dimanche 17 mars 2013

Chronique littéraire : La Papesse Jeanne


A la croisée de la Journée de la Femme et du Conclave, j’ai trouvé une histoire encore plus bluffante que celle du Pape des pauvres : la vie de la Papesse Jeanne

Elle commence au début des années 800, après la mort de Charlemagne. Jeanne est une petite fille très intelligente, écrasée par son père, un chanoine borné. Eh oui, les religieux sont mariés, mais ne manifestent aucune sensibilité pour autant. L’époque est rude, c’est l’Age des Ténèbres : Francs, Normands, Sarrasins et Saxons s’étripent, chrétiens et païens s’entretuent au nom du Ciel, les hommes battent femmes et enfants, les élèves subissent les sévices des professeurs, peste et lèpre déciment la population. Les superstitions, l’illettrisme, la misère, la barbarie complètent le tableau. Malgré ce contexte violent, Jeanne va réussir à suivre son chemin, un chemin rempli d’embûches, de sacrifices mais aussi de lumière et de gloire.

Comment est-ce possible pour une fille, considérée comme un simple morceau de viande à l’époque ? Eh bien, elle décide, après de brillantes études de latin et grec dans une abbaye allemande renommée, de se déguiser en garçon, pour pouvoir prendre l’habit de moine dans un couvent lointain. Ses compétences médicales, religieuses et littéraires l’entraînent  de Germanie jusqu’à Rome, à la cour du pape Léon, à qui elle succède en 855.
Et comment le subterfuge est-il découvert ? Quand la Papesse Jeanne accouche en public !

Si vous cherchez sur Internet, vous verrez que nombre d’auteurs, de Boccace jusqu'à Yves Bichet, se sont emparé de cette histoire légendaire, pour écrire romans, scénarii et autres pamphlets. Moi, j’ai lu l’ouvrage de Donna Cross, un récit historique très documenté sur le IXème siècle, période obscure, où quelques lueurs apparaissent : goût du savoir, des voyages, reprise des constructions urbaines. L’intrigue est palpitante, les personnages hauts en couleur sont mus par une impressionnante volonté, et une belle romance amoureuse pimente le tout. Une lecture fascinante.

Ce qui accrédite la légende, en l’absence d’archives, détruites après le scandale : l’existence d’une chaise percée au Vatican, par laquelle le Pape, jusqu’au XVème  siècle, se devait de montrer discrètement ses testicules* à un serviteur, pour éviter toute méprise. Ainsi que la carte de la Papesse dans les tarots, symbole de la polémique antipapiste qui s’est développée ensuite autour d’elle.

*« Duos habet et bene pendentes » ( Il en a deux, et bien pendantes )

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