jeudi 14 mars 2013

Syngué sabour, pierre de patience


Le roman écrit en français par l’auteur afghan Atiq Rahimi, né à Kaboul en 1962, avait obtenu le prix Goncourt en 2008, et un succès mérité. Le film éponyme, mis en scène par l’auteur,  fidèle au texte, est une pure merveille.

Malgré le cadre hostile (Kaboul en guerre, en ruines) et l’intrigue minimale (une jeune femme monologue devant le corps inerte de son mari), il se dégage force et beauté du film. Tous les tabous de la société afghane, enfermement de la femme, domination patriarcale, omniprésence guerrière, sont ici subtilement remis en question. Et la fin couronne une révolte secrète mais intense.

Force, beauté, sensualité, sont les principales caractéristiques de l’actrice iranienne qui porte le film : Golshifteh Farahani. Dans les tâches humbles de la maison, laver, changer, renouveler la perfusion du blessé, ou courant au milieu des gravats, des explosions, pour chercher de quoi nourrir ses fillettes, même en tchador, sa présence lumineuse est indiscutable. Son rôle, c’est maintenir la vie. Elle est la vie même, fragile et têtue.
Les hommes à côté ne pensent qu’à détruire, tuer,  ils possèdent le pouvoir, mais sont handicapés des sentiments. La grandeur du film, c’est de montrer comment leur image forte mais stérile peut se lézarder. A l’instar du mari, blessé d’une balle dans la nuque, mais pas dans un combat héroïque, non, dans un vulgaire règlement de comptes.

Syngué sabour, en persan, signifie pierre de patience, cette pierre magique qui absorbe tous les secrets, les confessions, les malheurs, avant l’implosion libératrice.

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