mercredi 26 août 2020

Chronique littéraire : Promenons-nous dans les bois, de Bill Bryson

Mais pas n’importe quels bois ! Bill Bryson a décidé de randonner sur le sentier des Appalaches, un trail redoutable, qui relie la Géorgie au Maine, à travers 14 états du nord-est des Etats-Unis. Le plus long sentier historique de grande randonnée au monde : 3500 km de forêts profondes, avec pas moins de 30 sommets à escalader. De cette expérience extraordinaire, il a rapporté un carnet de voyage aussi hilarant que passionnant.

Pas question de raconter seulement la randonnée, même si elle dure plusieurs mois. Bill raconte ses préparatifs, ses lectures, les avertissements. Il convainc un camarade de partir avec lui, car l’Appalachian Trail est réputé dangereux. Météo capricieuse, souvent exécrable, avec tempêtes de neige, pluies diluviennes ou canicules subites. Présence d’animaux sauvages, ours, pumas … jusqu’aux insectes et serpents. Tronçons de plusieurs jours sans possibilité de se ravitailler ou de trouver un refuge. Rivières à traverser à gué ou à la nage. Il faut être paré à toute éventualité, et donc c’est mieux d’être deux. Sauf que le copain, plus encore que le sac, est lourd à traîner !

Bill Bryson mêle à son récit personnel histoire locale, histoire naturelle et histoires drôles, il émaille son récit d’anecdotes amusantes et de portraits originaux. Il s’émerveille devant la splendeur des paysages, s’insurge devant la laideur des zones touristiques en ne mâchant pas ses mots. Son récit plein d’humour et d’enseignements donnerait presque envie de se lancer dans cette folle équipée…

Bill Bryson, né en 1951 dans l’Iowa est journaliste, écrivain voyageur et scientifique, auteur de nombreux livres primés. « Promenons-nous dans les bois » a été adapté au cinéma sous le titre « A walk in the woods » avec Robert Redford.

Un récit de voyage décoiffant, disponible en poche dans la Petite Bibliothèque Payot.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 20 août 2020.

jeudi 20 août 2020

Les péniches du Rhône ont-elles un avenir ?

Steve Becquart, batelier sur la péniche Condor, déplore le manque de volonté des autorités françaises pour développer ce mode de transport. « Nous possédons le meilleur réseau fluvial du monde, et, alors que les états du nord de l’Europe privilégient les transports fluviaux, sur le Rhin notamment, chaque année en France le trafic des péniches baisse ».

Toute la chaîne est impactée : il y avait en France 9000 bateliers en 1980, il n’y en a plus que 800. Et seulement 18 péniches sur le Rhône. La seule école qui forme aux métiers de la navigation intérieure, en région parisienne (à Tremblay), accueille peu de candidats car le métier est dur, le pilote travaille souvent de 5 h à 21 h. Il faut aussi accepter d’être séparé de sa famille, mettre les enfants en pension …  
Pourtant Kevin, le fils de Steve, suit actuellement la formation de batelier en alternance. S’il en connaît les contraintes, il apprécie les joies du métier : l’indépendance, la navigation sur le fleuve, la camaraderie. Comme Steve lui-même, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de mariniers.

Steve a débuté comme matelot après son apprentissage, puis est devenu pilote. Ensuite il a acheté une péniche de 300 tonnes, l’a revendue pour en acheter une seconde de 900, puis une troisième de 2 000 tonnes ; il est enfin propriétaire du Condor qui jauge 3 000 tonnes. Une immense péniche de 110 m de long et plus de 11 m de large, qui transporte autant de marchandise que 80 camions ou 2 trains entiers ! Alors qu’en France le train et la route continuent de convoyer la majeure partie des denrées. Reste aux péniches le gaz, le bois, le charbon, les engrais, les céréales, le sable…

Steve est un chef d’entreprise, il emploie un matelot, Petrus, et un apprenti, Kevin, et assume toutes les responsabilités afférentes. Trouver des chargements, assurer le transport, entretenir la péniche, payer les charges … Le Covid fut anxiogène, gelant les échanges avec la Chine, le plus grand pourvoyeur de marchandises. Mais même la maintenance et la vérification des machines de la péniche posent problème, car il est impossible de trouver un technicien français, Steve fait appel à une société hollandaise. 

Son contrat avec un courtier en containers lui assure actuellement un travail régulier entre Lyon et Fos-sur-Mer. Il charge les containers le lundi matin au port Edouard Herriot, met deux jours à descendre le Rhône, avec le franchissement de 13 écluses (il y a 150 m de dénivelé entre les deux ports). Décharge et recharge le mercredi à Fos, selon le bon vouloir des dockers, une profession peu accommodante, qui fait facilement grève. Si tout se passe bien, il est retour à Lyon le vendredi soir.

Après avoir songé à se reconvertir en bateau de croisière (jusqu’à cette semaine, 30 bateaux étaient arrêtés sur le Rhône, avec quel avenir ?) il a décidé d’ouvrir une chambre d’hôtes sur sa péniche, ponctuellement, quand sa femme est présente. Les demandes sont nombreuses, car le public est curieux de connaître le travail des bateliers. Et descendre le Rhône sur ce monstre d’acier est une expérience authentique inoubliable.

Article publié dans le Jtt du jeudi 13 août.


dimanche 16 août 2020

Descendre le Rhône en péniche

Parcourir le Rhône entre Lyon et Gervans, sur la péniche de Steve, c’est une merveilleuse approche du métier de batelier. Tout commence par une entrée filtrée au port Edouard Herriot. Immense domaine de 187 ha qui accueille plus de 70 entreprises, ce lieu d’échange et de distribution est le premier port intérieur français pour le trafic des conteneurs. Géré par la CNR, relié à l’autoroute et aux voies ferrées, il est formé de plusieurs darses qui accueillent des bateaux de toutes tailles. Sur les quais, encombrés de hangars, grues, chariots, camions, conteneurs, règne une activité contrôlée.

La péniche Condor est amarrée quai de Beaucaire, l’énorme portique de chargement est en train d’y déposer avec son bras articulé le dernier conteneur. Un conteneur pesant environ 30 tonnes, et le Condor transportant 3 000 tonnes, il y en a une centaine, bien alignés sur le pont, sur deux hauteurs, comme un gigantesque jeu de construction. La péniche, à fond plat, peut s’enfoncer dans l’eau de 1m à 3 m maximum suivant la charge.

La cabine de pilotage, appelée timonerie, est un espace surélevé, très vaste, entièrement vitré, où Steve commande la manœuvre de départ. 6 écrans permettent de visualiser par caméra la position de cet immense monstre d’acier de 110 m de long, 11 m de large. Le moteur est à l’arrière, un petit moteur annexe à l’avant est utilisé dans les écluses, et 4 propulseurs d’eau aux quatre coins aident à l’orientation du bateau. 

Après une manœuvre rapide, la péniche sort du port et arrive immédiatement sur l’écluse de Pierre-Bénite. C’est très impressionnant. La péniche s’engage dans le chenal, il ne reste que 30 cm entre chaque bord et le mur. Puis l’énorme porte métallique arrière se ferme, le matelot arrime la péniche aux piliers avec des cordes, car il faut se méfier des courants et du vent. Et l’eau descend, le niveau baisse de 10 m ! Puis la porte avant s’ouvre, la péniche sort du chenal. Grand ciel bleu, soleil, le gigantesque chargement coloré s’engage sur les eaux vertes du Rhône à une vitesse d’environ 20 km/h.

Givors, premier passage sous un pont, on a l’impression qu’on ne passera pas, c’est impressionnant.
Loire-sur-Rhône, siège de la société de fret CFT, la plus importante sur le Rhône, concurrente de VNF. Des péniches attendent leur chargement, Steve salue les bateliers, il les connaît tous.
Vienne : le pont étant très bas, il faut abaisser la timonerie, c’est spectaculaire. Elle se rétracte doucement, jusqu’à laisser juste 40 cm entre le pont et le toit. Un deuxième pont suspendu, très bas aussi. Puis une superbe vue sur la ville, ses façades, ses églises, Saint-André, Saint Maurice, Saint-Pierre. Et sur l’autre rive, la tour de Valois, puis les vignobles de Côte-Rôtie.
Reventin-Vaugris, deuxième écluse. Une dizaine de mètres de dénivelé encore. Steve précise que la plus impressionnante est celle de Bollène, avec 23 m de dénivelé ! Le plus étonnant, c’est de réaliser qu’il n’y a personne aux écluses, elles sont toutes gérées par une dizaine de caméras et un guidage téléphonique depuis le centre CNR de Châteauneuf-du-Rhône.

Le Rhône est un fleuve maîtrisé, tout au long de son cours, il se sépare en deux bras, dont un canalisé, puis les bras se rassemblent, se séparent à nouveau un peu plus loin, ménageant des îlots sauvages. Baigneurs et pêcheurs profitent des berges du vieux Rhône, tandis que les péniches suivent la partie canalisée, qui peut compter jusqu’à 13 m de profondeur.
A Condrieu, un petit port de plaisance évoque déjà le littoral méditerranéen avec ses bateaux blancs amarrés, ses terrasses égayées de parasols. Tout autour les vignes s’étalent sous le soleil, , dans un dégradé de vert et bleu, un véritable paysage de carte postale.

Port de Salaise : c’est là que les cargos fluvio-maritimes comme « la Guêpe » viennent s’approvisionner en ferraille, qu’ils acheminent ensuite jusqu’en Italie, par le fleuve puis la mer. Plus petits que les péniches, ils ont un fond bombé pour naviguer en mer.
Sablons : troisième écluse. Un accident spectaculaire s’est produit ici en début d’année. La porte de l’écluse a cédé alors que la péniche était dans le chenal, l’eau s’est engouffrée violemment, la péniche a piqué du nez. Heureusement, l’équipage a pu sauter à l’eau, mais le chargement en gaz liquide s’est répandu. L’écluse a été fermée deux mois, occasionnant un grave préjudice au trafic. Un petit frisson en passant devant l’épave qui est amarrée en aval.

Voilà Andance et Andancette, reliées par un pont suspendu qui ressemble furieusement à celui de Tain-Tournon. Normal, il a été construit 2 ans après. Puis Saint-Vallier et ses maisons sagement alignées sur le quai.
L’écluse de Gervans est en vue. Depuis Lyon, nous avons parcouru 80 km en 5 h, soit une moyenne de 16 km/h (à la remontée, la péniche chargée ne dépasse pas 5 km/h). Il est 21h, Steve décide de passer l’écluse, puis de s’amarrer pour la nuit aux gros pilotis métalliques installés en aval, qui portent le nom étrange de « ducs d’Albe ». La manœuvre est faite avec précision, l’immense péniche s’immobilise. Il est temps pour l’équipage de se reposer, de préparer un repas. Le pilote n’a pas quitté son poste depuis 5 h. Naviguer sur le Rhône est un régal pour les yeux, mais exige une vigilance constante.

Cette navigation, on peut la partager avec Steve en réservant une semaine en chambre d’hôtes sur sa péniche, le Condor. L’occasion de découvrir un métier, et aussi de voir le Rhône et ses berges autrement. Car les villes, vues depuis le fleuve, dévoilent un aspect paisible et authentique. Quant au superbe paysage naturel qui se déroule sous les yeux, le savourer à petite vitesse est un moment de pur bonheur.

Article publié dans le JTT du jeudi 13 août.

samedi 8 août 2020

La Camargue à vélo, jour 3 : D'Aigues-Mortes à Arles

Étant bien reposés, c’est agréable d’enfourcher les vélos, dans la fraîcheur du matin. Agréable aussi de penser que ce soir, on va les abandonner pour de bon… Nous quittons Aigues-Mortes par le chemin de halage qui longe le canal du Grau-du-Roi, la promenade est idyllique sous les pins parasols. C’est l’occasion d’admirer tous les bateaux qui y stationnent, certains utilisés comme résidences, d’autres comme chambres d’hôtes, restaurants, ou simplement pour la pêche et la plaisance.

Les premiers 17 km sont faciles mais sans surprise, puisqu’on retourne jusqu’à Gallician, entre étangs et roselières. Beaucoup de cyclistes professionnels, sur des vélos ultra légers, nous dépassent : la ViaRhôna a ses adeptes ! Après Franquevaux, on quitte le canal pour s’égayer dans la campagne et suivre une partie du « chemin d’Arles », qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle. Partout des vignobles entourant leurs châteaux. Je téléphone à l’office du tourisme de Saint-Gilles-du-Gard, pour réserver une visite de l’abbatiale. Impossible de rater cette merveille de l’art roman provençal, inscrite au patrimoine de l’Unesco. Nous serons à Saint-Gilles pour le pique-nique, la visite est prévue à 14 h.
 
Aux abords de la ville, d’autres cultures s’imposent : des vergers d’abricotiers, de pêchers, abrités du mistral par de hautes haies de cyprès. Nous avons parcouru 30 km, et je suis déjà épuisée. Je me console en pensant qu’il ne reste plus que 20 km à faire après. La ville neuve de Saint-Gilles est compacte, le seul coin pique-nique possible est situé à côté de la mairie, tout en haut de la vieille ville. Nous errons entre ruelles et escaliers avant d’en trouver l’accès. Une jolie esplanade s’ouvre sur le paysage environnant, avec un parc ombragé, une aire de jeux pour enfants, des bancs sous les platanes et même une boîte à lire. Idéal pour pique-niquer au calme. Nous accrochons nos vélos à la grille du parc.
 
Le rendez-vous avec le guide est fixé à 14 h devant l’abbaye, tout se présente bien. Tout ? Non. L’antivol des vélos reste coincé, quand nous voulons les reprendre, nous ne réussissons pas à les déverrouiller. Le superbe antivol professionnel avec code résiste ! Essais multiples, énervement, nouveaux essais, mots grossiers, tentatives d’ouvrir avec le peu d’outils à notre disposition, rien n’y fait. Les vélos restent attachés à la grille. L’agence de location de vélos ne répond pas au téléphone, elle est fermée jusqu’à 14 h 30. Il faut patienter. Nous allons à pied rencontrer le guide devant l’abbatiale, à 14 h, pour annuler la visite. Il comprend que nous n’avons plus l’esprit disponible pour une visite de deux heures, mais nous conseille de faire quand même un tour rapide de l’édifice, vraiment superbe.
14 h 30, nous remontons au parc. J’appelle l’agence. On me répond. On s’étonne, on nous questionne comme si on était idiots. Vous avez le code ? Vous avez bien aligné les chiffres ? Envoyez une photo. Finalement, après de nombreux échanges, le loueur se décide à venir nous dépanner, il sera là dans 50 minutes. Ouf. C’est le moment idéal pour apprécier la boîte à lire. J’y déniche un roman de Stefan Zweig… Vive la lecture !

Le loueur de vélo arrive avec sa camionnette. Il refait les mêmes gestes que nous, ne comprend pas, c’est un matériel extra, ça l’ennuie de le découper. Mais il n’y a pas d’autre solution. Avec sa scie, il essaie de couper, mais la lame y laisse ses dents. Il change la lame, nouvel essai infructueux, cet antivol est vraiment du bon matériel ! Finalement, il décide de scier un barreau de la grille, même avec la scie usée, il y arrive en deux minutes, fait passer l’antivol dessous, puis fabrique un bandage de fortune au barreau, par sécurité, et embarque les deux vélos attachés entre eux dans sa camionnette. Il propose de nous amener directement à l‘hôtel à Arles. Quelle chance ! Je suis super contente d’éviter les 20 derniers kilomètres et de garder des forces pour visiter Arles ce soir…
 
C’est ainsi que se termine notre balade à vélo : dans une camionnette, où les kilomètres défilent sans effort. Après une bonne douche, la soirée à Arles est la cerise sur le gâteau : les rues piétonnes conduisent à des places ombragées où abondent les terrasses de cafés. Ici, le grand homme, c’est Frédéric Mistral. Partout des vestiges de l’histoire, les arènes, le théâtre romain, la cathédrale Saint-Trophyme. La fondation Van-Gogh, les galeries de photographies, la librairie Actes Sud, donnent envie de prolonger le séjour.

Après avoir parcouru longuement la  ville, un restaurant du côté du Rhône, le Constantin, nous fait signe. Ses légumes braisés à la plancha sont un régal pour les yeux et les papilles. Et sa cave permet de fêter joyeusement la fin du voyage !

Article publié dans le JTT.

lundi 3 août 2020

La Camargue à vélo, jour 2 : des Saintes-Maries-de-la-Mer à Aigues-Mortes

Après une bonne nuit réparatrice pour les mollets et les fesses, et un petit-déjeuner copieux, nous prenons congé. Mauvaise surprise : en sortant mon vélo du garage, nous réalisons que le pneu n’est plus dégonflé mais carrément crevé. Heureusement, un loueur de vélos proche accepte de le prendre en charge, pendant que nous achetons les provisions pour la journée. Il est nécessaire de prévoir au matin le pique-nique et la réserve d’eau, car nous ne savons pas si nous rencontrerons sur le parcours un village, un magasin. En une demi-heure, le pneu est changé, le vélo chargé.

Départ 9 h 30, par la route départementale. Lauriers et bigognes éclatants s’étalent sur les murs des maisons basses. Direction le bac du Sauvage à 6.5 km, un bac à câble rustique qui permet de traverser le Petit Rhône. Il fait la navette gratuitement entre les deux rives. Nous y prenons place avec nos vélos, en compagnie de deux automobiles et quatre cavaliers avec leur monture, c’est cocasse. La traversée ne dure que quelques minutes, et nous voilà en Petite Camargue. Changement de département, de région, puisque nous passons en Occitanie, et aussi d’environnement.


Le long du Petit Rhône, des manades se succèdent. Des troupeaux de taureaux noirs cherchent l’ombrage. Plus loin, des chevaux blancs s’approchent, en quête de nourriture. Puis des vignobles à perte de vue. Les publicités des domaines incitent à découvrir le « vin de sable », une curiosité locale. Les cépages classiques, cabernet, merlot, syrah … plantés sur un terroir sableux, présentent des qualités gustatives différentes, les rosés et les gris de Listel sont célèbres. L’histoire précise que seules les vignes plantées sur le sable ont survécu au phylloxéra qui a ravagé les vignobles du Midi vers 1875, d’où leur popularité.


Une pause fraîcheur au château de Montcalm, vieille demeure du XVIIIème et grand domaine viticole. Nous résistons à la tentation de déguster, par crainte de ne plus pouvoir avancer. La route rectiligne longe des canaux envahis de renoncules d’eau. Derrière les haies de tamaris, on devine les roselières et rizières, où hérons, cigognes, canards s’ébrouent librement.

A Gallician, après 30 km de parcours, il est temps de pique-niquer.  Nous retrouvons la Viarhôna, qui longe le canal du Rhône à Sète. Une halte ombragée nous attend à côté du petit port fluvial. On y rencontre d’autres cyclistes. Un café tout proche nous permet de découvrir le village, et finalement nous cédons à l’attraction de la Cave de Gallician ! (Il ne nous reste plus que 17 km à faire). Pas de dégustation, pourtant, pour cause de Covid … mais des précisions sur les vignes du pays : surtout ne pas confondre les Costières du Gard avec les rosés de Provence ! Nous repartons avec deux bouteilles pour tester le vin au retour.


Nous empruntons la Viarhôna pour la fin du parcours. Elle longe le canal du Rhône à Sète sur d’immenses portions rectilignes. Avec le soleil et le vent de face, c’est un trajet long et assez pénible. Enfin le canal se divise en deux branches, nous empruntons celle qui va vers le Grau-du-Roi. Aigues-Mortes n’est plus très loin. Une tour fameuse l’annonce : La Carbonnière. C'est une tour de guet massive, construite au 13ème siècle au milieu des marais, passage obligé avec péage pour atteindre Aigues-Mortes. Belle construction médiévale.

Voilà enfin à l’horizon les remparts et les tours d’Aigues-Mortes. Notre hôtel est proche, en bordure des fortifications construites par Saint-Louis. 48 km aujourd’hui, c’est moins qu’hier, mais j’ai eu du mal à la fin, peut-être parce que c’est le deuxième jour, et que je ne suis pas aguerrie ? Il me faut un peu de repos avant d’aller visiter la capitale de la Petite Camargue.

Un plan au carré, entièrement ceint par une superbe muraille dorée au soleil. Intérieur piéton et touristique. A travers les portes massives, on aperçoit la campagne, et au loin les montagnes de sel des salins du Midi (triste lieu de mémoire du massacre des Italiens en 1893). Des ruelles fleuries, des boutiques, une église fortifiée hélas fermée pour travaux, et une grande place dominée par la statue de Saint-Louis, qui a embarqué ici deux fois pour les croisades, en 1248 et en 1270. 
Reste à trouver la bonne adresse pour manger : ce sera le bistrot Paiou, situé dans une petite rue à l’écart, qui propose carpaccio de taureau et agneau grillé.  Accueillant et délicieux.
Retour à l’hôtel sous un magnifique coucher de soleil rose et rouge qui illumine l’austère Tour de Constance et son reflet dans l’eau. Puis le long des bateaux endormis sur le canal, idéal pour faire de beaux rêves.



Article publié dans le JTT.