vendredi 12 juin 2015

Chronique littéraire : Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal

Un livre éblouissant, sur un sujet austère : une transplantation cardiaque.

Maylis de Kerangal réussit ici un tour de force littéraire et une prouesse documentaire. Tout est parfaitement maîtrisé, l’intrigue, soutenue du début à la fin, les nombreux personnages, fouillés, charnels, l’ambiance dense à chaque étape, les détails millimétrés de la procédure médicale. Le travail de la langue est extraordinaire, entre vocabulaire technique, lyrisme poétique, images visionnaires, explosions d’émotion.

Ce récit extrêmement riche apprend beaucoup de choses sur la transplantation d’organes, cette aventure du XXIe siècle, et sur la perfection logistique dont dépend sa réussite. Mais c’est aussi  un coup de poing en plein cœur. Car ici le cœur n’est pas seulement l’organe vital, mais le lieu des sentiments, de la vie métaphysique. Du grand art.
Le titre est emprunté à une réplique de Tchekhov dans Platonov : « Enterrer les morts et réparer les vivants », qui résume exactement la dualité du livre.

Maylis de Kerangal, romancière née à Toulon en 1967, a obtenu de nombreux prix pour ce roman.
Réparer les vivants est maintenant disponible en poche chez Folio.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 juin 2015.

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