lundi 1 août 2016

Chronique littéraire : Bilqiss, de Saphia Azzeddine

Bilqiss, c'est le nom de la Reine de Saba, un nom qui évoque les splendeurs et les mythes de l'Orient. Pourtant, ici, pas question d'histoire romanesque. L'héroïne, belle et cultivée, est emprisonnée dans une geôle sordide, dans un pays à feu et à sang, livré aux islamistes radicaux. Elle attend la mort. Son crime : avoir dirigé la prière, ce qui est interdit aux femmes.

Dans un pays non nommé, soumis à une dictature islamiste, les femmes vivent l'enfer, écrasées par des intégristes incultes qui les rendent responsables de toutes leurs pulsions. Soumises, privées d'éducation, cloîtrées, niées, certaines arrivent pourtant à résister en secret, à préserver grandeur et dignité. A s'échapper, par la poésie, l'imagination ou la prière, comme Bilqiss, dont le procès soulève l'indignation du monde entier.
La verve et l'insolence de l'auteur, comme celles de son héroïne, font la force du roman, qui dénonce violemment le sort fait aux femmes. Mais le débat soulevé est plus général: Où commence la violence ? Qui peut juger ? Qui peut se croire en possession de la vérité ? La journaliste américaine qui a trouvé là un sujet de reportage à chaud sera surprise d'admettre qu'elle n'est pas forcément du côté de la liberté.

Saphia Azzeddine réussit dans ce roman-brûlot passionnant à faire partager sa foi pour l'Islam, et sa détestation de la version déformée par les fanatiques. Son féminisme, et la remise en cause du modèle occidental. Sa passion pour l'écriture, et la pratique des joutes oratoires
Née en 1979 à Agadir, d'une mère Française et d'un père Marocain, Saphia Azzeddine est journaliste, scénariste, écrivain, auteur de plusieurs romans à succès depuis 2005. Son récit devrait être mis dans les mains de toutes les femmes bafouées.

Bilqiss est disponible en édition de poche chez J'ai lu.

Chronique publiée dans le JTT.

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