vendredi 2 novembre 2012

La Saint Martin en Ajoie

Le 11 novembre prochain, dans cette région suisse au joli nom, qui jouxte mon Territoire, on célèbre une grande fête populaire. Pas question de guerre ni d’armistice, on connait la stratégie pacifiste de nos voisins. Le 11 novembre, pour eux, c’est la Saint Martin, l’occasion de grandes ripailles. Une tradition automnale qui perdure depuis plusieurs siècles.

Pourquoi Saint Martin ? Parce que le célèbre évêque de Tours, qui donna la moitié de son manteau à un pauvre, était très populaire dans nos campagnes. Et à l’époque, l’Ajoie dépendait du comté de Montbéliard, diocèse de Besançon.
Les ripailles, ça se comprend : La Saint Martin, à la mi-novembre, marquait la fin des travaux agricoles, chacun réglait ses baux, payait ses dettes. Les récoltes étaient rentrées, les porcs gras à point. Et comme les réserves pour l’hiver ne permettraient pas de les nourrir, c’était le moment de les tuer, et de préparer leur viande, la fumer, la saler, pour la conserver. Ce qui ne pouvait pas se garder, on le mangeait tout de suite. D’où le menu traditionnel de la Saint Martin, à base de cochonnailles et de produits de saison :

-         Bouillon aux petits légumes
-         Gelée de ménage
-         Boudin à la crème, compote de pommes et salade de racines
-         Grillades, atriaux et rôti, accompagnés de rösti et salade verte

-         Sorbet à la damassine, eau de vie de prunes de la région
-         Choucroute garnie

-         Totché, un gâteau régional à la crème épaisse, plutôt acidulé
-         Crème brûlée

Il faut un solide appétit ! Tous les restaurants de la région proposent ce menu pantagruélique, et affichent complet. Même si, dans les familles, on se transmet les mille et une façons de cuisiner le porc, on préfère « faire la Saint Martin » en ville, où la fête bat son plein. A Porrentruy (au nom prédestiné ?) : concerts, expos, marché de Saint Martin, concours de vitrines sur le thème du cochon… On peut assister à des courses de cochons, promener son cochon en laisse, et même dénicher quelques petites cochonneries !

Rassurez-vous, si vous ratez le week-end du 11 novembre, ou si vous aimez faire bombance, il y a une deuxième chance : une semaine plus tard, c’est le « revira ». Avec une météo souvent complice, le fameux été de la Saint Martin, comme le chantait Jean Ferrat :

« C'étaient mémorables festins
C'étaient délectables nuits blanches
Je priais que mon coeur ne flanche
A l'été de la Saint-Martin… »

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