mercredi 15 janvier 2014

Roger Comte, un prince en espadrilles

L’expression est de Jean Cocteau, qui a côtoyé Roger Comte pendant ses années parisiennes. C’est le titre choisi par Annie Marandin pour le beau livre qu’elle publie aux Editions Sékoya, en hommage à cette personnalité extravagante bien connue des Francs-Comtois.

Roger Comte, né à Belfort en 1913, décédé en 2006 à Hérimoncourt, est un artiste peintre régional, qui a mené une vie de bohême hors normes. Enfance choyée et petits métiers entre Belfort et Montbéliard, découverte de la peinture et passage à  Paris, entre misère et exploitation, il a côtoyé les grands artistes de l’époque, qui ont salué son talent original, inclassable. De retour en région, il a décidé de vivre de son art. Entre deux expositions, il écumait le Doubs et le Territoire de Belfort, vendant ses tableaux au porte-à-porte pour gagner sa vie. Tableaux qu’il exécutait rapidement, savait vendre avec un bagout exceptionnel, et convertissait aussitôt. Une croûte vendue, et il achetait de la peinture ou … cassait la croûte !

L’homme était sympathique, à l’aise partout, et vraiment hors du commun. Poète gouailleur ou mystique, la tête dans les étoiles, sans le sou mais follement généreux, vivant en grand seigneur dans des taudis, il ne se déplaçait qu’à cheval ou en taxi. Il se moquait du qu’en dira-t-on, des catégories,  adorait le cirque, la fête, la compagnie d’amis. Un saltimbanque qui faisait rêver ceux qui avaient gardé un cœur d’enfant. Le sien était dévoué à sa muse, Cécile.
C’est dans sa maison d’Hérimoncourt qu’il a fini ses jours, après avoir ouvert un petit musée, où on peut encore aujourd’hui admirer toute la diversité de son talent. Les bénévoles qui font vivre son œuvre et sa mémoire, partagent de multiples anecdotes avec des visiteurs, qui souvent l’ont connu et … méconnu.

Le livre, richement illustré par les toiles de Roger Comte, réunit de nombreux témoignages, photos et courriers. De quoi faire apprécier l’homme, la qualité de sa peinture, mais aussi celle de son écriture. Qu’Annie Marandin a tissée admirablement avec sa propre plume, celle d’une conteuse qui sait ouvrir les portes du merveilleux.

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