dimanche 18 août 2013

Lourdes, de Jessica Hausner, un film qui interpelle

A l’occasion de l’Assomption, Arte a osé programmer un film déroutant, sur un sujet complexe : le rapport à la foi. Le titre est sobre : Lourdes. L’argument est simple : on suit un groupe de malades, plus ou moins handicapés, pris en charge par des bénévoles de l’Ordre de Malte, dans les différentes étapes du pèlerinage. Sylvie Testud interprète le rôle principal, celui d’une malade clouée dans un fauteuil roulant par une sclérose en plaques. Sans être croyante, elle est venue là pour sortir de sa solitude.  Son jeu, tout en retenue, est une merveille de réalisme.

Le film ressemble d’abord à un documentaire presque froid, une visite en images des lieux de prière. Peu à peu, il s’attarde sur les réactions des deux humanités forcées de cohabiter : les malades, dépendants, statiques, mus par l’espoir d’une guérison, et leurs accompagnateurs (Léa Seydoux, Bruno Todeschini) bouillonnants de vie, qui essaient de s’amuser malgré les consignes de la supérieure, sœur Cécile, à l’ardeur mystique. Les costumes, vifs ou ternes, accentuent encore les différences de statut.
La question fondamentale, croire, est posée, les différences entre foi, religion, piété sont pointées. Le commerce des marchands du Temple répond au marchandage des malades avec Dieu. Quand le miracle a lieu, et que Sylvie Testud se lève, la joie et l’incrédulité se mélangent. Pourquoi elle ? L’aigreur, la jalousie, mais aussi l’incertitude planent. Les incroyants sont rattrapés par l’incroyable.

Beaucoup de questions, pas de réponses, la réalisatrice Jessica Hausner a réussi un film perturbant, sans déraper vers la facilité. Pas de prosélytisme, ni de moqueries grotesques. A chacun de réfléchir, de trouver sa voie. C’est inhabituel et déstabilisant. Ce film  n’a pas connu le succès qu’il méritait, à sa sortie, en juillet 2011, pourtant il trouble en profondeur.

1 commentaire:

  1. Ancienne brancardière de Lourdes, je suis tombée par hasard sur ce film qui n'a pas manqué de réveiller de vieux souvenirs, notamment sur le rapport entre les malades et les accompagnants.
    A la fois mystique et réaliste, tantôt poussé au surnaturel, tantôt terre à terre, la réalisatrice et les acteurs ont présenté un film "sur le bon ton".
    Sans exubérance, ni caricature, le film tient en haleine jusqu'au générique de fin (sans doute dans l'espoir d'un peu d'action!).
    Je conseille

    Marie D.

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