jeudi 30 avril 2020

Edward Hopper, peintre de la solitude et de la distanciation sociale


Edward Hopper (1882- 1967) est le plus célèbre des peintres américains. Ses paysages urbains ou naturels, sa mise en scène de la vie quotidienne dans les années cinquante, l’ont imposé comme un maître du réalisme et de la couleur. Mais pas seulement : il se dégage de ses toiles une ambiance mystérieuse, voire angoissante. Quelques personnages mélancoliques sont figés dans un univers froid. Routes et voies ferrées vides traversent ses toiles, illustrant le gigantisme des paysages américains, granges et stations-service abandonnées suggèrent l’absence de l’homme.
Hopper est un cinéphile averti, ses toiles ressemblent à des scènes de vie saisies au vol. Mais des scènes désertées comme le sont nos villes en pleine pandémie. Son œuvre a souvent influencé le cinéma et la littérature : Alfred Hitchcock s’en est inspiré pour les décors de ses films d’épouvante. Cette année, Wim Wenders a réalisé, spécialement pour l’exposition Hopper qui se tient à Bâle en Suisse, un court-métrage dans lequel les tableaux de Hopper s’animent et deviennent de petits films.


Après des études à la New-York school of arts, puis des voyages en Europe pour parfaire sa formation en étudiant les grands courants de peinture, Hopper s’installe en 1908 comme illustrateur à New-York. Il se dégage rapidement de l’impressionnisme pour affirmer son trait et ses aplats de couleurs tranchées. Passionné d’architecture et de navigation, il représente les maisons de la côte Est, les phares, les voiliers, avec une grande précision. Explore la relation entre l’homme et la nature. Entre les deux guerres, Hopper expose avec un succès croissant aux USA. Pourtant, en Europe, où règne l’abstraction, il n’est ni reconnu ni exposé. Il faudra attendre les années 2000, bien après sa mort, pour que le Vieux continent s’intéresse à lui. La consécration internationale est alors immédiate, comme en 2012 au Grand-Palais à Paris.

La Fondation Beyeler de Bâle a réuni une soixantaine d’œuvres issues de collections particulières pour son exposition de printemps. Aquarelles, dessins, huiles, dans un jeu d’ombre et de lumière, mettent en évidence l’influence de l’environnement sur l’homme, et son immense solitude. Hopper est vraiment le peintre de la vie moderne, jusque dans la représentation involontaire de la vie figée que nous vivons actuellement.

L’exposition est évidemment fermée au public, mais on peut consulter le site : https://www.fondationbeyeler.ch/fr/edwardhopper

Article publié dans le JTT du jeudi 30 avril 2020.

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