jeudi 28 mai 2020

Les cygnes du bord du Rhône, une histoire naturelle passionnante


Après une quarantaine (en plein air, pas confinée) de jours passés bien au chaud sous le ventre de leur mère, les oeufs de Madame Cygne viennent enfin d’éclore. Trois poussins samedi, trois autres, dimanche, les naissances, comme la ponte, sont échelonnées. C’est émouvant de voir la maman retourner délicatement les œufs pour aider les petits à se dégager de la coquille. Le premier bain aussi est une merveille de délicatesse. Les promeneurs du bord du Rhône se régalent de ce spectacle naturel et partagent ainsi un moment de convivialité avec les habitants du quartier.

Les petits cygneaux sont d'abord gris et, après une année environ, leur plumage devient blanc. Ils suivent leur mère pendant les premiers mois. Le mâle et la femelle sont très protecteurs. Leurs becs sont puissants. Alors ne vous approchez pas trop ! Chaque année, quelques jours après les naissances, les cygnes du Rhône retournent en famille vers l’embouchure du Doux, leur domicile habituel.

Les Cygnes appartiennent à la famille des anatidés. Leur grand cou souple est soutenu par 24 vertèbres cervicales, leurs pattes sont palmées et leurs belles plumes blanches très appréciées. Ils sont parmi les plus gros oiseaux volants, pesant jusqu'à 15 kg et mesurant 1,50 m environ. Comme ils sont lourds, il leur faut beaucoup de distance pour s'envoler, mais ils volent très bien. Les cygnes sont herbivores, ils se nourrissent dans l'eau et sur terre, de racines, de tubercules, de plantes aquatiques. Ils mangent environ 3 à 4 kg de nourriture par jour. Le pain sec est néfaste pour eux, car ils ne tolèrent pas la farine et l'amidon. Pire : si on leur jette du pain, cela attire les corneilles, qui attaquent les cygneaux.

Les cygnes s'accouplent et vivent ensemble plusieurs années. Leur nid, constitué de roseaux et autres végétaux aquatiques, mêlés de boue, est édifié sur la terre ferme, à proximité de l'eau. Il peut mesurer 2 mètres à la base et une soixantaine de centimètres de hauteur. Le mâle se charge de rechercher des matériaux et de les apporter à la femelle, qui les dispose ensuite. Cette construction importante perdure d'une année sur l'autre et est alors réaménagée et consolidée. À son sommet, la femelle façonne un creux de 10 à 15 centimètres de profondeur qu’elle tapisse d'un peu de duvet et de fins éléments végétaux. C’est là qu’elle pond ses œufs, à raison d’un à deux par jour. Il faut compter environ quarante jours de couvaison, Madame Cygne reste alors sagement sur son nid, tandis que Monsieur Cygne se charge du ravitaillement et de la sécurité.

Leur majesté, leur élégance, font que de tout temps les cygnes ont été l’objet de légendes. Ainsi l’argument du célèbre « Lac des cygnes » : le prince Siegfried chasse en forêt, il arrive près d’ un lac, royaume du sorcier Rotbart. Celui-ci retient une princesse prisonnière. Il lui a jeté un sort : la jeune fille, transformée en cygne, ne peut reprendre son apparence humaine qu'au coucher du soleil. Et ne pourra être délivrée que par un homme qui l'aimera …

Et pour terminer, une expression qui remonte à l’Antiquité grecque : « le chant du cygne ». Elle vient du fait que juste avant de mourir, le cygne chante davantage et avec plus de force. Avec une longévité moyenne d’environ 20 ans, on peut espérer ne pas l’entendre, et revoir les cygnes nicher au bord du Rhône au prochain printemps.


Article publié dans le JTT du jeudi 28 mai.

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