samedi 15 juin 2013

Broderies au musée

Superbe salon « Art et tradition du fil », avec exposition de l’atelier « Si les points m’étaient comptés » au musée de Brebotte (90). Cette cinquième édition magnifie le talent des doigts de fée, en dévoilant toutes les techniques de broderie, couture, patchwork...


Sur deux étages, le foisonnement d’œuvres exposées surprend. D’abord les Diairis, jolies coiffes traditionnelles de Montbéliard, de velours noir rebrodé de perles. Puis les réalisations de l’atelier brebottais : Nappes, coussins, marquoirs, serviettes, au point compté, détournant avec humour proverbes et chansons. Et tous les stands d’amateurs ou professionnelles, rivalisant de créativité. On vient de Bretagne ou d’Alsace, de Suisse ou de Paris, on brode ou on coud, seule, en club, ou en couple. On vend bobines et cabas, pochettes et carnets, fils et tissus, canevas ou rubans. Côté modèles, les dessins naturalistes de MT Saint-Aubin attirent l’œil par leur délicatesse.

Et puis, tout au fond du musée, l’exposition de « Jours sur toile » est une pure merveille. Une technique difficile, très prisée, puisqu’un service de table est parti à Washington pour la Maison Blanche. Comment fait-on ? Au départ, il faut tirer délicatement des fils dans la toile, pour donner une transparence, regrouper ensuite ceux qui restent en faisceaux, les rebroder avec finesse, pour obtenir des dentelles arachnéennes. En laissant libre cours à son imagination et à sa compétence.

Un savoir-faire traditionnel, et le moyen d’arrondir les fins de mois dans les fermes des Vosges saônoises au siècle dernier, et jusque dans les années 1960. A l’époque, chaque brodeuse reportait au fur et à mesure les modèles des jours qu’elle inventait sur une pièce de tissu personnelle, qui lui servait de mémoire, et d'essai. Une de ces brodeuses, voyant la fabrication de "jours sur toile" disparaître, a photographié tous les modèles de ses connaissances, et a constitué ainsi un recueil recensant les différents types de jours. Elle a ensuite initié des stages, pour assurer la transmission de ce patrimoine artistique. C'est ainsi que la brodeuse présente au salon peut faire connaître cet art, tambour en main, et explications passionnées à l’appui.

Non, la broderie n’est pas démodée, au contraire. A Brebotte, le club du mercredi accueille toutes les générations, dont une quinzaine de jeunes. La responsable le proclame : ici, on entrelace  créativité, habileté, et convivialité.

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