vendredi 26 janvier 2018

Mille idées de découvertes en Drôme


Les associations du patrimoine Nord Drôme se sont réunies samedi 20 et dimanche 21 janvier à l’Espace Rochegude de Tain. L’occasion d’échanger en toute convivialité sur leurs travaux, leurs projets, leurs réalisations. Comment faire connaître leurs richesses, leurs activités, comment les présenter sur Internet, où de nombreux touristes vont chercher leurs informations. 
La promenade d’un stand à l’autre donnait aux visiteurs de nombreuses pistes de visites ou randonnées, chaque ville ou village mettant en valeur son patrimoine. Les grands sites classiques, Valence et la Maison des Têtes, Romans et le Grand Chemin, côtoyaient les architectures méconnues de modestes villages, Chantemerle, Hostun… Une mention particulière pour des découvertes insolites, comme le site du télégraphe Chappe à Etoile, de la tournerie sur bois de Pont-en-Royans, la gare du tram à La-Motte-de-Galaure.
Dimanche, la journée a été agrémentée de conférences, dont celle donnée par Georges Fréchet sur l’histoire du livre, de Gutenberg à Bonaparte. Chacun connaît l’importance de la découverte de l’imprimerie par Gutenberg en 1455 : alors qu’on recopiait à la main ou gravait par pages entières, ce qui était long et coûteux, Gutenberg eut l’idée de fabriquer des caractères séparés, réutilisables. Il mit au point toute la chaîne d’opérations : les composteurs pour les aligner, les formes, l’encrage, la presse, bricolée au départ à partir d’un pressoir à vin ! Le livre (d’abord la Bible) put alors se diffuser largement dans le public. Un moyen que la Réforme sut parfaitement utiliser pour diffuser ses idées.
Et Bonaparte dans tout ça ? Eh bien, dans ses années valentinoises, il logeait en face de la Maison des Têtes, où était installé Marc Aurel, un imprimeur révolutionnaire dans tous les sens du terme, puisqu’il lança le premier périodique « La Vérité au peuple » en 1792. Bonaparte le nomma imprimeur des armées, Aurel le suivit à Toulon, en Italie, en Egypte, avant de revenir à Valence, où il édita entre autres, les Mémoires de l’Abbé Chalieu, archéologue « découvreur » du Taurobole de Tain.
La boucle est bouclée, c’est à Tain que commencent et finissent tous les voyages...

Pour tout savoir sur le patrimoine local : http://cartepatrimoine.ladrome.fr/

Article publié dans le JTT du jeudi 25 janvier 2018.

vendredi 19 janvier 2018

Le fonds Voltaire de la Bibliothèque Nationale Russe

La bibliothèque de Voltaire a été acquise par l’impératrice Catherine II peu après la mort de l’écrivain, en 1778. Par l’intermédiaire de son agent littéraire et politique, le Baron Grimm, l’Europe entière fut informée de la vente. Les 6700 volumes, ainsi que les lettres et manuscrits du philosophe avec qui la tsarine avait échangé une correspondance régulière durant des années furent achetés au prix fort à sa nièce, Madame Denis. Mieux : Catherine avait pour projet de faire construire un mausolée digne de ce fonds dans les jardins de sa résidence de Tsarskoie Selo : une réplique exacte du château de Ferney, où Voltaire avait vécu paisiblement ses dernières années. Elle dépêcha à Ferney architectes et dessinateurs avec pour mission d’en dresser les plans. Une grande maquette démontable du château fut construite. Pour Catherine, le Ferney russe devait être un reproche vivant à l’absolutisme français qui avait traité la dépouille de Voltaire avec mépris.

Livres et manuscrits furent d’abord acheminés avec grand soin jusqu’à Genève, puis Francfort et Lübeck, sous la surveillance du fidèle secrétaire de Voltaire, Wagnière. Lorsque la fonte des glaces permit la navigation sur la Baltique, un bateau spécialement affrété les convoya jusqu’à Saint-Pétersbourg, où ils arrivèrent en août 1779, et furent installés dans la bibliothèque du Palais d’Hiver. Si le projet de construction de la copie du château de Ferney n’aboutit pas, la bibliothèque de Voltaire, mise en place et cataloguée par Wagnière devint partie intégrante de celle de l’Impératrice, qui fit ensuite l’acquisition de celle de Diderot, puis d’autres collections particulières. L’esprit des lumières enthousiasmait alors la Russie, mais pas la France !

La bibliothèque impériale devint une curiosité que les diplomates et voyageurs étrangers visitaient avec délectation. Le fonds Voltaire était un modèle de bibliothèque d’encyclopédiste du XVIIIe siècle : Droit, philosophie, histoire, spiritualité, théâtre, romans et magazines, courriers échangés avec toute l’Europe. Au milieu de la salle trônaient la statue en bronze de l’écrivain et la maquette de son château. Si, sous le règne de Nicolas Ier, la bibliothèque, symbole de libre-pensée, fut fermée au public, une exception fut faite pour l’illustre écrivain dissident Pouchkine, à condition qu’il ne consulte que les ouvrages historiques !

La Bibliothèque Nationale de Russie, issue de la bibliothèque impériale, a été inaugurée en 1814. C’est une des plus grandes bibliothèques du monde. Pas moins de 15 millions de livres, 13 millions de magazines et revues, 617000 tomes annuels de journaux et 450000 manuscrits. A l’occasion du tricentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg, en 2003, la France de Jacques Chirac a offert les travaux de réaménagement du fonds Voltaire, maintenant accessible à tout public.
L'occasion de découvrir les notes écrites de la main du Maître sur les ouvrages de ses contemporains et rivaux, comme J.J. Rousseau !

Article publié dans le J.T.T.




vendredi 12 janvier 2018

Ceci est mon sang


Un dernier tabou à lever concerne les règles des femmes.
Elise Thiébaut dans un essai percutant, présenté lors de l'émission TV 28 minutes, a secoué l'opinion de façon salutaire et posé les bonnes questions.

La moitié de l'humanité, c'est-à-dire les femmes, perdent leur sang une fois par mois pendant une quarantaine d'années. Souvent avec des douleurs récurrentes. Pourtant, il ne faut pas en parler. Pourquoi le cacher ? Être discrète ? Pour éviter les blagues, les moqueries ? Ou même le dégoût, le rejet, le statut d'impure.
Les règles, les menstrues, sont la définition même du sexe féminin. C'est ce sang qui permet à la femme de procréer ... La survie de l'espèce est un pouvoir, une responsabilité, considérables. Alors pourquoi ne l'enseigne-t-on pas à l'école ? Ne mérite-t-il pas du respect ? Et d'autres vocables que ragnagna, avoir ses ours, écraser les tomates … ?

Rien n'est plus embarrassant pour une femme que de sentir soudain le sang couler entre ses jambes. Mais si les préservatifs sont en vente libre partout, on ne trouve aucun distributeur de protections périodiques dans les lieux publics, même dans les lycées ou devant les pharmacies...  Pourquoi ?

De plus, cet achat régulier, nécessaire à la vie quotidienne, impacte le budget des femmes. Pourtant, il a fallu attendre 2016 pour que les protections ne soient plus taxées comme objets de luxe à 20 % ! Qui fait la loi ?

La composition chimique pose maintenant d'autres problèmes. Plus rien n'est fabriqué en coton, et à l'heure des perturbateurs endocriniens, on peut être inquiet. Les producteurs de tampons et serviettes hygiéniques refusent de fournir la composition de produits qui seront introduits dans l'intimité des muqueuses. Il faut faire pression, mais comment ?

A lire : « Ceci est mon sang », d’Elise Thiébaut. Une révolution sanglante mais pacifique.

samedi 6 janvier 2018

Trompettes et orgue à Tain : Une master-class sans frontières


L'église était comble, jeudi 28 décembre, pour écouter l'enfant du pays, concertiste  de renommée internationale : André Henry, né au Cheylard en 1969.

Brillant trompettiste, après avoir exercé comme soliste dans des ensembles prestigieux à travers le monde entier, il est actuellement professeur à l'université de Tokyo Ondai. Pour ce concert donné en l'église de Tain, il était accompagné de cinq jeunes trompettistes japonais, tous élèves ou anciens élèves étudiant actuellement au Conservatoire National de Paris ou Lyon.  A l'orgue, une autre musicienne japonaise réputée, Junko Ito-Bornage, titulaire des grandes orgues de la Cathédrale de Belley (Ain). Chacun d'eux a eu l'occasion d'exprimer son talent en solo, dans les préludes, concertos, pièces de Bach, Corelli, Bizet … Une, deux, trois ou six trompettes, accompagnées à l'orgue, ont résonné avec éclat sous les voûtes de l'église.

Concert franco-japonais, avec deux générations en présence, un bel exemple de transmission. Encore enrichi par la présence au final de trompettistes de l'orchestre d'Harmonie Tain-Tournon, enchantés de se joindre au Maître et à ses étudiants pour interpréter des mélodies de Noël.

Le sens de la soirée était le partage sous toutes ses formes, la logistique étant supportée par  l'association caritative « Opération Centrafrique », dont le siège est au Cheylard. Une association qui s'occupe de soigner et éduquer les enfants de Centrafrique depuis 1985, sous la houlette de Sœur Bénédicte. Ardéchois et Drômois, réunis fraternellement pour la subventionner, ont profité d'un concert d'exception, sans frontières d'âge, de niveau, de pays ... L'esprit de Noël était là.

Article publié dans le JTT du jeudi 4 janvier 2018.