lundi 16 mars 2015

Chronique littéraire : Mali, ô Mali, de Erik Orsenna

Un conte africain, à l’écriture légère, mais qui révèle avec lucidité tous les problèmes du Mali,  et leur gravité : djihadistes et trafiquants en tous genres dans le désert, police et armée locale corrompues et incompétentes, misère, chômage, violence. La population prise en otage n’a d’autre solution qu’obéir aux rebelles armés ou fuir dans des camps de réfugiés, le Mali est en ruines, son passé dévasté.

Madame Bâ est une sorte de Jeanne d’Arc africaine. Ses voix lui dictent de faire quelque chose pour son pays. Elle décide de partir vers Tombouctou, au Nord, aux mains des Touaregs, pour lancer sa croisade : rouvrir les écoles, enseigner les moyens de contraception, donner de l’espoir aux femmes. Cette forte tête au charisme généreux est accompagnée de son neveu, qui lui sert de griot, pour consigner l’épopée. Les péripéties du voyage sont narrées avec un optimisme et un franc-parler jubilatoire.

Erik Orsenna a choisi de traduire par écrit la verve des conteurs africains, sous une forme à la fois poétique, philosophique et sociologique. Comme Madame Bâ, il ne mâche pas ses mots ! Le bilan est terrible, l’intervention des Français totalement illusoire contre l’immensité du Sahara et de ses dangers. Les habitants du Mali survivent grâce à la solidarité, la musique et l’espoir.

Erik Orsenna, né en 1947 à Paris, a reçu le Prix Goncourt en 1988 pour l’Exposition Coloniale. Romancier prolifique, après avoir été enseignant et chercheur en économie, conseiller culturel et plume de F. Mitterrand, il est entré à l’Académie Française en 1998. Grand voyageur, il est impliqué dans de nombreux programmes humanitaires et patrimoniaux. Son site : http://www.erik-orsenna.com/ est déjà une invitation au voyage.

Mali, ô Mali est maintenant disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT.

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