vendredi 23 mars 2012

La chronique : "Le Cuisinier" de Martin Suter

Ma chronique littéraire, parue dans le  JTT  du jeudi 22 mars 2012



Aujourd’hui, je me suis régalée, avec Le cuisinier, un polar culinaire de Martin Suter.
Livre traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.

Non, il ne s’agit pas de Marcon ou de Pic. Ni de Bocuse ou Chabran. Ce cuisinier-là vient de beaucoup plus loin : Maravan est un jeune Tamoul immigré en Suisse, à Zurich. Spécialiste en cuisine ayurvédique, expert en épices aphrodisiaques et autres raffinements orientaux.

Pour lui, ça commence mal. Obligé de jouer les laveurs de vaisselle dans un restaurant chic, malgré sa qualification, puis viré comme un malpropre, il doit sa survie à son amie Andrea, une femme décidée, qui a compris le parti à tirer de sa cuisine exceptionnelle, propre à dérider les sens de n’importe quel(le) partenaire. Mélange complexe de saveurs et senteurs, préparations sophistiquées, transformations moléculaires, Maravan est à la fois un maître de la métamorphose, et très respectueux de sa cuisine ancestrale.
A Zurich, comme partout, le pouvoir, l’argent et le sexe s’attirent. Le concept de «Love food», restauration aphrodisiaque, est un succès, qui éloigne peu à peu Maravan de ses préoccupations éthiques. Et quand les résultats dépassent les espérances, la question est de savoir s’arrêter avant le danger.

Martin Suter est un écrivain suisse, né en 1948, originaire de Zurich. Après avoir travaillé dans la publicité, il s’est tourné vers l’écriture, et a publié depuis 1991 des romans à succès, mêlant critique sociale et intrigues originales très documentées. La bourgeoisie suisse affairiste, d’une part, le communautarisme belliqueux des Tigres Tamouls d’autre part, sont ici vilipendés avec force.

La sérénité mentale de Maravan tranche avec la volonté de puissance de son entourage. Ses recettes raffinées, mélange d’esthétique et de savoir-faire, sont même précisées dans le chapitre final. Essayer ? Mais les feuilles de calioupé, graines de cardamome, et autre curcuma en poudre, ce n’est pas facile à trouver. Alors, juste saliver…

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