vendredi 26 avril 2019

Bien-être en Forêt-Noire


La Forêt-Noire est un massif montagneux situé au sud de l'Allemagne, symétrique des Vosges par rapport à la vallée du Rhin. C'est l'endroit idéal, à quelques kilomètres de la capitale régionale Freiburg, pour profiter de la nature et du soleil dans le confort et la tradition.

Ce massif de moyenne montagne culmine au Feldberg (1493 m). Un relief ondulé ponctué de lacs, de vallées ensoleillées. La Forêt-Noire est couverte d'une épaisse forêt d'épicéas, sapins et hêtres, d'où son nom, et son activité traditionnelle : le bois. Au sud, les coteaux couverts de vignes alternent avec les pâturages et les vergers. Partout les petits villages traditionnels ont installé une ou deux remontées mécaniques. On y skie ou on s'y promène en raquettes, dans une atmosphère champêtre et familiale.

Les Allemands ont depuis longtemps privilégié le tourisme vert, l'aménagement de la Forêt-Noire préserve la nature, avec ses pistes de ski de fond (on peut faire le tour entier du massif à ski), de raquettes, ses patinoires naturelles, ses parcours de luge. En été, les canoés et paddles envahissent les lacs, les sentiers de randonnées parfaitement balisés conduisent à des fermes-auberges gargantuesques. Vélo, parapente, centres aquatiques et stations thermales historiques, mais à la pointe de la technologie et du confort, complètent le choix d'activités. Tous les lieux touristiques sont reliés entre eux par un réseau de bus et trains gratuits dès qu'on reçoit la carte d'hôte.

L'accueil hôtelier est extraordinaire, professionnel et chaleureux. Des hôtels tout en bois, dans le style des maisons du pays, équipés de sauna, jacuzzi et piscine, où le personnel sert les touristes en costume régional (en dirndl : une robe rouge et un corselet noir pour les filles). Le coucou traditionnel sonne l'heure des agapes. On déguste fromages et charcuteries du pays, vins locaux et légumes bio, et en dessert la fameuse Forêt-Noire, un gâteau composé d'une génoise au cacao, parfumée au kirsch, garnie de cerises au sirop et de crème chantilly. Pas question de régime, il faut apprécier la cuisine traditionnelle, avant de s’adonner aux activités sportives ou touristiques !

Article publié dans le JTT.

vendredi 12 avril 2019

Woman at war : un film exceptionnel de Benedikt Erlingsson

Cette fable écologique tournée en Islande est d’abord un film d’aventure, d’action : l’héroïne, Halla lutte contre l’industrie de l’aluminium qui défigure son pays en détruisant les lignes à haute tension. Pas simplement militant, mais profondément humain, à l’image de la superbe actrice qui s’approprie naturellement tous les registres : Halldora Geirhardsdottir. Au quotidien, cette "femme en guerre" écologiste est professeur de chant, et un événement imprévu va bouleverser ses projets : une petite fille l’attend en Ukraine pour être adoptée.



Impossible de ne pas mentionner les situations cocasses, l’humour décalé, qui accompagnent le développement de l’intrigue. Et la présence permanente de la musique, incarnée par un improbable groupe de jazz « volant », à la manière de Chagall. Le tout sublimé par de superbes images de nature sauvage.
Etonnant, percutant, divertissant, tendre, ce film est une réussite totale. Il a été salué unanimement lors de la Semaine de la critique à Cannes en mai 2018. Mais sa notoriété dépend maintenant du bouche-à-oreille. Qu'on se le dise !





dimanche 7 avril 2019

L'incroyable histoire du Facteur Cheval



Le film de Nils Tavernier a donné une nouvelle impulsion au Palais Idéal. Si beaucoup de visiteurs venaient à Hauterives apprécier l'oeuvre artistique, tous ne connaissaient pas l'histoire de la passion dévorante de Ferdinand Cheval pour l'architecture. Grâce au film, l'homme, né en 1836, se dévoile. Une opiniâtreté, un talent et un labeur qui forcent le respect et permettent de mieux comprendre les sentences moralisatrices inscrites sur l'édifice.

Dès l'entrée dans l'espace muséal, les visiteurs retrouvent l'enchantement du film. L'architecture claire, à la fois massive et légère, se détache dans le cadre vert sombre des sapins, le Palais Idéal semble sorti d'un conte de fées, avec ses balustres, ses escaliers, ses passages secrets, ses grottes, et tout l'enchevêtrement de béton, coquillages, galets, qui témoignent de l'imagination de l'auteur. Temples hindous, égyptiens, mosquées, chapelles, chalets suisses, Ferdinand Cheval, pendant ses longues tournées de facteur dans les collines (une trentaine de kilomètres minimum), avait le temps de lire les cartes postales et de parcourir en rêve le monde. Sa fascination pour l'étrange guidait  sa construction qu'il enjolivait inlassablement de lianes, personnages et animaux bizarres. La matière première : des cailloux qu'il ramassait pendant ses longues marches, des coquillages, de l'eau, de la chaux et du sable. Et parfois une structure métallique sur laquelle il entortillait sa pâte de béton. Il travaillait la nuit, juché sur des échafaudages de fortune, bricolés par lui-même, mû par une fièvre intérieure.

Indifférent aux railleries du voisinage, aux problèmes de santé, d'épuisement, mais affecté durement par le décès de ses proches, Cheval s'obstina et poursuivit son ouvrage pendant 33 ans, de 1879 à 1912. Curieusement, la notoriété arriva très vite. Son architecture naïve, qualifiée de surréaliste, puis d'art brut, attira les touristes dès la fin du XIXème siècle. Ferdinand Cheval, incapable de s'arrêter, enchaîna sur l'édification  de son tombeau, terminé à l'âge de 86 ans. Il mourut deux ans plus tard, en 1924.

Le Palais Idéal est ouvert toute l'année. Outre les concerts de l'été et visites thématiques, il revient à l'essence même de la création architecturale féérique en proposant une exposition temporaire de sites emblématiques réalisés en Lego. Des ateliers Lego pour enfants sont aussi programmés pendant les vacances scolaires.

Renseignements : 04 75 68 81 19  ou facteurcheval.com


Article publié dans le JTT.

lundi 1 avril 2019

Chronique littéraire : Bakhita, de Véronique Olmi

Une histoire vraie, passionnante et bouleversante.
En 1874, au Soudan, une petite fille de cinq ans est enlevée par des marchands d’esclaves, près de son village du Darfour. Battue, traînée, violentée, affamée, jour après jour, elle essaie de survivre, prisonnière d’une longue caravane d’esclaves et autres marchandises. Après des centaines de kilomètres, arrive le marché aux esclaves, la séparation, les coups. Des maîtres violents, pervers, se succèdent, elle endure toutes sortes de tortures avant d’être rachetée à Khartoum, à l’âge de quatorze ans, par un consul italien qui la ramène à Venise dans ses bagages.
Une autre vie commence : pas esclave mais domestique, nourrice d’enfant. Pourtant l’Italie la rejette, sa couleur noire effraie les Blancs.  C’est dans un couvent qu’elle va tenter de se reconstruire, difficilement, car elle représente pour certains l’image du diable. Pour d’autres un moyen de propagande, justifiant la colonisation. Toujours traitée en objet, même de culte.
Véronique Olmi a découvert l’histoire extraordinaire de Bakhita en se promenant dans une église. Elle ne s’est pas contentée de la retranscrire, mais l’a enrichie d’une documentation fouillée, et de sa perception du personnage.  Elle arrive à nous faire vivre l’épopée à hauteur de Bakhita. Emotions, souvenirs, rêves d’enfant donnent à cette héroïne la volonté de vivre malgré tout. Pas de voyeurisme, mais des descriptions vivantes du contexte géographique, historique, social. Et l’immersion totale dans l’âme lumineuse et blessée de Bakhita. Une réussite.
Véronique Olmi, écrivaine et scénariste, est née en 1962 à Nice. Elle a reçu le prix Fnac pour ce roman, maintenant disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT.