samedi 4 janvier 2014

Chronique littéraire : Banquises, de Valentine Goby

Celles du Groenland, où Lisa vient chercher, 22 ans après sa disparition, des traces de sa sœur Sarah. La banquise, implacable, peut-elle fournir un début d'explication ? Pourquoi Sarah est-elle partie là-bas ? Pour trouver un refuge à sa douleur dans l'infini blanc ? Comment a t-elle disparu ? 
La narration alterne entre la découverte de l'Arctique par Lisa, et le cheminement familial pour accepter la disparition, le deuil. 
Au présent, c'est un document précis et argumenté sur le Groenland, qui meurt du réchauffement planétaire. Les bouleversements climatiques entraînent la ruine des pêcheurs, la fin des chiens de traîneau, même le volcan islandais éructe ses cendres et sa colère.
Au passé, Valentine Goby analyse la douleur, le deuil impossible, refusé, et ses conséquences pour les vivants : parents recroquevillés sur l'espoir, refusant la réalité. Lisa obligée de gérer seule son chagrin, et le leur. Plus encore, devant accepter leur désintérêt à son égard.
Anorexie ou fuite, Lisa, comme Sarah auparavant, éprouvent la douleur de l'amour mort, se laissent submerger, avant de chercher l'espoir dans la musique, l'écriture ou l'intensité de la banquise.
Vocabulaire riche, style fluide mais travaillé, émotion retenue. Ce roman de la disparition est froid et intense comme une brûlure de glace.

Valentine Goby est née en 1974 à Grasse. Après des études à Sciences Po, elle a travaillé dans l'humanitaire en Asie, puis est devenue enseignante en littérature et théâtre, avant de se consacrer à l'écriture.
Banquises est édité en Livre de Poche au prix de 6,60€.


Chronique publiée dans le JTT du jeudi 2 janvier 2014.

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