mercredi 25 mars 2015

Saint-Pétersbourg, sur les traces de Giacomo Quarenghi

C'est une recherche généalogique passionnante, qui évolue au fil de rencontres de hasard. Lors d'un premier séjour dans cette belle capitale bâtie sur l'embouchure de la Neva, en visitant le palais de l'Ermitage, le guide mentionne l'architecte Quarenghi. C'est mon nom, je prête l'oreille. Apparemment très apprécié de Catherine II, cet architecte a effectué de nombreux travaux dans son Palais d'Hiver, lorsque la mode baroque a cédé place au classicisme dont il était féru. Entre autres l'aménagement des Loges de Raphaël, copiées sur celles de Rome.
Une recherche sur Wikipedia me fournit une biographie sommaire. Né dans la région de Bergame en 1744, dans une famille de petite noblesse, études d'art à Rome, architecte de la grande Catherine, spécialiste du néoclassicisme. Mort et enterré à Saint-Pétersbourg, en 1817. Quelques obscures publications italiennes anciennes sur lui. Je reste sur ma faim.

Quand je rencontre Elena, artiste venue de Saint-Pétersbourg, quelques années plus tard, et que je lui signale qu'un de mes ancêtres y a vécu, qu'il s'appelle Giacomo Quarenghi, elle s'enflamme. Mais il est très célèbre en Russie ! Elena connait bien les monuments de la ville, affirme qu' il a construit des dizaines de palais, bâtiments administratifs, églises, à Saint-Pétersbourg et ailleurs en Russie. A sa prochaine visite, elle me montrera des photos.

Au printemps dernier, je découvre sur ses clichés le Palais Youssoupov, le Manège de la Garde à cheval, le campanile de l'église Notre Dame de Vladimir, le marché couvert, la Bourse, l'Académie des Sciences, l'Institut Smolny... Elena explique qu'il a aussi travaillé dans les résidences d'été, à Peterhof, à Tsarskoie Selo, où le Palais Alexandre est considéré comme son chef d'oeuvre. Viens me voir, je te montrerai tout ça, il y a beaucoup de documents sur lui à Saint-Petersburg, je te servirai de guide et d'interprète...

Le livre qu'elle m'offre détaille toutes les réalisations, analyse l'oeuvre de Giacomo, inspirée par son maître Palladio. De mon côté, en traduisant Russipedia, grâce à Google, j'arrive à comprendre pourquoi cet artiste Italien réputé est si mal connu dans son pays. En 1812, les relations entre Napoléon et Alexandre n'étant pas au beau fixe, le gouvernement italien fait savoir à Quarenghi que s'il ne rentre pas au pays, il sera déchu de sa nationalité et condamné à mort. Le Chevalier de Quarenghi n'obtempère pas, il est dépouillé de ses biens et de son titre. Le tsar compense en l'anoblissant, il continue de travailler pour la Cour Impériale jusqu'à sa mort, à 73 ans.

Je suis retournée à Saint-Pétersbourg, j'ai admiré, depuis les quais de la Neva charriant les débris de glace, l'harmonie architecturale de la ville. Une cohérence classique dont la rigueur est adoucie par les couleurs vives, vert, jaune, rose, orange, bleu. J'ai longé les bâtiments construits par Giacomo, trouvé sa tombe, à la Laure Nevski, le cimetière des célébrités. Un monument sobre, au milieu des sépultures grandioses d'aristocrates, artistes et savants renommés. Apothéose de mon séjour, le spectacle de ballet dans l'intimité du théâtre de l'Ermitage. Ce théâtre de 250 places est un hommage de Giacomo à Palladio, il reprend le modèle du Teatro olimpico de Vicenza, en l'enrichissant des décors de la Cour Impériale. Un écrin merveilleux pour applaudir les Ballets Russes et l'orchestre de Saint-Pétersbourg interprétant la Belle au bois dormant de Tchaïkovski.


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