lundi 29 mai 2023

Bathernay site historique de Monaco

Le village de Bathernay, en Drôme des Collines, a vécu un week-end exaltant les 12/13/14 mai. Des recherches menées par le maire du village ont prouvé que le seigneur Imbert de Bathernay (1438-1523) était un ancêtre des princes de Monaco.  Par une cérémonie officielle, le 12 mai, Bathernay a donc été reconnu comme site historique des Grimaldi de Monaco. Une inscription qui fait de ce modeste village un partenaire pour de nombreuses animations dans la principauté. 

Le 13 mai, on a célébré le 500e anniversaire de la mort du seigneur Imbert, à grand renfort de reconstitution historique, banquet, conférence, danses médiévales… Et le 14 mai, malgré la pluie, des randonnées à pied ou à cheval ont animé la campagne alentour. Mais qui était donc Imbert de Bathernay ? Un petit seigneur local, né au château de Charmes, qui a eu la chance de rencontrer le Dauphin Louis lors d’une partie de chasse en 1455. Devenu l’homme de confiance de Louis, il l’a suivi lors de son exil à Genappe en Belgique. Car Louis était fâché avec son père le roi Charles VII. A la mort de celui-ci, en 1461, Louis est monté sur le trône sous le nom de Louis XI. Et Imbert est devenu un de ses conseillers privilégiés, un rôle de premier plan qu’il conservera sous les règnes de Charles VIII, puis Louis XII, enfin François Ier.

Imbert était un diplomate intelligent et avisé, qui a parcouru l’Europe jusqu’à plus de 80 ans pour ses maîtres. Il a été récompensé par l’octroi d’une centaine de seigneuries en France, dont le Mont-Saint-Michel et le château de Montrésor en Val de Loire, où il a été inhumé. Mais le début de sa fortune fut obtenu avec la main de Georgette de Montchenu, sa promise de jeunesse. Et parmi ses descendants célèbres, outre les Grimaldi, on compte aussi Diane de Poitiers, sa petite-fille. 

Bathernay, Charmes, Montchenu, Saint-Vallier… La Drôme des Collines joue son rôle dans la grande histoire ! 

Article publié dans le JTT du jeudi 1 juin.

jeudi 18 mai 2023

Chronique littéraire : Fille, de Camille Laurens

Cet essai en partie autobiographique est une réflexion sur le sens profond d’« être une fille » dans notre société. Camille Laurens utilise une approche très originale en étudiant d’abord les mots, les expressions liées à la féminité, avant de leur associer la réalité correspondante, vécue par les femmes.  Elle pulvérise ainsi les clichés, démontrant l’omniprésence des inégalités homme-femme encore aujourd’hui. Les mots, les blagues sexistes, toujours présents dans l’inconscient collectif sont significatifs de la situation.

De la naissance à l’âge mûr, en passant par l’enfance, l’adolescence, le mariage, toutes les femmes se retrouveront dans cet essai habile, brillant, et plein d’humour. La partie personnelle, les souvenirs insérés par l’auteure, donnent au texte vie et émotion. Si de plus on a vécu son enfance dans les années cinquante-soixante, on profite à la fois de la nostalgie du passé et d’une relecture signifiante de notre éducation. Un livre féministe que chaque femme devrait lire pour s’interroger et prendre son envol.

Camille Laurens, née en 1957 à Dijon est agrégée de lettres modernes. Après plusieurs années d’enseignement et d’écriture, son œuvre littéraire a été couronnée de nombreux prix. Actuellement elle assure des chroniques régulières pour Le Monde, Libération. « La fille » a été élu meilleur livre de l’année en 2020 par le magazine Lire.

Disponible en poche chez Folio. 

Chronique publiée dans le Jtt du jeudi 18 mai.

Concours du Meilleur Elève Sommelier de France à Tain l'Hermitage


Ils sont deux vainqueurs, une fille et un garçon, Julie Piqueras de Toulouse et Yohan Delobel de Marseille ! Encore tout émus après cette finale éprouvante disputée le vendredi 12 mai à la maison Chapoutier à Tain. Un prestigieux concours, dont c’était la 30e édition, une référence dans le monde de la sommellerie, organisé en grande pompe conjointement par la maison Chapoutier, Métro, premier fournisseur français pour la restauration, et l’éducation nationale.

La finale du concours se passe en public, c’est une grand-messe spectaculaire et stressante pour les élèves. Elle est commentée par un animateur (Vincent Ferniot) et retransmise en direct sur les réseaux sociaux. Le parrain de cette année, Xavier Thuizat, actuellement chef sommelier à l’hôtel Crillon à Paris, est lui-même une pointure : nommé meilleur sommelier de France 2022, c’est un ancien élève du lycée hôtelier de Tain. Les 32 participants à la demi-finale, la veille, sont venus de lycées hôteliers et CFA de toute la France, les jurys étant constitués de professeurs, de professionnels du vin et de membres du comité d’organisation.

Les 6 finalistes, Romain, Johann, Cassandra, Julie, Tom et Lise, avaient une demi-heure chacun pour montrer leurs compétences aux quatre jurys installés à quatre tables sur l’estrade. Un challenge impressionnant devant une salle comble. La première épreuve consistait à proposer au jury 1 des vins en accord avec un somptueux repas en 7 plats élaboré par le chef Christophe Mauguin, président des Toques Blanches de Lyon. De belles appellations ont été évoquées parmi lesquelles Champagne, Chablis, Banyuls, Château-Lafitte, côtes du Jura ou de Beaune, Bandol, Sauternes, Muscadet, Anjou, Rivesaltes, … sans oublier Saint-Péray et Hermitage Chapoutier ! La deuxième épreuve était le service du vin, après décantation à la bougie et carafage. Il y a eu quelques accidents de bouchons, mais les candidats ont gardé leur sang-froid. La troisième épreuve était la reconnaissance, après une dégustation à l’aveugle, de deux vins, rouge et blanc, et deux alcools, ainsi qu’une proposition d’accord avec des mets. Le dernier jury, lui, notait l’aisance, le discours, la maîtrise de l’anglais.

La cérémonie de remise des prix n’a pas démérité. La maison Chapoutier a offert bouteilles et magnums, ainsi qu’un voyage en Australie aux 6 finalistes, Métro a offert de grands vins de Bordeaux, et la maison Pic un week-end pour se confronter au travail de ses sommeliers. Tous les jeunes participant au concours garderont un souvenir mémorable de ce séjour à Tain, si bien accueillis par Michel Chapoutier. L’occasion de belles rencontres, entre eux et avec des professionnels, un beau début de constitution de réseau pour une carrière prometteuse.

Article publié dans le JTT du jeudi 18 mai.

mercredi 17 mai 2023

Christophe Wojcyk, de l'ombre à la lumière

Directeur de cabinet à la mairie de Valence, Christophe est assurément l’éminence grise qui filtre, intervient, gère les innombrables problèmes municipaux, rédige discours et stratégies. Un travail de fond, tout en discrétion, qu’il affectionne. Mais depuis la sortie de son premier roman, « Le portable », il doit assumer une notoriété grandissante, orchestrée par sa maison d’édition parisienne, et affronter la lumière, en se pliant à toutes les promotions, journaux, radios, blogs, influenceurs…

Le livre est sorti le 30 mars 2023, et dès le lendemain, Christophe a participé durant 3 jours au festival « Quai du polar » à Lyon, parmi les grandes pointures du roman noir. Dans la semaine qui a suivi, la librairie valentinoise l’Oiseau Siffleur lui a organisé une séance de dédicaces mémorable. Et depuis, les invitations pleuvent, dont celle du Salon du livre à Paris les 22-23 avril prochains.

« Le portable » n’est pas un roman policier traditionnel, mais plutôt une fable drôle et immorale sur l‘usage abusif de ce prolongement virtuel de nous-mêmes : Comment Léo-Paul s’empara du portable et par là même de la vie de Pierre … Une fiction originale, envoyée en septembre 2022 aux éditions Héloïse d’Ormesson qui ne s’y sont pas trompées en proposant un contrat dès sa lecture. C’est ainsi que pour Christophe l’aventure éditoriale a commencé, pleine d’émotions et de péripéties. Il s’est retrouvé propulsé dans un monde qu’il affectionnait depuis toujours. Plaisir de se confronter à des professionnels de l’écriture, de profiter de leurs conseils en matière de correction, d’approfondissement, de choix de l’illustration, de rédaction de la quatrième de couverture.

Car l’écriture est la passion secrète de Christophe, qui a plus d’un manuscrit dans son sac. Une passion qui a en partie déterminé son parcours professionnel, puisqu’après une école de commerce, ses qualités rédactionnelles lui ont permis d’être recruté pour écrire les discours d’une personnalité politique, puis d’autres élus, au Palais- Bourbon. Homme de l’ombre, rédacteur discret, il est donc tombé naturellement dans la politique, qu’il n’a plus quittée en se tournant ensuite vers la gestion de collectivités locales à Dijon, puis Lyon, enfin à Valence depuis dix ans. 

Christophe apprécie Valence, son climat (il est né en 1968 en Lorraine), son art de vivre, sa géographie, entre Ardèche et Vercors, proche de Lyon ou Marseille. La facilité de s’y déplacer, d’y côtoyer la nature, ressourcement idéal pour laisser libre cours à l’imagination, lors de ses rares moments de loisir. Avec un métier où il est toujours en tension, rien de mieux pour décompresser que cultiver un jardin réel, avant de se replonger dans son jardin virtuel, l’écriture nocturne d’histoires fantaisistes 

Le Portable

Pierre meurt accidentellement dans les bras de Léo-Paul, en lui tendant son portable. Léo-Paul se met sans scrupules à explorer toute sa vie, et peu à peu se substitue au défunt. Dès lors, le virtuel se mêle dangereusement au réel. Usurpation d’identité, épouse abandonnée, dettes de jeux, maître-chanteur, vengeance, tous les ingrédients sont réunis pour une comédie policière savoureusement immorale. La très belle couverture est l’œuvre de Loustal, un artiste reconnu pour avoir illustré en particulier l’œuvre de Simenon, un beau parrainage virtuel d’outre-tombe !

Article publié dans Regard Magazine de mai 2023.

mercredi 10 mai 2023

De Vion à Tain en passant par Albon : la naissance du Dauphiné

La Tour d’Albon est un but de promenade champêtre en Drôme des collines, entre champs de colza, sous-bois fleuris et maisons de pisé. Dominant la vallée du Rhône, jouissant d’un superbe panorama à 360° de l’Ardèche au Vercors, sa position est exceptionnelle, mais son histoire tout autant. Car c’est l’ambition des comtes d’Albon qui a été à l’origine du Dauphiné.

L’histoire commence à Vion, de l’autre côté du Rhône, où une seigneurie s’installe avant l’an mil (la crypte de l’église en témoigne). La dynastie des sieurs de Vion va prendre de l’importance avec Guigues Ier, devenu en 1030 comte d’Albon par la grâce de son oncle l’archevêque de Vienne. Un titre accompagné d’un fief majeur, la partie sud du Viennois, jusqu’à l’Isère. Guigues quitte son domaine de Vion pour s’installer à Albon, c’est vraisemblablement à cette époque qu’il fait construire un premier château-fort (en bois) sur la colline. La tour carrée actuelle sera ajoutée postérieurement.

Par la suite, tous ses successeurs n’auront qu’un objectif : agrandir leurs terres et leur pouvoir. Par des mariages diplomatiques, des guerres de voisinage et surtout l’appui de la hiérarchie religieuse. Ainsi Guigues III ajoute le Grésivaudan à ses possessions. Guigues IV est le premier à porter le prénom Guigo Delphinus, en référence aux liens de sa province avec le Rhône et la mer. Guigues V se fait appeler Dauphin du Viennois dès 1142. Par le jeu successif des héritages, le Dauphiné passe dans le giron des ducs de Bourgogne, donc de l’Empire romain germanique.

Le dernier Dauphin du Viennois, Humbert II, criblé de dettes négocie en 1349 le rachat de celles-ci contre la cession du Dauphiné au roi de France Philippe de Valois. Plusieurs conditions sont émises, entre autres que le fils aîné du roi de France porte désormais le titre de Dauphin. Le traité est scellé par le mariage du futur Charles V, petit-fils de Philippe, avec Jeanne de Bourbon en 1350 à Tain, ville frontière entre Empire et Royaume. Peu de villes françaises peuvent s’enorgueillir d’avoir été le lieu d’un mariage royal, un détour s’impose pour admirer la statue représentant les deux enfants, alors âgés de 12 ans, sur le parvis de l’église de Tain.

Article publié dans le Jtt du jeudi 11 mai.


 

mardi 2 mai 2023

En Marches

Ce n’est pas un slogan politique, ni un appel à bouger, mais l’invitation à découvrir une région italienne méconnue : les Marches. A mi-hauteur de la Botte, côté Adriatique, les Marches ont été formées à partir d’une multitude de petites seigneuries indépendantes, réunies après bien des vicissitudes dans les états pontificaux. Dans un beau paysage de collines cultivées, avec le littoral de l’Adriatique et ses plages comme ligne d’horizon, onze fleuves descendent de l’Apennin vers la mer, délimitant des vallées isolées les unes des autres, avec chacune une capitale au riche patrimoine : Jesi, Fano, Macerata, Urbino, Recanati, Ascoli Piceno, Ancône ...

Les Grecs, Picéniens, Romains, Gaulois, Ostrogoths, Sarrasins s’y sont succédé, la région étant fertile, les villes riches, grâce aux ports commerçant avec Venise et l’Orient. Puis les seigneurs du Moyen-âge s’y sont fait la guerre, ainsi que l’Empereur et le Pape, jusqu’à l’unification italienne en 1861. Toutes ces civilisations ont laissé des traces, les châteaux, fortifications, palais Renaissance, églises baroques, bibliothèques et musées exposent des collections de peinture exceptionnelles.

Au 19è siècle, c’est enfin l’explosion de la vie : plus de 70 théâtres sont construits dans les Marches, et chaque année des festivals renommés s’y succèdent sans cesse. Il faut dire que les Marches sont une pépinière de génies artistiques : l’architecte Bramante, le peintre Raphaël, le poète Leopardi, ainsi que les musiciens Rossini, Pergolese entre autres… La religion y est aussi très présente, avec le sanctuaire de Lorette, ainsi que l’influence de Matteo Ricci, Jésuite parti évangéliser la Chine, et celle de Saint François qui y a fondé de nombreux monastères.


Cerise sur le gâteau : la nature exceptionnelle des Marches. Production agricole avec vignes, oliviers, céréales, qui assurent au voyageur une gastronomie des plus goûteuses. Nombreux parcs naturels, qui s’étagent de 1800 m jusqu’à la mer, paradis des sports de plein air. Les Marches, cette Toscane sauvage encore méconnue du grand public, rappelle la Drôme. Une région privilégiée des Dieux, placée depuis Jules César sous la protection de la Dea Fortuna, la déesse de la chance et de la fortune.

Article publié dans le Jtt.