mardi 29 juillet 2014

Musiques à Saint Hipp

Chaque année, fin juillet, le canton de Saint Hippolyte s’enivre de musique. Le festival éponyme joue l’ouverture en se déplaçant dans de nombreux lieux insolites : grottes, cours intérieures, lavoirs, chapelles … L’ambition du Conservatoire de Musique de Montbéliard, organisateur depuis 2006, est de faire découvrir les beautés de Saint Hippolyte et des villages avoisinants, par des concerts de qualité, tous gratuits, dans une ambiance conviviale.

Mais il n’y a pas que les concerts ! Des animations musicales enchantent aussi les randonneurs, lors de pauses, ou les touristes, pendant les visites guidées de la petite cité franc-comtoise. Renaissance ou baroque, brésilienne ou espagnole, toutes les musiques s’invitent dans ce festival. Elles entrent en parfaite résonance avec la verte nature, entre Doubs et Dessoubre, entre falaises calcaires et cascades moussues, et le riche patrimoine bâti de ces lieux habités depuis le néolithique.

L’office du tourisme accueille et guide les spectateurs lors des impromptus musicaux. Les commerçants s'impliquent en proposant ensuite des dégustations de produits régionaux, saucisses et comté, pain à l’ancienne ou bière traditionnelle. Tant pis si la pluie s'invite : en Franche-Comté, l’hospitalité ne s'embarrasse pas de considérations météorologiques !

www.tourisme-saint-hippolyte-doubs.fr


mercredi 23 juillet 2014

Chronique littéraire : Frida Kahlo, de Gérard de Cortanze

Souffrance et créativité, gloire et amour, forment la trame de la vie passionnée et tumultueuse de Frida, égérie de la peinture mexicaine, dont les toiles exposées au Musée de L’Orangerie à Paris ont connu un grand succès au printemps. Gérard de Cortanze nous propose ici une biographie sensible et enthousiaste, ainsi qu'une plongée dans l'histoire récente du pays.

Frida Kahlo nait au sud de Mexico en 1907. Belle, vive, intelligente, mais marquée par la malchance : à 8 ans, poliomyélite, à 19 ans, accident de bus. Frida, traversée de part en part par un rail métallique, souffrant de fractures innombrables, connaitra une succession d’opérations, accompagnées d’une douleur croissante.
Pendant les longs mois d’hôpital, emprisonnée dans un corset, elle décide de se mettre à la peinture, fait installer un miroir au-dessus de son lit, et se lance dans les autoportraits. 
Quand elle rencontre Diego Rivera (1886-1957), monstre sacré de la peinture murale, artiste reconnu et jouisseur impénitent, c’est le coup de foudre. Admiration mutuelle, mariage en 1929, installation à San Francisco. Mais désaccords et aventures se multiplient.
Frida et Diego ne peuvent ni se supporter ensemble, ni s’éloigner l’un de l’autre. Divorce en 1938, puis remariage en 1940. Frida crée des toiles criant sa souffrance. Sa peinture est reconnue, mais son état de santé s’aggrave, jusqu’à sa mort en 1954.

Gérard de Cortanze, né à Paris en 1948, écrivain et critique, est un fabuleux conteur. Sa biographie de Frida Kahlo est un excellent remède contre la tendance à s’épancher sur soi : Frida, malgré ses difficultés, a toujours choisi de vivre dangereusement et pleinement.

A découvrir en Livre de poche au prix de 6.60€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 31 juillet.

mardi 15 juillet 2014

Dormir dans les arbres

Quand la chaleur se fait lourde en Vallée du Rhône, la montagne ardéchoise invite à retrouver la fraîcheur. Et si on aime les sensations inédites, l'immersion totale dans la nature, quoi de plus agréable que de passer une nuit dans une cabane perchée dans les arbres ?

Dans l'immense forêt de pins et châtaigniers, entre Saint Basile et Saint Julien Labrousse, à une dizaine de kilomètres de Lamastre, Jean-Luc Brottes a conçu un système d'hôtellerie particulier : un "village" d'une dizaine de cabanes perchées, à louer pour une ou plusieurs nuits.
Les cabanes sont installées à des hauteurs allant de 5 m à 10 m, elles sont de tailles et de formes différentes, construites sur pilotis ou haubanées autour du tronc. On y accède par des escaliers de bois, des échelles de corde ou en rappel, au choix. Si le confort intérieur est minimal (ni eau ni électricité), la qualité et le raffinement de la construction témoignent du savoir-faire des ébénistes : terrasses couvertes, mobilier rustique sculpté, fenêtres découpées en forme d'animaux. Les chambres-cocons sont munies de toilettes sèches, un bâtiment sanitaire central assurant les autres nécessités.

Une nuit en cabane perchée ressemble à une nuit à la belle étoile, pourtant, nul besoin d'être un baroudeur pour en profiter, tout a été pensé pour le confort, à tout âge.
Après un apéritif d'accueil en fin de journée (le castagnou, spécialité locale), chaque personne reçoit un panier-repas chaud, à déguster sur sa terrasse dans les arbres. On peut, si la météo le permet (à 850m d'altitude), s'y attarder pour écouter les bruits de la forêt, sentir les odeurs de pins, apprécier le panorama sur les Cévennes, admirer les étoiles. Avant de regagner sa chambrette lambrissée, aux fenêtres ouvertes sur la canopée.
Au matin, c'est le tintement du grelot de la mule Myrtille qui sonne le réveil : elle porte les paniers du petit-déjeuner, que les gérants accrochent à un filin au bas de votre arbre. Vous n'avez qu'à manœuvrer la poulie pour déguster votre café chaud.
A l'instar de Marguerite Duras, on a envie de poursuivre l'aventure, et de passer des journées entières dans les arbres.

Les cabanes de Labrousse, Le Grand Bouveyron, 07160 Saint Julien Labrousse.
contact@cabanes-ardeche.com

mercredi 9 juillet 2014

Chronique littéraire : Dix rêves de pierre, de Blandine Le Callet

Un recueil de nouvelles, où Blandine Le Callet, à partir d’épitaphes, invente les derniers instants de la vie de dix personnages. Aux phrases laconiques ou lyriques, gravées dans la pierre à travers les siècles, elle donne une signification, et brode une histoire.

C’est d’abord un beau travail de documentation, car les nouvelles,  présentées dans l’ordre chronologique, mettent en scène des époques diverses, de l’Empire Romain à la deuxième guerre mondiale. Il faut saluer aussi le talent exceptionnel de la conteuse, tant l’immersion dans chaque époque est réussie, la précision des portraits et des situations rendant les personnages rapidement familiers.
Par petites touches, on pénètre dans un univers, une problématique, différents à chaque nouvelle. C’est un chien jaune, dénominateur commun à toutes ces histoires, qui signale l’imminence du danger. Tremblement de terre, fausses couches, extermination raciale, inceste, de nombreux sujets sont évoqués. Observés par le petit bout de la lorgnette, ils confrontent le lecteur à une réflexion multiple.

A la fin de l’ouvrage, Blandine Le Callet raconte la gestation de son livre. Comment la lecture d’épitaphes étranges l’a émue, perturbée, interrogée. Elle a mené en parallèle la recherche de ses propres origines. N’obtenant pas de traces objectives, il ne lui restait qu’à donner libre cours à son imagination. De la belle ouvrage.

Dix rêves de pierre est disponible en Livre de Poche au prix de 6.60 €.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 10 juillet 2014.

jeudi 3 juillet 2014

Portugal : La Biblioteca Joanina

La première université du Portugal a été fondée à Coimbra au XIIIème siècle. Elle a ensuite été déplacée à Lisbonne, ramenée à Coimbra, plusieurs fois pendant trois siècles, au gré des invasions et de la volonté des rois. En 1537, le roi João III a fixé l’université à Coimbra, l’a installée dans son palais, et dotée d’une bibliothèque publique. Elle s’y est développée, devenant un important centre humaniste d'Europe. Actuellement l’université de Coimbra, dans ses nouveaux locaux, est toujours une référence en médecine, mathématiques, droit et littérature. Et le Paço das Escolas est inscrit depuis 2013 au Patrimoine de l’Humanité.

C’est sous le règne de Don João V qu’a été édifiée la magnifique Bibliothèque Joanina, entre 1717 et 1728. Pas de problèmes de trésorerie : on venait de découvrir des mines d’or au Brésil ! Grandiose par son architecture baroque, son portail à colonnes corinthiennes, et sa décoration intérieure somptueuse, elle contient environ 30 000 ouvrages anciens et 5 000 manuscrits, réunis depuis le XVIème siècle. On peut visiter trois vastes salles au mobilier précieux, bois doré aux motifs chinois laqués, plafonds peints en trompe l’œil, escaliers encastrés dans les piliers, rayonnages de chêne. Mais impossible d’apercevoir la fameuse colonie de chauve-souris qu’elle héberge… Pourtant, depuis 200 ans, ces bestioles sont chargées de chasser les insectes pouvant mettre en péril les livres anciens.
 

A Coimbra, donc, les traditions perdurent. Ainsi, les étudiants, vêtus de leur cape noire, frangée d’autant de coups de ciseaux que de peines de cœur, jouent de la guitare et chantent un fado sentimental au fil des rues. Pas de débordements à craindre : sous la bibliothèque se trouve le cachot des étudiants, c’est là qu’on les enfermait jadis pour raisons disciplinaires !