dimanche 31 mai 2020

Chronique littéraire : Le lion, de Joseph Kessel

Un texte magnifique, paru en 1958, qui a gardé toute sa force et sa beauté. C’est l'histoire d’une amitié entre une fillette nommée Patricia et un lion appelé King. Patricia est la fille de l’administrateur du parc national du Kenya. Un jour, un lionceau minuscule, faible et affamé, y a été trouvé par les rangers et est devenu la mascotte de Patricia. Il a grandi avec elle, jusqu’au moment où devenu un animal puissant, il a été rendu à la vie sauvage. Mais Patricia, à 10 ans, continue de le retrouver chaque jour pour jouer avec lui en pleine jungle.

Un visiteur du parc, happé par la nature et la faune sauvage, est témoin de leur complicité, qui le fascine autant qu'elle l'intrigue. Il prolonge son séjour dans le parc, pressentant un conflit familial et un drame qu'il devine inéluctable. Car, si le père de Patricia, John Bullit, respecte la communion de sa fille avec la nature sauvage, sa femme Sybil voudrait l’éloigner pour qu’elle reçoive une bonne éducation. La description de la vie des animaux de la jungle, celle des différentes tribus locales, Masaï et Kikouyous, les rites, les difficultés et les beautés de la vie dans la réserve, sont évoqués dans un style fluide et précis. Un voyage éblouissant au pays des grands fauves, avec des personnages attachants et une intrigue passionnante.

Joseph Kessel (né en 1898 en Argentine et mort en 1979 dans le Val-d'Oise), est un des plus grands romanciers français du XXè siècle. Aviateur pendant la Première Guerre mondiale, il tire de cette expérience humaine son premier grand succès littéraire, L'Équipage, publié à 25 ans. Après la guerre, il se consacre au journalisme et à l'écriture romanesque. Correspondant de guerre au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint ensuite le général de Gaulle à Londres. C’est lui qui compose avec son neveu Maurice Druon les paroles du Chant des Partisans qui devient l'hymne de la Résistance. Il finit la guerre comme capitaine dans l'aviation. Après la Libération, il retourne aux voyages dont il tire de grands reportages et la matière de ses romans. Il est élu à l'Académie française en 1962. 

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 28 mai 2020.

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