonnant, n’est pas autobiographique, mais se nourrit du vécu de Jack London, (1876-1916), écrivain et aventurier américain mondialement connu (auteur de Croc Blanc, L’appel de la forêt), décédé à 40 ans, après avoir flambé sa vie. La description de San Francisco dans les années 1900, les différentes couches de la société, les bagarres, l’alcool, l’appel du large, les affres de la lecture, de l’écriture, l’attente de la reconnaissance de son talent, la découverte du socialisme... tout cela, Jack London l’a connu.

Martin Eden est disponible en poche chez Folio Classique.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 14 mai.





samedi 16 mai 2020

Opticien Mobile, un nouveau service de proximité


Les Opticiens Mobiles sont des professionnels de la santé visuelle, qui se déplacent sur rendez-vous chez des particuliers, dans les établissements médico-sociaux, les EHPAD, les entreprises … Ils font partie d’un réseau national qui existe depuis 5 ans et obéissent à une charte de qualité, certifiée NF pour le service aux personnes à domicile.

Pas question pour eux de contourner les ophtalmologistes ! L’Opticien Mobile fait à domicile ce que fait l’opticien de ville. C’est-à-dire : les bilans visuels, l’éventuelle détection de problèmes, l’orientation vers un ophtalmo le cas échéant. Il propose des solutions personnalisées, met à disposition un choix de modèles de lunettes correctrices, lunettes de soleil, loupes et accessoires. Il assure la livraison et l’ajustement ainsi que le service après-vente, dans les mêmes conditions que le magasin auquel il est rattaché.

Un service qui intéresse les personnes peu disponibles ou ne pouvant se déplacer. Dans les maisons de retraite, le passage de l’Opticien Mobile est très apprécié : les pensionnaires sont enchantés de bénéficier d’un dépistage visuel, de tester de nouvelles lunettes ou faire réparer les leurs, sans avoir besoin de sortir, une contrainte pour l’institution comme pour eux. Sans compter le plaisir de la visite ! Certaines entreprises et même des municipalités organisent à leur tour grâce aux Opticiens Mobiles un dépistage individuel de vue pour leurs employés. Il arrive que des problèmes négligés soient alors identifiés. Libre à chacun ensuite de suivre ou non les conseils donnés.

Eva Dermarsoubian est en charge du secteur Romans-Valence-Tournon. Après avoir travaillé comme opticienne en magasin, elle a choisi cette variante du métier pour la richesse des contacts et la diversité des rencontres. La visite chez les personnes fragiles exige du tact, de la disponibilité et une bonne faculté d’adaptation. En pratique, il faut la contacter par mail ou téléphone. Le rendez-vous à domicile pour le bilan visuel coûte 19€ non remboursés. Elle se déplace alors avec deux valises de matériel et installe un véritable espace vision dans le strict respect des conditions d’hygiène.

Un service encore plus précieux en temps de confinement !
www.lesopticiensmobiles.com

Article publié dans le JTT du jeudi 14 mai.




mercredi 13 mai 2020

Chronique littéraire : Manifesto, de Léonor de Récondo


Reprenant sa veine autobiographique, Léonor de Récondo fait dans ce texte le récit de sa dernière nuit au chevet de son père.  Félix est hospitalisé, au dernier stade de la vie, sa femme Cécile et leur fille Léonor sont restées dans la chambre.

Malgré le thème, le récit est doux, lumineux même. Il entrecroise les souvenirs vécus par Léonor et ceux d’une vie très ancienne de Félix, une vie qu’elle n’a pas connue. Son enfance choyée à Guernica, la rencontre avec Ernesto (Hemingway), la guerre d’Espagne, la fuite en France, l’exil. Ses mariages, ses enfants, ses deuils.

C’est par l’expression artistique que Félix et Léonor ont forgé leur connivence. Lui, à travers la peinture, la sculpture, elle, par le violon, l’écriture. Félix ira jusqu’à fabriquer de ses mains pour sa fille un violon, œuvre d’art unique.

L’alternance des points de vue, une vie à facettes qui se dessine peu à peu, rendent le récit léger et vibrant. On ne se lamente pas, on découvre un homme au destin chaotique, mais d’une grande force de vie et d’espoir.

Léonor de Récondo, née en 1976 à Paris est une violoniste et écrivaine reconnue.
Son récit Manifesto est maintenant disponible en poche chez Points.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 mai.

dimanche 10 mai 2020

Bilan du confinement


Jusque-là je n’avais jamais le temps … mais cette fois j’ai eu le temps !
- Ménage impeccable, jardin au cordeau, placards rangés, vêtements triés
- De nouvelles recettes de cuisine testées avec plus ou moins de succès
- Les livres à relire ont été relus, les vieux films, les cd, redécouverts
 - les albums photos sont triés, rangés
      - j’ai fait de la gym avec Whatsapp grâce à Pascale, l’animatrice sportive de Tain-Tournon, j’ai dansé, chanté, toute seule
      - j’ai dit bonjour à des gens que je ne connaissais pas, découvert mes voisins, affirmé mon affection envers mes amis, ma famille
      - j’ai fait des économies d’essence, de sorties, de petites achats inutiles
      - j’ai même recommencé à étudier l’italien !

Alors, avant le déconfinement, je prends de grandes résolutions : je continuerai à
- dire bonjour aux passants, sourire à la boulangère, demander des nouvelles aux voisins
      - faire un peu de gymnastique, des exercices d’italien, de la cuisine maison
      - fréquenter les magasins du centre, le marché, les circuits courts.
- aller à la librairie car j’ai faim de livres, et je refuse de sponsoriser Amazon
      - Me promener longuement en contemplant la nature…

Le plus dur sera de me déshabituer des écrans, téléphone, télévision, réseaux qui ont meublé mon temps de confinement. Un nouveau challenge !

Pas belle la vie ?


Article publié dans le JTT du jeudi 7 mai.




jeudi 7 mai 2020

Une gourmandise de saison : les beignets de fleurs d'acacia


Avez-vous senti le parfum sucré des acacias, actuellement en pleine floraison ? Cette odeur suave enivre le promeneur, comme une promesse de gourmandise. En effet, il est temps de préparer un dessert original mais éphémère : les beignets de fleurs d’acacia. Une recette simple, rapide, pas chère et tellement savoureuse !
Alors, cueillez une douzaine de fleurs d’acacia et suivez le mode d’emploi :

Pour 4 personnes, il faut :
-          60 g de sucre
-          Une cuiller à café de rhum
Laver les fleurs, les égrapper, les mettre dans un bol avec le sucre et le rhum, mélanger régulièrement pendant 2 heures.
Pour la pâte à beignets : Mélanger dans un saladier
- 125g de farine
- Une cuiller à café de levure
- 1 œuf
- Une cuillère à soupe de sucre
- Une cuillère à soupe d’huile
- Une pincée de sel
- Un verre d’eau
laisser reposer pendant deux heures.

Enfin, mélanger le contenu du bol avec celui du saladier, ajouter un peu de farine si la pâte semble trop liquide. Faire cuire par cuillerées dans une poêle chaude et huilée, comme de petites crêpes.



Remarque : il existe une version plus raffinée : les fleurs d’acacia en beignets. On conserve alors la grappe intacte avant de la plonger dans une pâte à frire puis dans un bain de friture.

Bon appétit !

Article publié dans le JTT du jeudi 7 mai 2020.

lundi 4 mai 2020

Chronique littéraire : Un océan, deux mers, trois continents, de Wilfried N’Sondé


Grands espaces, mais plongée dans un monde d’obscurantisme. Au début des années 1600, au Congo, le roi local demande à un jeune prêtre brillant d’être son premier ambassadeur au Vatican pour plaider sa cause. 

Honoré par cette mission et peu méfiant, Nsaku Ne Vunda, baptisé Dom Antonio Manuel lors de son ordination, découvre que le bateau sur lequel il embarque à Luanda est un navire négrier, qui se rend d’abord au Brésil décharger sa cargaison humaine. S’il bénéficie d’une position privilégiée, Dom Manuel doit supporter sans pouvoir intervenir le calvaire vécu par les esclaves, ses frères de couleur. Il décide de porter à la connaissance du Pape cette ignominie, espérant que celui-ci interviendra alors auprès des rois d’Espagne et du Portugal, responsables du trafic humain.

Le périple est long et rempli d’embûches. Le navire arrive enfin au Brésil, décharge, recharge, repart, mais il est attaqué en mer des Caraïbes par des pirates. Dom Manuel en réchappe, trouve refuge à Lisbonne, avant d’être emprisonné et torturé par l’Inquisition en Espagne. Mais la dernière traversée, celle de la Méditerranée, en direction de Rome et du Pape, sera douce.

Cette fresque historique, géographique, est aussi un roman de formation. Comment un jeune prêtre exalté et naïf découvre le monde, ses turpitudes, et survit grâce à l’amour et à une foi lumineuse. Une belle histoire d’exploitation des hommes, de mondialisation sauvage, de folie religieuse, qui résonne dans notre époque. Un roman magistral, très documenté, soutenu par une langue poétique, parfois envoûtante comme un conte africain. Les esprits des ancêtres veillent.

Wilfried N’Sondé, né à Brazzaville en 1968, a vécu en Allemagne et en Suisse, il habite actuellement à Paris. Professeur, musicien, écrivain, il est particulièrement bien placé pour parler de l’immigration, de la rencontre des cultures, qu’il aborde toujours dans un idéal de fraternité.

Ce roman est disponible en format poche chez Actes sud, collection Babel.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 30 avril.

samedi 2 mai 2020

Journal de confinement : Les conseils du Professeur Cyrulnik


Le professeur Cyrulnik, célèbre neuropsychiatre français, auteur de nombreux ouvrages qui font référence, est connu comme le chantre de la résilience, cette capacité de chacun à se reconstruire après une douloureuse épreuve. Interrogé par les médias pour donner quelques conseils aux confinés, il a rappelé la nécessité de conserver des rituels horaires, mais ajouté que pour bien assumer la situation, il fallait se ménager chaque jour un temps pour l’action, un autre pour l’affection, et enfin un pour la réflexion.

L’action, c’est le plus facile à réaliser au quotidien, ce peut être faire du ménage ou de la gymnastique, du bricolage ou de la couture, du jardin, de la cuisine…

L’affection est limitée par le confinement, mais elle existe pourtant. On la reçoit et on la donne par des messages, des appels téléphoniques, le salut lointain aux voisins, les applaudissements du balcon, un sourire au passant…

La réflexion semble plus difficile, pourtant le moment est idéal pour se poser des questions, s’interroger sur soi-même, sur les autres, sur la vie, méditer, à travers une lecture, un film, une musique, des souvenirs … En écrivant un message, une lettre, un journal, en contemplant la nature.

Boris Cyrulnik sait que nous sommes très inégaux face au coronavirus, mais aussi face au confinement, et même face au traumatisme futur. Il faudra développer les fameuses qualités de résilience qu’il prône. Mais il est optimiste, car, pour la première fois, les politiques privilégient la vie des individus à l’économie du monde. Un signe de changement possible dans l’échelle des valeurs, un espoir pour le futur.

Plus belle la vie ?

Article publié dans le JTT du jeudi 30 avril.