lundi 26 mars 2012

Hola Barcelona !

Quatre jours pour découvrir cette capitale cosmopolite, accueillante pour le touriste, propre, calme, moderne. Tout fonctionne à merveille, aérobus, métro, funiculaire. Les passants, vendeurs, serveurs, souriants, comprennent le français. Le catalan est décryptable. Pas d’agression par la pub, les klaxons ou les crachats. Détente assurée.

Tant de richesses : la vieille ville, ses dédales de ruelles sombres, ses églises et places ombragées de palmiers. Les Ramblas, ponctués de fleurs, d’oiseaux et de kiosques divers, pris d’assaut par un flot incessant de promeneurs.
La mer d’un bleu intense, le port dominé par la statue de Christophe Colomb, saluant le large. Les plages de la Barceloneta au soleil, le marché aux poissons, celui des fruits. Les bars à tapas. Et la colline de Montjuic, son fort austère, une merveilleuse vue panoramique, des jardins en cascade. Des musées à foison, art roman ou gothique, Miro ou Picasso…
 
Mais le plus spécifique, le plus extraordinaire, c’est l’omniprésence des œuvres de Gaudi dans la ville moderne. Né en 1852, Antoni Gaudi, au génie visionnaire, a révolutionné l’urbanisme et imposé sa créativité. Grâce au soutien d’un mécène inconditionnel, le Comte Güell.
Diplômé d’architecture à Barcelone en 1878, il a dessiné, réalisé, sans relâche lampadaires, immeubles, jardins, usines, églises, dans un style moderne et esthétique, l’Art Nouveau.
Ses créations sont époustouflantes. Dès ses débuts, son style s’éloigne de tout ce qui est conventionnel. Gaudi s’inspire de la nature, cyprès et palmiers, fleurs et oiseaux, fruits et graines, coquillages et œufs, pour décorer ou inventer des courbes, des lignes, des vagues qui leur ressemblent. Une géométrie ondulatoire, et un délire de couleurs.

La Pedrera est l’exemple le plus abouti des immeubles à usage d’habitation que Gaudi créait. Non seulement le plan est à la fois fonctionnel et original, avec d’immenses patios intérieurs, pour apporter le maximum de lumière, mais la décoration, ferronnerie, verre, bois, céramique, est extravagante. L’émerveillement est total en débouchant sur le toit ondulé,  où les cheminées anthropomorphes forment un jardin de sculptures en plein ciel.

En 1886, à 34 ans, Gaudi prend la direction du chantier de la Sagrada Familia, la « cathédrale des pauvres », son œuvre majeure. Il y consacrera quarante ans de sa vie, jusqu’à son décès accidentel en 1926.
J’avais visité la Sagrada Familia en 2007, l’extérieur était déjà prodigieux, les hauts clochers en forme d’épis de maïs, les deux portails, la Passion et la Nativité, d’une richesse sculpturale époustouflante, mais l’intérieur était entièrement bâché, invisible.
Aujourd’hui, entrer dans la nef terminée est un éblouissement. Une forêt de piliers-arbres soutient une frondaison de feuilles de pierres. Vitraux colorés, escaliers en colimaçons, voûtes dorées, l’ensemble est inondé de lumière. Chaque détail est une performance esthétique et technique, et renvoie à des références religieuses ou naturelles. Une imagination, une originalité et une culture hors normes.

Le contraste est d’autant plus grand, quand on découvre l’austère bureau de Gaudi, installé dans la Sagrada Familia, où il vivait pour plus de commodité. De simples instruments de géomètre, des rouleaux de papier, des crayons. Ses maquettes bricolées, hyperboles et paraboles, ses études de répartition des forces grâce à de petits sacs de plomb, ses structures en fil, inversées par miroir. Avec ces modestes modèles, son intelligence fulgurante lui permettait de visualiser l’ensemble, de maîtriser les étapes de la construction d’un chantier gigantesque entamé partout à la fois. Gaudi a fait exploser non seulement les limites de l’architecture, mais les capacités de tous les corps de métier. Ses papiers, ses calculs ont brûlé, il faut actuellement une armada d’ingénieurs, équipés des ordinateurs les plus performants, pour vaincre les difficultés techniques et poursuivre son travail.

Gaudi était un génie. Et Barcelone lui rend hommage, en s’ouvrant aux meilleurs architectes actuels, Ricardo Bofill, Jean Nouvel, Franck Gehry ...

18/19/20/21 mars 2012

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