jeudi 26 juillet 2018

Les Mille et une nuits de Vochora

Parmi les groupes invités au XXIème festival Vochora de Tournon, Canticum Novum a présenté son concert « Topkapi , Istanbul 1550 » à la Chapelle des Saints-Cœurs. On aurait pu s'attendre à un spectacle donné par des hommes en turban doré, des femmes voilées de mousseline … Mais non, l'ensemble créé par Emmanuel Bardon en 1996, s'il est cosmopolite et spécialiste des musiques anciennes du bassin méditerranéen, propose une approche contemporaine et conviviale de la musique à la Cour ottomane. Au palais de Topkapi, à Istanbul, en 1550.

Cette musique est une des plus raffinées d'Orient. Les sultans mélomanes s'entouraient de grands compositeurs. L'arrivée en masse des Juifs séfarades chassés d'Espagne en 1492, migrant à travers les Balkans et tout l'empire ottoman, a enrichi leur répertoire d'influences ladino, grecque, bulgare, arménienne, persane, tzigane … L'ensemble Canticum Novum interprète les mélodies envoûtantes, chantées ou jouées sur des instruments exotiques traditionnels : flûtes kaval (obliques), nyckelharpa (sorte de vieille ), kanun (cithare à 80 cordes) et percussions multiples fabriquées en peau de chèvre et terre cuite. Ces romances, souvent transmise par simple tradition orale, ont été récoltées sur place au XXème siècle par des musicologues passionnés. Les chanteurs et musiciens de Canticum Novum, par ce spectacle, tissent des liens entre musique d'Occident et d'Orient, dans un souci d'interculturalité et de transmission.

Après des rappels enthousiastes, une berceuse de Jérusalem entonnée en hébreu avec le public a permis à chacun de quitter la Chapelle en toute quiétude, sous les roulements de tonnerre d'un orage bienvenu.

Article publié dans le JTT du jeudi 26 juillet.

mercredi 18 juillet 2018

Chronique littéraire : La tresse, de Laetitia Colombani


Une histoire tissée avec trois fils, trois vies de femmes, par l'auteur. Smita est une Indienne courageuse, de la caste des Intouchables. Elle lutte avec audace pour l'avenir de sa fille dans une société où sa vie ne compte pas. Giulia est Sicilienne, pour elle, la vie est légère, jusqu'au jour où l'accident de son père, la faillite de l'entreprise, font exploser le cocon protecteur. Sarah est une executive wowan canadienne, qui gère avec efficacité sa carrière d'avocate, ses mariages, ses enfants. Jusqu'à ce que la maladie la rattrape.

Trois femmes, trois mondes totalement différents, mais aussi trois sortes de discriminations. Le plus stupéfiant est le sort des Intouchables, et particulièrement le statut des femmes, considérées comme moins que des bêtes. Une injustice scandaleuse qui déshonore encore les responsables politiques actuels. La découverte de l'entreprise de perruques à Palerme, les règles patriarcales subies par Giulia, semblent douces à côté. Quant au monde des avocats d'affaires, des requins sans états d’âme, c’est plus caricatural. Mais les héroïnes restent semblables à toutes les femmes dans leurs espoirs, leur fragilité, leurs décisions. C'est cette empathie pour les personnages qui fait tout le plaisir de l'histoire, dont les péripéties bien distillées tiennent en haleine jusqu'au bout. Un roman féministe, mais aussi un hommage aux femmes, pas cousu de fil blanc, mais bien tressé !

Laetitia Colombani née en 1978 à Bordeaux est actrice, scénariste, réalisatrice de films. La Tresse, son premier roman, a obtenu un succès considérable et est déjà traduit dans plus de vingt langues. Il est maintenant disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 12 juillet.

vendredi 13 juillet 2018

Evasion au Château


Il ne s’agit ni du nom d’un nouvel escape game, ni d’une énième échappée de repris de justice… mais de la formidable prestation du groupe vocal Evasion, qui a enchanté la présentation de la saison culturelle de Tournon.
Evasion est un groupe de cinq chanteuses romanaises. Leurs voix issues de cultures différentes, aux tonalités complémentaires, depuis trente ans, magnifient le chant polyphonique dans sa forme la plus difficile : a cappella. Déambulant au fil des salles du château de Tournon, toutes vêtues de blanc au milieu des couleurs éclatantes de l’exposition Tomkowiak, elles ont fait partager au public des textes loufoques et décalés, dues à la plume caustique d’Anne Sylvestre.
Anne Sylvestre ? On connait tous ses Fabulettes, un concept né il y a environ 50 ans, avec toujours autant de succès depuis. Ce qu’on sait moins, c’est qu’Anne Sylvestre ne s’est pas contentée de créer un répertoire pour enfants. Elle a poursuivi une carrière très éclectique, chantant avec Bobby Lapointe, Félix Leclerc, Serge Reggiani… et seule. Ecrivant des textes poétiques publiés par les meilleurs éditeurs, comme Seghers. Et soutenant le féminisme avec force et malice.
Dans leur nouveau récital, les cinq femmes d’Evasion se sont emparées de son œuvre. Cinq + une, pour chanter les vies d’une multitude de femmes… Avec leur nouveau spectacle : LES HORMONES SIMONE, dont elles ont donné un brillant aperçu au château, elles partent en tournée cet été, seront au festival d’Avignon le 19 juillet. 
C’est le groupe Evasion qui fera l'ouverture de la saison culturelle à Tournon le 5 octobre 2018. Ne manquez pas LES HORMONES SIMONE, sur le répertoire d’Anne Sylvestre : c’est l’histoire d’une femme… Non ! De femmes. De femmes qui rencontrent une femme, qui chantent les femmes…



Article publié dans le JTT du jeudi 12 juillet.

vendredi 6 juillet 2018

L’Ecole de la Maison Chapoutier, au-delà des apparences

A côté des traditionnels ateliers oenologiques, dégustations, barbecues, séjours, tous consacrés au monde du vin, un nouveau type de séminaires plutôt ésotériques est maintenant proposé par L'Ecole M. Chapoutier, en partenariat avec l’Observatoire du Réel. Il s'agit de découvrir d'autres points de vue sur les mystères du vivant.  Après deux premières journées de conférences sur : « Les dimensions cachées de l'eau » et « Regards sur la conscience », samedi dernier était consacré à la géométrie sacrée des pyramides : « De Gizeh à Paris, parcours d'une symplanicité ».

Une terminologie quelque peu occulte qui intrigue. Quel est le lien avec la Maison Chapoutier ?
Eh bien, le lien c'est Michel Chapoutier lui-même. Passionné, curieux, il aime observer, réfléchir et creuser les sujets qui l'étonnent. Un état d'esprit qui lui a permis d'être un précurseur en matière de biodynamie. La viticulture n'est-elle pas une sorte d'alchimie ? Et la biodynamie, si décriée à ses débuts, une technique maintenant avérée ? Quand M. Chapoutier, à la mi-journée, fait visiter ses vignes et déguster ses vins, tout devient évident. Son enthousiasme quand il parle de terroir, de sols granitiques ou calcaires, de cépages, de fermentations, n'a d'égal que la diversité des connaissances qu’il aime transmettre. Il rejoint en cela Rudolf Steiner, philosophe autrichien, qui interrogeait dès 1920 le monde agricole sur les effets des engrais et pesticides sur les sols, sur l'action des influences cosmiques en agriculture. Ces questions ont permis l'émergence de nouvelles méthodes de fertilisation, comme la biodynamie qui a ouvert la voie à une viticulture respectueuse des vignes, des sols et des hommes.

L’Observatoire du Réel est une association qui, à travers ses intervenants, partage avec le public le désir de regarder au-delà des apparences et des certitudes, dans toutes les disciplines scientifiques : physique, astrophysique, mathématiques, neurosciences... Les participants aux conférences organisées par la Maison Chapoutier, préoccupés par de nouvelles compréhensions de notre monde, viennent de toute la France. Effet secondaire garanti : ils découvrent notre belle région ainsi que toutes ses richesses concrètes !

Prochain séminaire : « Les nouvelles approches thérapeutiques » le 27 octobre 2018.


Renseignements et inscriptions : www.chapoutier-ecole.com
Article publié dans le JTT du jeudi 5 juillet.