La grande attraction se trouve près
du kiosque, sous les platanes : une étrange ménagerie à ciel
ouvert, avec poules et poussins de toutes races, dont la superbe poule de
soie, fragile et duveteuse, poussins, canards, oies et pintades,
pigeons. Le poulailler caquette, tandis que lapins, cochons, moutons,
veaux, se serrent frileusement dans les coins, pour échapper aux
regards des badauds. Cette année, des chevaux de trait au pelage
lustré, et des oiseaux de paradis ont du succès chez les enfants.
Qui ne sont pas seuls à s'intéresser aux bestioles : de nombreux
clients repartent avec un carton troué, ficelé, renfermant des
volatiles à engraisser cet hiver.
jeudi 29 août 2013
La Foire aux Oignons
samedi 24 août 2013
Chronique littéraire : Limonov, de Emmanuel Carrère
Qui est-ce ? Un contemporain, né en URSS en 1943,
transfuge à New York, puis réfugié à Paris, engagé côté serbe, enfin opposant à
Poutine… Une destinée extraordinaire, portée par une suite de bouleversements
politiques. Emmanuel Carrère, dans cette biographie romanesque, revisite toute
l’histoire de l’Europe des dernières décennies.

Emmanuel Carrère a rencontré personnellement le héros de son
livre. Il se vautre avec plaisir, lui,
le bobo parisien, dans les débauches
sexuelles ou autres de son truculent personnage. Qui reste avant tout un être humain,
malgré son ambition démesurée : Limonov n’a jamais peur de se coltiner à la
difficulté, à la misère, et en paye le prix, pour rester en accord avec ses
idées.
Emmanuel Carrère, écrivain français né en 1957, connait admirablement la Russie. Il se régale de la géopolitique mondiale, et nous offre
ici une occasion brillante de réfléchir à l’histoire du siècle en Europe.
Limonov a obtenu
le Prix Renaudot en 2011. Il est disponible en Folio au prix de
8.10€.Chronique publiée dans le JTT du jeudi 22 août 2013.
dimanche 18 août 2013
Lourdes, de Jessica Hausner, un film qui interpelle
A l’occasion de l’Assomption, Arte a osé programmer
un film déroutant, sur un sujet complexe : le rapport à la foi. Le titre est sobre : Lourdes. L’argument est
simple : on suit un groupe de malades, plus ou moins handicapés, pris en
charge par des bénévoles de l’Ordre de Malte, dans les différentes étapes du
pèlerinage. Sylvie Testud interprète le rôle principal, celui d’une malade
clouée dans un fauteuil roulant par une sclérose en plaques. Sans être
croyante, elle est venue là pour sortir de sa solitude. Son jeu, tout en retenue, est une merveille
de réalisme.
Le film ressemble d’abord à un documentaire presque froid, une
visite en images des lieux de prière. Peu à peu, il s’attarde sur les réactions
des deux humanités forcées de cohabiter : les malades, dépendants,
statiques, mus par l’espoir d’une guérison, et leurs accompagnateurs (Léa
Seydoux, Bruno Todeschini) bouillonnants de vie, qui essaient de s’amuser
malgré les consignes de la supérieure, sœur Cécile, à l’ardeur mystique.
Les costumes, vifs ou ternes, accentuent encore les différences de statut.
La question fondamentale, croire, est posée, les différences
entre foi, religion, piété sont pointées. Le commerce des marchands du Temple répond au marchandage
des malades avec Dieu. Quand le miracle a lieu, et que Sylvie Testud se lève,
la joie et l’incrédulité se mélangent. Pourquoi elle ? L’aigreur, la
jalousie, mais aussi l’incertitude planent. Les incroyants sont rattrapés par
l’incroyable.
Beaucoup de questions, pas de réponses, la réalisatrice Jessica
Hausner a réussi un film perturbant, sans déraper vers la facilité. Pas de
prosélytisme, ni de moqueries grotesques. A chacun de réfléchir, de trouver sa voie. C’est
inhabituel et déstabilisant. Ce film n’a pas connu le succès qu’il méritait, à sa
sortie, en juillet 2011, pourtant il trouble en profondeur.
mardi 13 août 2013
Coup de cœur : Le cordon de soie, de Frédérique Deghelt.

Frédérique Deghelt a su mettre en mots, et Sylvie Kergall en
photos, les premiers instants de la vie d’un nouveau-né. Il a quitté son nid
protecteur pour affronter le monde. Le cordon ombilical est coupé, mais un
cordon de soie, invisible, résistant, merveilleux, le relie pour toujours à sa
mère. Métaphore du corps-don de soi, comme le remarque finement Aldo Naouri
dans la préface.
Le cordon de soie est
un livre à offrir, à s’offrir, pour retrouver les émotions des premiers jours
de la vie, quand le mystère d’une autre vie, secrète, insondable, est encore perceptible
sur le visage paisible et mouvant du nouveau-né. Pour contempler la beauté de
la création, et mesurer l’avancée des générations.
samedi 10 août 2013
La manufacture Valdrôme de Valence : savoir-faire et tradition
Toutes les couturières de la région connaissent le magasin
d’usine Valdrôme à Valence. On y trouve des échantillons, des coupons, des
tissus au mètre, pour confectionner patchwork, rideaux, nappes ou coussins. Ce
magasin très prisé a changé d’adresse, pour se rapprocher du centre ville, à
deux pas de l’Avenue Félix Faure. Il est installé maintenant rue du Commerce.
Les fans de shopping peuvent désormais craquer devant les accessoires pour la
table, le voyage, le prêt-à-porter et les jolis cadeaux … cousus main.
Valdrôme est une authentique fabrique d’indiennes, ces toiles peintes que les navigateurs
ramenèrent des Indes, pays qui en détenait jalousement le monopole, à la fin du 16ème siècle. Parmi eux, Jean de
Valdrôme réussit à percer le secret de leur fabrication. Ces toiles fraîches connurent un succès immédiat en Europe, dès
1650, si bien que les artisans provençaux, appelés indienneurs, se mirent à en fabriquer. Mais l'industrie
textile traditionnelle, pourvoyeuse de soieries, lainages, lin, se sentant
menacée, fit interdire l'importation et la reproduction des indiennes. Les
contrebandiers, comme le célèbre bandit Mandrin, en profitèrent pour faire
fortune grâce au trafic d’étoffes.
Comment se passe l’Impression sur étoffes ? La technique aussi a évolué au fil des siècles. A l’origine : Le coloriste extrayait et mélangeait les substances végétales pour composer la pâte colorée. Le dessinateur réalisait une maquette peinte à taille réelle. Pour chaque couleur du motif, le graveur sculptait une planche dans une essence dure. Enfin, l'imprimeur posait successivement les planches colorées sur la toile et y appliquait un coup de maillet. C’était l’impression à la planche de bois. En 1783, un Ecossais, Thomas Bell, déposa le brevet d'une machine à imprimer les étoffes munie d'un rouleau de cuivre gravé en creux. Technique adoptée partout ensuite.
Présente sur
le marché international, Valdrôme commercialise ses produits dans de nombreuses
boutiques du Sud de la France. Pour les
habitants de Drôme-Ardèche, le bon plan, c’est d’aller au magasin d’usine, à
Valence. Les collections des années précédentes, soldées, permettent de faire
d’excellentes affaires. Attention ! Le magasin étant aussi un atelier de
confection, où l’on coupe, coud, contrôle, empaquette, la porte est fermée,
sécurité oblige. Mais il suffit de sonner, pour entrer dans la caverne
d’Ali-Baba !
Magasin d'usine : 1, rue du commerce 26000 Valence Tél : 04 75 43 35 05
Horaires : du lundi au vendredi de
9h00 à 12H et de 14h à 18H
Catalogues sur le site internet : http://www.valdrome.com/
mercredi 7 août 2013
Et si vous testiez un Bistrot de Pays ?
Un Bistrot de Pays, c'est un établissement labellisé, dont
la charte assure qualité et authenticité. Le réseau des 24 Bistrots de
Pays ardéchois permet d'apprécier toute la diversité et les richesses du
département. Il est fondé sur une démarche de promotion économique et sociale
en milieu rural. Ambassadeur de son territoire, relais multiservices, lieu de
vie culturelle, il propose avant tout des spécialités culinaires du terroir, et un accueil
convivial à toute heure.
Les propriétaires, Philippe et Sandrine Jan, l'un aux fourneaux et l'autre au service, proposent une cuisine typique mais raffinée : caillettes aux tagliatelles, tartare de bœuf au basilic et sa tuile de parmesan, florilège de fromages locaux, poire pochée au caramel et son biscuit cannelle...
Si vous êtes sportifs, ou pressés, une assiette du bistrot suffira à vous donner l'énergie nécessaire pour attaquer la montée du col du Marchand, à 4km, ou celle de Lalouvesc, à 8km. Mais dans tous les cas, les prix sont doux, la saveur authentique, le panorama grandiose et l'accueil chaleureux.
http://www.auberge-buissonniere.com
www.bistrotdepays.com
samedi 3 août 2013
Chronique littéraire : Les oreilles de Buster, de Maria Ernestam

Longtemps après, grand-mère passionnée par ses rosiers, elle entreprend de rédiger son journal, pour se soulager de tous les secrets, les non-dits, qui ont écrasé sa vie. Et pour s'expliquer vis-à-vis de sa fille Suzanne, en pleine détresse.
Père faible et absent, mère égocentrique, Eva n'a compté que sur elle-même pour survivre, avancer, et régler ses comptes. Injustices, désamour, ruptures, solitude émaillent son parcours, mais le contexte reste opaque. Qui est Sven ? Qui est John ? Comment Suzanne est-elle née ? Les rapports mère-fille et homme-femme sont ici disséqués au scalpel. L'intrigue est bien menée, les révélations surprenantes. Malgré des apparences convenues, une famille bourgeoise dans le Stockholm des années 1960, rien n'est normal dans le déroulement de la vie d'Eva.
Maria Ernestam est née en Suède en 1959. Son roman a obtenu le prix Page des Libraires en 2011.
Il est disponible en Babel Poche au prix de 9,80€.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 1 août 2013.
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