vendredi 22 juin 2012

Chronique littéraire : Katiba, de Jean-Christophe Rufin


J'ai été captivée et  effrayée par ce thriller passionnant, qui, sous forme de fiction,  dévoile l’ampleur de la nébuleuse terroriste au Maghreb, et son implication dans la politique mondiale. Les personnages, l’intrigue sont crédibles, le rythme est palpitant, le piège se met inéluctablement en place. On redoute le bruit de la déflagration !

Une Katiba, c’est un camp de combattants islamistes. Fluctuant à la fois géographiquement et humainement. Le roman résume parfaitement la complexité  de ces camps en perpétuel changement. Beaucoup de personnages, exécutants ou manipulateurs. Les principaux : Jasmine, fonctionnaire au Quai d’Orsay, passeuse occasionnelle de drogue, Kader, chef terroriste affairiste indépendant, qui préparent un attentat à Paris. Tous deux ambivalents à l’égard de l’islam, marqués par des violences passées. Et puis les intégristes, chefs rebelles ennemis, idéologues, kamikazes. Les opposants mauritaniens. Enfin jouant les clans les uns contre les autres, les services secrets américains, algériens, les militaires, les ONG. Et au milieu de cette poudrière, Dimitri, le bel urgentiste amoureux, trop sensible et impulsif pour bien jouer son rôle d’espion.

JCR mène son roman de main de maître : chapitres courts, nombreux rebondissements, action haletante Le monde terroriste est décrit avec réalisme, on découvre comment AQMI utilise la technologie moderne pour faciliter déplacements et attaques. Le désert n’est plus un obstacle, mais un allié : on y  échange les infos  sans danger, à partir  d’ordinateurs, de téléphones puissants. Le GPS permet aux véhicules des rendez-vous en des lieux secrets et mouvants. Tout disparait, ensuite, sans laisser de traces. Et quelque part, en occident, l’attentat est programmé.

Jean-Christophe Rufin, né à Bourges en 1954 est médecin humanitaire, historien, diplomate. Prix Goncourt pour Rouge Brésil en 2001. Académicien depuis 2008. C’est un homme de terrain, qui utilise sa connaissance de la politique et des problèmes liés au terrorisme, pour construire un roman d’espionnage parfaitement convainquant.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 21 juin 2012.

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