jeudi 31 décembre 2020

Copines de balcon



Un recueil de pensées, d'idées, de rêveries échangées par deux voisines qui ne se connaissaient pas lors du premier confinement de cette drôle d'année 2020. 
Des applaudissements de balcon à des échanges de plume, il n'y avait plus qu'à écrire, et nous avions le temps ... La rencontre avec Maya Communication a permis une jolie mise en page.

Prix: 10 €. En vente chez Maya Communication, 34 av. Jules Nadi à Tain l'Hermitage, ou contact par message ou Facebook.


Et Meilleurs voeux à tous pour 2021 !

mardi 29 décembre 2020

Chronique littéraire : Mur Méditerranée, de Louis-Philippe Dalembert

Un titre parfaitement évocateur. Car la Méditerranée est un mur pour tous les migrants qui souhaitent la traverser vers l’Europe et une vie meilleure. Dans ce récit à trois voix, trois femmes vaillantes, venues d’horizons différents, se trouvent embarquées sur le même chalutier délabré, en pleine tempête. Pleines d’espoir d’atteindre Lampedusa, terre promise, malgré les conditions du voyage.

Chochana la juive Nigériane a fui la sécheresse et Boko Haram. Semhar la chrétienne a quitté l’Erythrée, où un dictateur fait régner la terreur. Dima la bourgeoise musulmane vient d’Alep, en Syrie, une ville détruite par plus d’un an de bombardements quotidiens. Chacune a ses raisons de partir, ses convictions, mais toutes ont enduré le chantage, la violence, le mépris des passeurs. Leurs trajets respectifs pour arriver au port de Tripoli s’apparentent à une traversée de l’enfer.

Les passeurs, que ce soit au Sahara, au Soudan, en Ethiopie, sont des voleurs qui traitent les candidats à l’émigration comme du bétail, mais les passeurs Lybiens sont les pires, des tortionnaires sadiques qui les utilisent comme esclaves. Des hommes pervers et cruels, qui appliquent les mêmes méthodes que leurs ancêtres, marchands d’esclaves au 19ème siècle. A Tripoli, les candidats au départ doivent tout accepter, s’ils veulent monter un jour sur un bateau.

Louis-Philippe Dalembert brosse un portrait extrêmement réaliste et saisissant de la situation. Dans un style parfaitement maitrisé, il dévoile ce scandale que les Européens essaient d’ignorer. Il parvient même à donner de la légèreté au texte par le caractère volontaire et positif des héroïnes, des femmes qui tiennent grâce à leur solidarité et leur énergie. Un récit puissant et utile.

Louis-Philippe Dalembert est né à Port-au-Prince (Haïti) en 1962. Ecrivain, journaliste, il vit entre Berlin, Paris, Rome et Haïti. C’est dans cette multiculture qu’il puise sa créativité.

Mur Méditerranée est disponible en poche chez Points.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 24 décembre 2020.


jeudi 24 décembre 2020

Le laboratoire LaDrôme et les Fleurs de Bach

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Les fleurs de Bach sont des élixirs floraux qui agissent sur les émotions négatives ou les humeurs afin d’aider la personne à surmonter ses problèmes. Cette phytothérapie très à la mode correspond à un retour à la nature et aux vertus des plantes.

C’est entre 1928 et 1935 que le Dr Bach, médecin anglais, bactériologiste, pathologiste et homéopathe, convaincu que la guérison sur le plan émotionnel exerce un effet bénéfique à d'autres niveaux, a mis au point ses élixirs. Il les a préparés en étudiant les pouvoirs de 38 fleurs différentes : Hélianthème, prunus, marronnier rouge, gentiane, charme, avoine sauvage, chèvrefeuille, olivier… Cela lui a plutôt réussi, puisque, atteint en 1917, à 31 ans, d’une grave tumeur, alors qu’on lui prédisait au maximum 3 ans à vivre, il a vécu jusqu’à 50 ans !

Le laboratoire LaDrôme, situé à Saillans, commercialise, outre la gamme d’élixirs floraux du Dr Bach, de nombreux produits d’aromathérapie, à partir d’huiles essentielles, eaux florales, propolis… ainsi que des sirops, infusions et cosmétiques. Ces produits, certifiés bio, sont préparés au cœur de la Drôme, à Die. Les matières premières sont cultivées ou cueillies localement à l’état sauvage, la Drôme ayant une longue tradition de plantes médicinales. Les produits sont distribués en pharmacie, en boutique, sur internet et dans le magasin d’usine du laboratoire à Saillans.

Les élixirs floraux du Dr Bach, composés à partir de fleurs sauvages et de cognac biologique, sont eux fabriqués en partie au pied des Pyrénées par un biodynamiste renommé, Yves Garnier. Depuis une vingtaine d’années, ce véritable sorcier des temps modernes compose ses potions magiques à partir des fleurs, plantes et fruits récoltés sur place dans une nature encore sauvage. 

Les élixirs du Dr Bach sont des produits bio et naturels, qui peuvent aider à surmonter les problèmes de sommeil, volonté, concentration, anxiété, abattement ... et à retrouver un équilibre psychique harmonieux. La communauté scientifique actuelle considère que cette pratique n'a pas d'efficacité prouvée et que son concept repose sur des croyances. Mais ne dit-on pas cela aussi de l’homéopathie ? En cette période de morosité, on peut toujours essayer…



Article publié dans le JTT du jeudi 24 décembre 2020.

jeudi 17 décembre 2020

Le moulin à olives de Venterol

2020 est une bonne année pour les olives. Elles sont nombreuses, saines, et de belle grosseur. Un plaisir pour les yeux, qu’on aimerait prolonger jusqu’aux papilles. Mais comment faire, quand on a juste deux ou trois oliviers dans son verger et qu’on habite en Drôme des collines ? Pas de moulin dans les alentours, il faut aller vers Nyons. A Venterol, le moulin Jouve accepte, en plus de la production professionnelle des oléiculteurs, les petites quantités d’olives des particuliers pour les presser.


Me voilà donc partie avec mes 9 kg d’olives en direction de la Drôme provençale, munie d’une attestation dérogatoire fournie par le syndicat interprofessionnel de l’olive. Le soleil automnal rend la balade magnifique. Vignes rousses ponctuées de cyprès verts, lavandes bien taillées, champs d’oliviers argentés, villages médiévaux aux pierres blanches dorées par la lumière. Venterol (ventre d’huile en provençal) est un petit bijou, avec son dédale de ruelles et d’escaliers lové autour de son église à campanile. Un peu à l’écart, le moulin Jouve est en pleine effervescence. Les tracteurs chargés de caisses d’olives se succèdent. Les employés du moulin contrôlent la qualité, pèsent, notent et emportent la production au pressoir.

Les olives récoltées au maximum depuis 48 heures sont effeuillées et lavées, elles sont ensuite broyées, la pâte obtenue est malaxée pendant 40 minutes, puis dirigée vers la centrifugeuse qui sépare le précieux nectar des résidus.  L’huile est ensuite entreposée dans des décanteurs en inox ou elle repose jusqu'à sa mise en bouteilles. On peut suivre toutes ces étapes au moulin, jusqu’à l’écoulement final d’un délicat filet d’huile verte. Pour faire un litre d’huile, il faut environ 6 kg d’olives en début de saison, un peu moins ensuite. Le prix de la pressée varie de 0.45 à 055 € par kg en fonction de la quantité. Le moulinier espère traiter cette année environ 200 tonnes d’olives. La cueillette et la pressée des olives s’étendent de début novembre à fin janvier.

Fabien Jouve a repris depuis une dizaine d’années le moulin et les champs d’oliviers de son grand-père, réduit à la faillite après le grand gel de 1956. Un gel qui a détruit tous les oliviers de la région de Nyons, provoquant une grave crise économique. En plus du moulin, le moulinier s’occupe de ses oliviers, de son verger, de son potager.  D’avril à septembre, il vend sa production diversifiée de fruits et légumes, d’huile et de lavandin, dans la boutique ouverte à la ferme, où il expose aussi des artistes locaux. Une belle et savoureuse découverte.

Moulin Jouve : 2200 route de Montélimar 26110 Venterol. Tél : 04 75 27 94 40
Apports des olives du lundi au samedi de 9h à 12h00 et de 16h à18h30 
Pas d'apport minimum. Minimum de 100 Kg pour avoir sa propre pressée.

Article publié dans le JTT du jeudi 17 décembre 2020.

vendredi 11 décembre 2020

Sur la piste du Grand Géant de la montagne de Tournon


1/ D’abord, trouver dans la rue du Doux le sentier escarpé qui grimpe dans la colline. On comprend tout de suite qu’il vaut mieux être bien chaussé et même avoir des bâtons, car dès le début le trajet est accidenté.

2/ Arrivé à mi-hauteur, sur un replat, au lieu-dit les Fourches, s’interroger sur l’étymologie du nom. C’est aux Fourches qu’était dressé le gibet où on pendait les brigands au Moyen-âge... A l’époque, ce lieu n’était pas envahi de végétation, mais visible de toute la vallée, donc propice à l’édification du peuple. Ce replat sépare la butte surmontée d’une forêt de cèdres à droite, de la montagne de Tournon à gauche.

3/ Prendre à droite, vers la forêt de cèdres qui fait partie de la propriété La Terrasse, dont l’entrée est située sur la route de Lamastre. Monsieur Foriel, propriétaire dans les années 1880-1930 du domaine et de toute la colline jusqu’à la tour Peyregourde, était un original, passionné d’ésotérisme, qui a dispersé des œuvres farfelues un peu partout. Le jeu de piste consiste à les retrouver, et donc ne pas avoir peur de se contorsionner entre les buis, les barbelés et les ronces.

4/ La forêt de cèdres est un lieu ombragé, magique, empreint de beauté et de mystère, qui domine la vallée ensoleillée. Au centre, une sorte de chapelle murée, avec à côté, un joli bassin circulaire. Enigme : Quel était l’usage de tout ça ? L’inscription : « chalet païen, construit par Léon Foriel propriétaire en 1906 » ne donne guère d’éclaircissement, sauf sur les convictions de son propriétaire. 

5/ Redescendre aux Fourches patibulaires et prendre à gauche. La maison en ruines sur le parcours est-elle hantée? Si oui, c’est par les métayers de M. Foriel, qui, à l’époque, y habitaient et cultivaient toute la montagne.

6/ En suivant le sentier, on évolue entre rochers, murets et végétation sauvage, en surplomb de la rue du Doux. Attention aux chutes, aux éboulis ! Soudain un reste de statue apparaît, une structure de métal et ciment, d’homme nu sans tête. C’est l’Homme primitif des Cévennes, d’après Foriel, une œuvre qui a subi les outrages du temps. Autrefois on interdisait aux petits Tournonnais d’aller jouer de ce côté, qui attentait à la pudeur !

7/ Quelques centaines de mètres plus loin, on arrive enfin au but :  la sculpture du Grand Géant, sur un rocher qui domine Tournon, enfoui dans les buis. Sur son socle, une inscription complètement extravagante, qui raconte sa soi-disant histoire. Mais surtout, une vue sublime sur la vallée du Doux et celle du Rhône. 

8/ Ces œuvres loufoques, il en existe encore d’autres dans la montagne de Tournon, à vous de les trouver ! Une promenade sportive et ludique, parfois un parcours du combattant, à moins d’un kilomètre au-dessus de Tournon. Qui mériterait cependant d’être sécurisé et balisé.

Article publié dans le JTT du jeudi 10 décembre.

jeudi 3 décembre 2020

L'institut Amanda s'est refait une beauté

Depuis plusieurs années, Amanda accueille, dans son salon de beauté à Tain place du Taurobole, une clientèle en quête de bien-être. Le confinement lui a permis de réfléchir à une nouvelle signalétique, et le résultat affiché lui ressemble : un logo discret, doux et chaleureux. Une bonne raison de lui rendre visite. Après le confinement, il est temps de s’occuper de sa peau et de son corps !

Amanda Pooley est anglaise, et son destin est peu commun.  Née en Tanzanie, où ses parents étaient installés, lui dans la banque, elle sage-femme, elle a vécu une enfance africaine en toute liberté, dans un monde de senteurs, de chaleur, au plus près de la nature. Inutile de dire que le retour en Angleterre, à 8 ans, a été très mal vécu par la petite Amanda.  Climat rigoureux, discipline, enfermement dans les maisons et dans les contraintes, Amanda n’a plus eu qu’une envie en tête : repartir …

Le plus facile, le plus pratique, c’était la France proche. Amanda a décidé d’apprendre le français au collège. De multiples séjours chez des correspondants en Touraine, lui ont fait retrouver dans notre pays le dépaysement qui lui manquait.  Etudiante en français, elle a passé un an à Dijon, avant d’enseigner l’anglais dans diverses structures de Bourgogne. Elle y a rencontré des personnes qui partageaient ses préoccupations écologiques, son besoin de nature, de vie simple. Et parmi eux, des Ardéchois qui lui ont fait connaître leur pays. Un coup de cœur immédiat, suivi d’un déménagement et d’un changement de vie radical. Depuis une vingtaine d’années, Amanda habite donc la montagne ardéchoise, du côté de Saint-Félicien, au milieu des fleurs, des légumes et des chevaux.

Après avoir repris une formation en esthétique, elle a ouvert son institut où elle pratique des soins corporels, propose épilation, modelage et séances de redynamisation, drainage, raffermissement, massage ... en privilégiant les cosmétiques naturels et bio (à base d’amandes, de boues de la mer Morte). Comme sa voisine la belle déesse Cérès sculptée par Toros, elle apporte à ses clients, douceur, sérénité ou énergie, par des méthodes et des produits naturels. Le salon s’est refait une beauté, c’est le moment de faire de même et/ou de réserver des bons cadeaux!


Article publié dans le JTT du jeudi 3 décembre 2020.

vendredi 27 novembre 2020

Chronique littéraire : La danse du temps, de Ann Tyler

 Un portrait de femme, son évolution à travers quatre époques charnières de sa vie, et la découverte de sa vraie personnalité, à plus de soixante ans.

A 11 ans, Willa découvre qu’elle doit faire face à une mère incohérente, et gérer la famille en son absence. A 21 ans, étudiante en linguistique, elle fréquente Derek, qui veut l’épouser, mais elle aimerait bien finir ses études avant… A 41 ans, un accident brutal met fin à son mariage. Willa s’adapte chaque fois, mais réalise qu’elle n’a jamais rien choisi de sa vie. Qu’elle s’est laissée porter par les événements et par la volonté de son entourage, avec naïveté et pusillanimité.

Alors, à 61 ans, quand un coup de fil venu de l’autre bout du pays lui apprend que sa petite-fille a besoin d’elle, elle n’hésite pas. Même si ce n’est pas vraiment sa petite-fille… C’est cette quatrième partie, la plus importante du livre, qui fait tout l’intérêt de l’histoire. Car Willa apprend enfin à rompre avec les conventions, les habitudes, elle apprend à disposer d’elle-même.

Ann Tyler, romancière américaine née en 1941 dans le Minnesota sait de quoi elle parle ! Dans un style tendre et subtil, elle nous fait entrer dans la danse. On ne peut que penser à Molière qui écrivait : «  Je hais les coeurs pusillanimes qui, pour trop prévoir, n'osent rien entreprendre ». 

Ce roman est disponible en poche aux éditions 10/18.

Chronique publiée dans le JTT.

jeudi 19 novembre 2020

Avec Déclic radio et le Centre socioculturel de Tournon, y a d'la joie!

 Chaque jeudi de 10h à 12h, Déclic Radio, la radio associative locale, propose aux habitants de Tain-Tournon d'intervenir en direct par téléphone dans l'émission Y A D'LA VOIX. L'objectif est de leur donner la parole pour partager avec les auditeurs leurs coups de cœur : lecture, musique, recette, message, dédicace, idée lumineuse … tout ce qui permet de se distraire en ces temps de confinement.

Les interventions se font en direct par téléphone au 0951.500.500, vous pouvez aussi envoyer d’avance vos idées par mail à : cjulou@le-centre.net. Chacun / chacune est libre de s'exprimer sur ses bons plans confinement. Pour écouter l'émission, branchez-vous à la radio sur 101.1 en FM. Ou depuis votre ordinateur ou smartphone via le site www.declicradio.fr

En complément, et toujours afin de garder un lien avec les seniors du territoire, le Centre Socioculturel de Tournon met en place un Journal des seniors hebdomadaire. Dans ce Journal virtuel, envoyé par mail chaque semaine, vous retrouverez des astuces, des idées créatives, des conférences, de la cuisine, du bien-être, des jeux … Vous pourrez aussi découvrir en cliquant sur les sites proposés une séance de relaxation ou de gym … Et même prendre le thé en compagnie grâce à la visioconférence… Pour le recevoir : envoyez un mail à seniors@le-centre.net

Déclic radio et le Centre socio culturel ont mis au point ces initiatives conviviales afin de lutter contre l’isolement. Une nouvelle et sympathique radio-thérapie !




Article publié dans le JTT du jeudi 19 novembre.

jeudi 12 novembre 2020

La tonnellerie artisanale, un savoir-faire ancestral

Lors du Fascinant week-end « Vignobles et Découvertes » d’octobre, deux artisans tonneliers ont présenté leur métier et fabriqué entièrement un tonneau devant le public réuni au Domaine Michelas-St Jemms de Tain-l’Hermitage. Une découverte spectaculaire et passionnante.

Pour fabriquer une barrique à la main, il faut tailler les pièces dans un bois de chêne extrafin ( issu de prestigieuses forêts domaniales géréres par l'ONF), les monter ensemble, puis chauffer au bois, façonner et cercler l’ensemble à la main. Les outils utilisés sont ceux d’anciens tonneliers, soigneusement conservés, tout est fait suivant les méthodes ancestrales. Des méthodes qui exigent force physique, expérience, et précision. La manufacture tonnelière La Grange, située dans la Nièvre, est actuellement une des rares au monde à détenir ce savoir-faire spécifique.

Trente douelles (pièces de bois) sont nécessaires pour faire un tonneau. Le chêne utilisé, vieux de 150 ans, est  façonné en merrains, qui sont  mis à sécher pendant presque deux ans, avant d’être débités en douelles. Le tonnelier commence par aligner les douelles verticalement, en les maintenant en haut par un cercle de métal. Puis il resserre les extrémités du bas par un câble activé par un cabestan. Le montage est alors posé au-dessus d’un feu, pendant environ une demi-heure, pour que le bois se courbe et prenne la forme voulue. Ce "fumage" donne à l’intérieur du tonneau une couleur noisette. Quand le tonneau est formé, le tonnelier glisse un à un les autres cercles en métal galvanisé pour assurer le maintien, les ajuste au marteau. S’ensuivent de nombreuses finitions, polissage du corps, biseautage des extrémités, traçage de rainures à l’intérieur, ajustage du fond, lissage, bonde …  toutes exécutées à la main. Enfin le tonneau fini est replacé une heure au-dessus du feu, en étant régulièrement mouillé avec un torchon humide, pour parfaire son étanchéité. Cette étape de chauffe développe les molécules aromatiques contenues dans le chêne qui apporteront complexité et équilibre au vin. 

Le groupe tonnelier Charlois a décidé en 2016 de redonner vie à cette filière artisanale qui disparaissait. Les tonneliers ont ainsi pu apprendre leur métier grâce à un tonnelier de Cognac pendant 3 ans. Leur gros problème, ce sont les outils : comme il n’en existe plus, ils doivent courir les brocantes pour trouver, asse, jabloir, bastringue… 

Chaque tonneau réalisé est unique, marqué de la « patte » du tonnelier, qui ne peut en fabriquer qu’un par jour. Ces barriques restent opérationnelles pendant 5 ans pour le vin, pendant une vie pour le cognac et autres alcools. Leur prix, environ 1500 € pour une barrique de 225 l, est deux fois plus cher que celui d’une barrique industrielle. Un savoir-faire rare et de haut niveau, qui explique que 70% de la production partent à l’international : USA, Australie, Italie, Espagne, Portugal… 

Chaque étape de la fabrication contribue à la qualité et la personnalité d’un fût qui interagira avec le vin, lui conférant sa complexité aromatique. Les grandes maisons viticoles réservent donc ces fûts pour élever les vins issus de leurs meilleurs terroirs.



Article publié dans le JTT du jeudi 12 novembre 2020.

jeudi 5 novembre 2020

Chronique littéraire : À son image, de Jérôme Ferrari

Nous vivons dans une époque d’images. Dans ce roman, il est question du rôle du photographe, en situation de guerre comme de paix. Des limites de l’image comme représentation du réel. Et des limites de l’homme, que pourtant Dieu a créé à son image.

Deux personnages principaux traversent le roman : Antonia, jeune photographe corse qui après avoir fait ses classes dans le journal local, fournissant des clichés d’attentats et concours divers, est partie couvrir la guerre en Bosnie en 1992. Un besoin d’être utile, d’être vraie. Elle est ensuite revenue au pays, se consacrant à la photo de mariage pour gagner sa vie et une certaine sérénité. Le deuxième personnage est un prêtre, son parrain, qui célèbre ses funérailles. Car Antonia est décédée accidentellement, sa voiture est tombée dans un ravin. Pour lui, qui a connu une vocation tardive, comment parler d’Antonia, de son itinéraire ? Il la connaît et l’aime depuis son enfance, c’est d’ailleurs lui qui lui a offert son premier appareil photo. Deux récits s’entremêlent, chaque chapitre correspondant à une phase de la messe d’obsèques, à une phase de la vie d’Antonia.

Le milieu dans lequel ils évoluent, c’est la Corse, avec son nationalisme exacerbé, ses tensions stériles qui n’aboutissent qu’à la mort d’hommes, au gâchis des énergies, à l’incapacité de fonctionner. Antonia découvre que la guerre en ex-Yougoslavie en est une variante extrême. Elle y perd toute croyance en l’homme. Pour son parrain, la foi aussi ne suffit pas, il ne supporte plus d’enterrer ses proches. Et surtout Antonia.

Une narration bien menée, des personnages vivants, et une analyse critique, désabusée, de la société corse. L’auteur interroge sur les limites de l’image, de l’action politique, de la foi. On retrouve ici les préoccupations mystiques de Jérôme Ferrari, professeur de philosophie en Corse, lauréat du prix Goncourt en 2012.

« À son image » est maintenant disponible en collection Babel chez Actes Sud.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 5 novembre.

dimanche 1 novembre 2020

Laissez-vous conter Vienne

Passer une journée à Vienne (Isère) est agréable et dépaysant. La ville regorge de boutiques originales, et son patrimoine historique, dispersé au fil des rues, est grandiose. L’office de tourisme a concocté un parcours piéton dans le centre-ville, qui permet de découvrir les principaux monuments emblématiques :La Vienne antique, la médiévale, la Vienne de la Renaissance, puis l’industrielle, se succèdent ainsi au fil de places et rues piétonnes bien vivantes. Il suffit de suivre au sol les petits pavés de bronze marqués d’un orme. Mais pourquoi un orme ? Cet arbre serait le symbole des libertés accordées par l'archevêque Jean de Bernin (1217-1266), un des grands hommes de Vienne, aux bourgeois de la ville. Une table ronde, lieu de rassemblement des consuls, se trouvait alors sous cet orme, illustrant la devise : « Vienne, ville sénatoriale ».

La première caractéristique de Vienne, c’est son passé gallo-romain, magnifié par le théâtre antique, où se tient en été le célèbre festival de jazz.  En ville, le temple d’Auguste et Livie, le jardin de Cybèle, la Pyramide, rappellent brillamment cette culture. Au Moyen-âge, dès le IVème siècle, Vienne est devenue ville sainte, les églises s’y sont multipliées : Saint-Pierre (actuel musée lapidaire), Saint-Maurice (cathédrale gothique), Saint-André-le Bas et son cloître. L’Hôtel de ville est, lui, un témoin de la Renaissance, quant au musée des Beaux-arts, il évoque le XIXème siècle. Une diversité architecturale qui reste harmonieuse, et pas du tout pesante.

La grimpette au belvédère du Pipet, qui domine le théâtre antique, avec sa chapelle et sa Vierge, s’impose : de là, un superbe panorama attend le visiteur. Une vue d’ensemble sur la ville et ses monuments, mais aussi ses alentours : Les méandres du Rhône, le musée de Saint-Romain-en-Gal, le château médiéval de la Bâtie. Avec en ligne de fond, les vignobles de Condrieu et Côte-Rôtie, que tous les restaurants de la ville proposent, accompagnés des délices locaux : gratin dauphinois, saint-marcellin, gâteau aux noix ... Vienne a tout pour plaire, à moins d'une heure de route.




Article publié dans le JTT du jeudi 29 octobre 2020.

vendredi 30 octobre 2020

Festival Vochora : Dante en musique à la collégiale de Tournon


Quelle gageure que s’attaquer à la mise en musique de la Divine Comédie de Dante ! La Camera delle Lacrime, ensemble de musique ancienne, a osé. Et après avoir donné à Tournon Les Cercles de l’Enfer et La Montagne du Purgatoire, lors de concerts précédents, le chef Bruno Bonhoure et le metteur en scène Khaï-dong Luong ont présenté cette fois Les Sphères du Paradis. Un spectacle étonnant, entre récital médiéval et opéra new-age.

Le texte original, tantôt récité, scandé, ou chanté, était accompagné de musiques exécutées sur des instruments médiévaux, et soutenu par les chœurs Madrigal, Pro Musica et les élèves du Conservatoire. Au Paradis, on y était presque, avec la voix des anges (superbes duos du ténor Bruno Bonhoure et de la soprano Clémence Montagne) et la gestuelle christique exécutée par la quarantaine de participants, tous vêtus de blanc.

Le public a applaudi avec enthousiasme cette prestation extraordinaire, il a aussi applaudi Gérard Lacombe, directeur du Festival, qui relève le défi en avançant les horaires des concerts suivants, afin d’observer le couvre-feu et de continuer la programmation. Lui-même a félicité les spectateurs pour leur présence fidèle, un soutien dont tous les musiciens ont besoin en cette période d’incertitude.

Article publié dans le JTT du jeudi 29 octobre.

jeudi 22 octobre 2020

Ouverture du Festival Vochora à La Roche de Glun

Premier concert très apprécié dimanche en l’église de La Roche de Glun. Nana Sila, quatuor vocal féminin, a enchanté le public par un récital de chansons populaires des Balkans, agrémenté de percussions, guitare, flûte et violon.

Maria Abatantuono, Marina Cotte, Camille Perret et Emilie Lainé sont d’ici mais chantent l’ailleurs. Bulgarie, Turquie, Roumanie, Bosnie, Ukraine, leurs chants racontent les campagnes, les histoires d’amour, le travail, la vie des femmes et bien plus encore… 

L’église était pleine, le protocole sanitaire a été parfaitement maîtrisé par les bénévoles de l’association. Une réussite qui redonne de l’espoir à tous les amateurs de musique et de culture.



Article publié dans le JTT du jeudi 22 octobre.

jeudi 15 octobre 2020

Le blob, un phénomène naturel qui colonise les forêts humides

 

Ni végétal, ni animal, ni champignon, le blob est un être vivant inclassable qui fascine les chercheurs. Vous l’avez sans doute croisé en forêt, ou dans votre cave, sans savoir ce qu'était cette étrange masse spongieuse, jaune et visqueuse. Pour la première fois dans le monde, il est montré et expliqué au public au zoo de Vincennes.

Le blob (Physarum polycephalum) est un organisme primitif apparu il y a 500 millions d'années, avant le règne animal. Il se développe dans des milieux humides.  Composé d’une unique cellule géante, le blob défie toutes les lois de la biologie. Il est capable de se déplacer, de se nourrir, de s’adapter, mais surtout il est immortel !

Audrey Dussutour, éthologue au CNRS et spécialiste du blob a trouvé son surnom, en hommage au film The Blob avec Steve McQueen (1958), Elle explique : Si on le fait sécher, c 'est une forme de dormance, il peut rester ainsi pendant deux ans. Quand on le réveille, le blob est tout neuf. Et vous pouvez faire ça ad vitam æternam. Donc en laboratoire, avec des conditions de température et de nourriture parfaites, il est en effet immortel

Comme il n’a qu’une cellule, il est microscopique au démarrage de son cycle, mais peut doubler de volume chaque jour. Il possède plusieurs noyaux, qui peuvent se multiplier ou se diviser à volonté. Dans la chambre de culture du zoo, un blob élevé aux flocons d'avoine, sur papier humide, a atteint la taille de 10 mètres. Le blob peut non seulement apprendre mais également transmettre les nouvelles informations mémorisées à des congénères en fusionnant temporairement avec eux. Le blob a la capacité de cicatriser en seulement deux minutes si une partie de sa cellule est sectionnée. Mais plutôt que de mourir, la partie sectionnée cicatrise et devient à son tour un blob parfaitement autonome. On comprend que la recherche scientifique s’intéresse à ce génie sans cerveau.

Le blob ne peut se reproduire qu’avec des types sexuels différents, mais on en a répertorié 720, alors pas de problème ! Il a une reproduction semblable à celle du champignon. Peut-il nous envahir ? Non, puisqu’on peut l’assécher à volonté. N’ayez pas peur de cet OVNI, contrairement à The Blob, il est inoffensif !

Pour en savoir plus : www.cnrs.fr/fr/le-blob-capable-dapprendre-et-de-transmettre-ses-apprentissages


Article publié dans le JTT du jeudi 15 octobre 2020.

jeudi 8 octobre 2020

Beauvoir-en-Royans, la « capitale » du dernier Dauphin dauphinois

A Tain l’Hermitage, le 8 avril 1350, fut célébré le mariage du fils du roi de France, futur Charles V, avec la princesse Jeanne de Bourbon. Une sculpture placée devant l’église rappelle cet événement, un moment clé de l’histoire du Dauphiné. Ce mariage s’est tenu à Tain parce qu’il scellait le rattachement du Dauphiné, alors état indépendant vassal du Saint-Empire, au royaume de France. De longues tractations avaient eu lieu auparavant à Tournon et Tain, villes frontières de la France et du Dauphiné, de l’empire et du royaume*. Humbert II, dernier Dauphin du Viennois, totalement ruiné, rachetait ainsi ses dettes en cédant son territoire à la France. Mais il exigeait que le premier fils du roi portât désormais le titre de Dauphin, et que le Dauphiné gardât ses prérogatives administratives.

L’histoire de Tain est donc liée à celle du château de Beauvoir-en-Royans. Dans cette grandiose demeure, la dernière qu'Humbert II s’était fait construire, il entretenait une cour fastueuse. Un château aux 1 000 fenêtres où vivaient tumultueusement plus de 2 000 personnes. Il avait choisi la plus belle vue, d'où le nom de Beauvoir, au pied des falaises calcaires du massif du Vercors, entre Grenoble et Valence. Beauvoir était alors la « capitale » du Dauphiné. Humbert II fut un joyeux noceur, mais aussi un bon administrateur du Dauphiné. Il créa le Conseil delphinal en 1337, puis la cour des comptes à partir de 1340. Il fonda également l‘université de Grenoble le 12 mai 1339. En 1347, de retour de croisade, pourtant ruiné, il fit construire le couvent des Carmes à côté du château de Beauvoir En 1349, il céda définitivement le Dauphiné à la France par le traité de Romans et revêtit l'aube de bure des dominicains. Humbert II mourut en 1355 à l’âge de 43 ans.

A une cinquantaine de kilomètres de Tain, la visite à Beauvoir est un grand bain de fraîcheur. En face de Saint-Marcellin, surplombant la vallée de l’Isère, le site du château et du couvent des Carmes ont été restaurés par le département de l’Isère. Et si seules quelques ruines majestueuses, chapelle, donjon, enceinte, évoquent la somptuosité du château, le cadre verdoyant est spectaculaire. On peut s’y détendre, y pique-niquer, s’y instruire. Dans l’ancien couvent rénové, le tout nouveau musée des Dauphins présente l'histoire du Dauphiné, de sa faune, sa flore, et même celle de l’eau-de-vie locale, la Mousseline, cousine de la Chartreuse.

Comme il n’y a pas d’exposition cette année, le musée est en accès gratuit. A côté, le jardin médiéval et le verger conservatoire encadrent un restaurant qui met en valeur les produits du pays. Tout cela dans un village médiéval parfaitement restauré, dont l’histoire explique en partie le « mariage du siècle » de Tain l’Hermitage.

*D’où l’ancienne appellation Empi et Riaume pour désigner les deux rives opposées du Rhône

Article publié dans le JTT du jeudi 8 octobre 2020.

vendredi 2 octobre 2020

Chronique littéraire : La goûteuse d'Hitler, de Rosella Postorino

 

En 1943, dans son QG de Prusse, sur le front de l’Est, Hitler, hanté par la possibilité d’un empoisonnement, fait recruter une dizaine de femmes du village voisin, pour goûter la nourriture avant qu’elle lui soit servie. Rosa est l’une d’elles. C’est une Berlinoise, mais son immeuble a été bombardé, son mari est engagé sur le front, elle s’est donc réfugiée chez ses beaux-parents à Gross Partsch, juste à côté de la Tanière du Loup.

Rosa n’a pas le choix, les SS viennent brutalement la chercher chaque matin. Elle doit ingurgiter la nourriture trois fois par jour, sous leur surveillance, leurs menaces, chaque bouchée étant peut-être la dernière. De plus, étant étrangère au village, elle est mise à l’écart, agressée par les autres femmes. Et après l’attentat contre Hitler de juillet 1944 et la défaite annoncée, la pression se renforce.

Cette histoire vraie, Rosella Postorino la met en scène avec beaucoup d’empathie. A travers Rosa, elle développe l’histoire du nazisme d’un autre point de vue, celui des Allemands contraints et otages du tyran. Les sentiments, les craintes, les doutes que son héroïne rencontre sont finement analysés. Rosa est une femme qui tente de survivre, à n’importe quel prix. Elle laisse ses intuitions, ses rêves la dominer parfois, et c’est ce qui la sauvera.

Rosella Postorino est une écrivaine italienne née à Reggio di Calabria en 1978. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle vit maintenant à Rome.

Son roman est disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 1 octobre.

jeudi 24 septembre 2020

La meilleure façon de marcher : avec Sandrine, guide conférencière privée en Drôme-Ardèche


Après des années passées au service des bateaux de croisière, et devant le marasme de leur situation actuelle, Sandrine Defour a décidé de ne pas baisser les bras. Un changement d’activité lui a semblé la meilleure solution pour renouveler son métier, sa passion, tout en restant dans la filière touristique. Et puisque les Français redécouvrent la France, autant quitter l’accompagnement des grands groupes pour proposer les mêmes services aux petits groupes d’amis, aux familles, aux particuliers. Elle a rejoint un collectif national « Visitons nos terroirs » qui regroupe des guides-conférenciers de toute la France, désireux de proposer au public des prestations dans leur région.

Sandrine a étudié les propositions touristiques déjà existantes pour trouver son propre créneau. Visiter et "déguster" le coteau de l’Hermitage en petit train, en voiture, en gyropode, à vélo, c’est déjà pris. Alors elle a opté pour une approche plus sportive :  le découvrir à pied, tout simplement. De la passerelle jusqu’à la Chapelle, elle guide les amateurs de randos en racontant l’histoire des villes de Tain et Tournon, les vignes, les cépages, les domaines. L’objectif final de la balade est une dégustation des crus locaux au pied de la Chapelle. Si on ajoute que cela se passe au coucher du soleil, la magie est au rendez-vous.

Petits groupes, respect des gestes barrière, connaissances culturelles et œnologiques, Sandrine maîtrise tout. Même l’accord des vins avec fromages, charcuterie et chocolat. Son enthousiasme et sa bonne humeur engendrent un vrai sentiment de convivialité entre les participants. La saison de randonnées s’achève bientôt, mais au printemps prochain elle proposera des balades accompagnées, avec rencontres de producteurs ou d’artisans sur tout le secteur, Tain, Tournon, Mercurol, Vion, Crussol … jusqu’à la Cance et Annonay. Bonne chance à elle !

Vous pouvez contacter Sandrine Defour au 06 82 27 79 66 ou sur Facebook : Rhône Sand&Tours

Article publié dans le JTT du jeudi 24 septembre 2020.

samedi 19 septembre 2020

Le Prieuré de Charrière


Cette année, les Français redécouvrent les beautés de la France. Et à côté des sites touristiques majeurs, il y a quelques petites merveilles patrimoniales rénovées, soutenues par des associations locales, dont la visite est captivante. 
C’est le cas du Prieuré de Charrière, en Drôme des Collines, à Châteauneuf-de-Galaure. Cet ancien couvent médiéval, propriété communale depuis une vingtaine d’années seulement, est construit sur un promontoire qui domine la Galaure. Les bâtiments caractéristiques de la région, en molasse et galets, érigés par les moines, ont vécu une histoire compliquée. Chapelle bénédictine puis franciscaine, cloître, communs, ont été fortement dégradés par les guerres de religion, la Révolution, puis utilisés comme carrière, avant l’abandon total aux intempéries. Ils sont maintenant restaurés par une association qui propose des visites guidées passionnantes.

Car il est impossible d’appréhender l’intérêt des lieux sans explications. Une foule de détails racontent l’histoire locale, celle des seigneurs de Bathernay et Montchenu, celle de Châteauneuf-de-Galaure et Marthe Robin. L’architecture du Xème siècle, modifiée aux XVe et XVIIe siècles, révèle la technique des constructeurs, l’intérieur raconte la vie quotidienne au couvent et au village. Le chœur voûté de la chapelle gothique conserve des peintures murales évoquant la vie de Saint François. Un beau jardin, quelques arbres centenaires, bordant la rivière, forment un écrin de verdure idyllique pour ces bâtiments dont la rusticité est synonyme de charme et sérénité…





Prieuré de Charrière : 1125, route de Charrière ; 26330 Châteauneuf-de-Galaure

Visites sur RV ; Téléphone : 07.81.51.72.11   ou  06 35 95 03 73 

Attention ! Trouver le prieuré sans GPS est déjà un jeu de piste !


Article publié dans le JTT du jeudi 17 septembre 2020.

jeudi 10 septembre 2020

L’architecture photogénique de la nouvelle Cave Delas

La Cave Delas propose au public, sur réservation, des visites guidées et dégustations. L’occasion de découvrir les nouveaux chais, oeuvre de l’architecte suédois Carl Fredrik Svenstedt, une illustration magistrale de l’architecture contemporaine. 

 

Dès l’entrée, les portails du domaine donnent le ton, avec leurs belles découpes rappelant les pampres de la vigne. Ils ouvrent sur un vaste jardin arboré, entouré de trois bâtiments : les chais, l’hôtel particulier et le caveau de dégustation. Ces structures pourtant différentes coexistent en parfaite harmonie. Mais ce qui aimante le visiteur, c’est le splendide bâtiment des chais, dont le mur de pierres blanches ondule sur 80 m de long.

La façade calcaire de 7,6 m de hauteur évoque des rondeurs des coteaux. Autoportante, elle a été conçue en 3D et taillée par un robot. Chacune des 300 pierres du Gard qui la composent est unique et n’a qu’une position possible. L’ensemble est maintenu grâce à un système de câblage inox traversant les pierres. Mais ce n’est pas tant la technique qui séduit le visiteur que les jeux de lumière entre les parties vitrées et la pierre. Un enchantement pour les yeux, à tous les étages.

Le bâtiment immaculé est une prouesse artistique, pourtant il est destiné à un usage professionnel : vinification et élevage des vins. La cuverie, visible depuis les grandes baies du rez-de-chaussée, impressionne par sa suite impeccable de cuves tronconiques de 60 et 80 hl, toutes en inox (cette forme favorise la remontée des tanins). Les tonneaux, sagement alignés eux aussi dans les deux sous-sols, sont fabriqués en chêne dans la Loire. Clin d’œil au 07 des origines de la maison Delas, ils sont au nombre de 777. Le rafraîchissement des lieux est assuré par géothermie. Partout la lumière jaillit et ricoche sur les murs blancs, grâce à une grande verrière, installée au sommet de la structure. Le jardin panoramique qui la longe, voué à l’événementiel, jouit d’une vue superbe sur les vignes et la ville de Tain.

Une passerelle relie le chai à l’hôtel particulier réhabilité en maison de réception, avec bar, restaurant, salle de conférences et onze chambres. La cave voûtée abrite les plus grands crus de la maison. Et pour conclure la visite, le troisième bâtiment, face au chai, accueille le public : c’est le caveau de vente et de dégustation, soutenu par une colonnade de pierres. De l’intérieur entièrement vitré, on profite pleinement de la vue sur le jardin et le splendide bâtiment des chais, tout en dégustant les différentes appellations du domaine.

Diplômé de l’université de Harvard en 1989 et de la Yale School of Architecture en 1993, Carl Fredrik Svenstedt a fondé son agence à Paris en 2 000. Il privilégie l’utilisation des matières nobles, ici pierre, bois, verre, magnifient le terroir des vins de la Vallée du Rhône. Son « chai d’œuvre » est un enchantement pour les amateurs de bon vin, mais aussi de photographie et d’architecture.

Cave Delas, 40 rue Jules Nadi, Tain l’Hermitage. Tél : 04 75 08 92 97

Article publié dans le JTT.