jeudi 22 octobre 2020

Ouverture du Festival Vochora à La Roche de Glun

Premier concert très apprécié dimanche en l’église de La Roche de Glun. Nana Sila, quatuor vocal féminin, a enchanté le public par un récital de chansons populaires des Balkans, agrémenté de percussions, guitare, flûte et violon.

Maria Abatantuono, Marina Cotte, Camille Perret et Emilie Lainé sont d’ici mais chantent l’ailleurs. Bulgarie, Turquie, Roumanie, Bosnie, Ukraine, leurs chants racontent les campagnes, les histoires d’amour, le travail, la vie des femmes et bien plus encore… 

L’église était pleine, le protocole sanitaire a été parfaitement maîtrisé par les bénévoles de l’association. Une réussite qui redonne de l’espoir à tous les amateurs de musique et de culture.



Article publié dans le JTT du jeudi 22 octobre.

jeudi 15 octobre 2020

Le blob, un phénomène naturel qui colonise les forêts humides

 

Ni végétal, ni animal, ni champignon, le blob est un être vivant inclassable qui fascine les chercheurs. Vous l’avez sans doute croisé en forêt, ou dans votre cave, sans savoir ce qu'était cette étrange masse spongieuse, jaune et visqueuse. Pour la première fois dans le monde, il est montré et expliqué au public au zoo de Vincennes.

Le blob (Physarum polycephalum) est un organisme primitif apparu il y a 500 millions d'années, avant le règne animal. Il se développe dans des milieux humides.  Composé d’une unique cellule géante, le blob défie toutes les lois de la biologie. Il est capable de se déplacer, de se nourrir, de s’adapter, mais surtout il est immortel !

Audrey Dussutour, éthologue au CNRS et spécialiste du blob a trouvé son surnom, en hommage au film The Blob avec Steve McQueen (1958), Elle explique : Si on le fait sécher, c 'est une forme de dormance, il peut rester ainsi pendant deux ans. Quand on le réveille, le blob est tout neuf. Et vous pouvez faire ça ad vitam æternam. Donc en laboratoire, avec des conditions de température et de nourriture parfaites, il est en effet immortel

Comme il n’a qu’une cellule, il est microscopique au démarrage de son cycle, mais peut doubler de volume chaque jour. Il possède plusieurs noyaux, qui peuvent se multiplier ou se diviser à volonté. Dans la chambre de culture du zoo, un blob élevé aux flocons d'avoine, sur papier humide, a atteint la taille de 10 mètres. Le blob peut non seulement apprendre mais également transmettre les nouvelles informations mémorisées à des congénères en fusionnant temporairement avec eux. Le blob a la capacité de cicatriser en seulement deux minutes si une partie de sa cellule est sectionnée. Mais plutôt que de mourir, la partie sectionnée cicatrise et devient à son tour un blob parfaitement autonome. On comprend que la recherche scientifique s’intéresse à ce génie sans cerveau.

Le blob ne peut se reproduire qu’avec des types sexuels différents, mais on en a répertorié 720, alors pas de problème ! Il a une reproduction semblable à celle du champignon. Peut-il nous envahir ? Non, puisqu’on peut l’assécher à volonté. N’ayez pas peur de cet OVNI, contrairement à The Blob, il est inoffensif !

Pour en savoir plus : www.cnrs.fr/fr/le-blob-capable-dapprendre-et-de-transmettre-ses-apprentissages


Article publié dans le JTT du jeudi 15 octobre 2020.

jeudi 8 octobre 2020

Beauvoir-en-Royans, la « capitale » du dernier Dauphin dauphinois

A Tain l’Hermitage, le 8 avril 1350, fut célébré le mariage du fils du roi de France, futur Charles V, avec la princesse Jeanne de Bourbon. Une sculpture placée devant l’église rappelle cet événement, un moment clé de l’histoire du Dauphiné. Ce mariage s’est tenu à Tain parce qu’il scellait le rattachement du Dauphiné, alors état indépendant vassal du Saint-Empire, au royaume de France. De longues tractations avaient eu lieu auparavant à Tournon et Tain, villes frontières de la France et du Dauphiné, de l’empire et du royaume*. Humbert II, dernier Dauphin du Viennois, totalement ruiné, rachetait ainsi ses dettes en cédant son territoire à la France. Mais il exigeait que le premier fils du roi portât désormais le titre de Dauphin, et que le Dauphiné gardât ses prérogatives administratives.

L’histoire de Tain est donc liée à celle du château de Beauvoir-en-Royans. Dans cette grandiose demeure, la dernière qu'Humbert II s’était fait construire, il entretenait une cour fastueuse. Un château aux 1 000 fenêtres où vivaient tumultueusement plus de 2 000 personnes. Il avait choisi la plus belle vue, d'où le nom de Beauvoir, au pied des falaises calcaires du massif du Vercors, entre Grenoble et Valence. Beauvoir était alors la « capitale » du Dauphiné. Humbert II fut un joyeux noceur, mais aussi un bon administrateur du Dauphiné. Il créa le Conseil delphinal en 1337, puis la cour des comptes à partir de 1340. Il fonda également l‘université de Grenoble le 12 mai 1339. En 1347, de retour de croisade, pourtant ruiné, il fit construire le couvent des Carmes à côté du château de Beauvoir En 1349, il céda définitivement le Dauphiné à la France par le traité de Romans et revêtit l'aube de bure des dominicains. Humbert II mourut en 1355 à l’âge de 43 ans.

A une cinquantaine de kilomètres de Tain, la visite à Beauvoir est un grand bain de fraîcheur. En face de Saint-Marcellin, surplombant la vallée de l’Isère, le site du château et du couvent des Carmes ont été restaurés par le département de l’Isère. Et si seules quelques ruines majestueuses, chapelle, donjon, enceinte, évoquent la somptuosité du château, le cadre verdoyant est spectaculaire. On peut s’y détendre, y pique-niquer, s’y instruire. Dans l’ancien couvent rénové, le tout nouveau musée des Dauphins présente l'histoire du Dauphiné, de sa faune, sa flore, et même celle de l’eau-de-vie locale, la Mousseline, cousine de la Chartreuse.

Comme il n’y a pas d’exposition cette année, le musée est en accès gratuit. A côté, le jardin médiéval et le verger conservatoire encadrent un restaurant qui met en valeur les produits du pays. Tout cela dans un village médiéval parfaitement restauré, dont l’histoire explique en partie le « mariage du siècle » de Tain l’Hermitage.

*D’où l’ancienne appellation Empi et Riaume pour désigner les deux rives opposées du Rhône

Article publié dans le JTT du jeudi 8 octobre 2020.

vendredi 2 octobre 2020

Chronique littéraire : La goûteuse d'Hitler, de Rosella Postorino

 

En 1943, dans son QG de Prusse, sur le front de l’Est, Hitler, hanté par la possibilité d’un empoisonnement, fait recruter une dizaine de femmes du village voisin, pour goûter la nourriture avant qu’elle lui soit servie. Rosa est l’une d’elles. C’est une Berlinoise, mais son immeuble a été bombardé, son mari est engagé sur le front, elle s’est donc réfugiée chez ses beaux-parents à Gross Partsch, juste à côté de la Tanière du Loup.

Rosa n’a pas le choix, les SS viennent brutalement la chercher chaque matin. Elle doit ingurgiter la nourriture trois fois par jour, sous leur surveillance, leurs menaces, chaque bouchée étant peut-être la dernière. De plus, étant étrangère au village, elle est mise à l’écart, agressée par les autres femmes. Et après l’attentat contre Hitler de juillet 1944 et la défaite annoncée, la pression se renforce.

Cette histoire vraie, Rosella Postorino la met en scène avec beaucoup d’empathie. A travers Rosa, elle développe l’histoire du nazisme d’un autre point de vue, celui des Allemands contraints et otages du tyran. Les sentiments, les craintes, les doutes que son héroïne rencontre sont finement analysés. Rosa est une femme qui tente de survivre, à n’importe quel prix. Elle laisse ses intuitions, ses rêves la dominer parfois, et c’est ce qui la sauvera.

Rosella Postorino est une écrivaine italienne née à Reggio di Calabria en 1978. Lauréate de nombreux prix littéraires, elle vit maintenant à Rome.

Son roman est disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 1 octobre.

jeudi 24 septembre 2020

La meilleure façon de marcher : avec Sandrine, guide conférencière privée en Drôme-Ardèche


Après des années passées au service des bateaux de croisière, et devant le marasme de leur situation actuelle, Sandrine Defour a décidé de ne pas baisser les bras. Un changement d’activité lui a semblé la meilleure solution pour renouveler son métier, sa passion, tout en restant dans la filière touristique. Et puisque les Français redécouvrent la France, autant quitter l’accompagnement des grands groupes pour proposer les mêmes services aux petits groupes d’amis, aux familles, aux particuliers. Elle a rejoint un collectif national « Visitons nos terroirs » qui regroupe des guides-conférenciers de toute la France, désireux de proposer au public des prestations dans leur région.

Sandrine a étudié les propositions touristiques déjà existantes pour trouver son propre créneau. Visiter et "déguster" le coteau de l’Hermitage en petit train, en voiture, en gyropode, à vélo, c’est déjà pris. Alors elle a opté pour une approche plus sportive :  le découvrir à pied, tout simplement. De la passerelle jusqu’à la Chapelle, elle guide les amateurs de randos en racontant l’histoire des villes de Tain et Tournon, les vignes, les cépages, les domaines. L’objectif final de la balade est une dégustation des crus locaux au pied de la Chapelle. Si on ajoute que cela se passe au coucher du soleil, la magie est au rendez-vous.

Petits groupes, respect des gestes barrière, connaissances culturelles et œnologiques, Sandrine maîtrise tout. Même l’accord des vins avec fromages, charcuterie et chocolat. Son enthousiasme et sa bonne humeur engendrent un vrai sentiment de convivialité entre les participants. La saison de randonnées s’achève bientôt, mais au printemps prochain elle proposera des balades accompagnées, avec rencontres de producteurs ou d’artisans sur tout le secteur, Tain, Tournon, Mercurol, Vion, Crussol … jusqu’à la Cance et Annonay. Bonne chance à elle !

Vous pouvez contacter Sandrine Defour au 06 82 27 79 66 ou sur Facebook : Rhône Sand&Tours

Article publié dans le JTT du jeudi 24 septembre 2020.

samedi 19 septembre 2020

Le Prieuré de Charrière


Cette année, les Français redécouvrent les beautés de la France. Et à côté des sites touristiques majeurs, il y a quelques petites merveilles patrimoniales rénovées, soutenues par des associations locales, dont la visite est captivante. 
C’est le cas du Prieuré de Charrière, en Drôme des Collines, à Châteauneuf-de-Galaure. Cet ancien couvent médiéval, propriété communale depuis une vingtaine d’années seulement, est construit sur un promontoire qui domine la Galaure. Les bâtiments caractéristiques de la région, en molasse et galets, érigés par les moines, ont vécu une histoire compliquée. Chapelle bénédictine puis franciscaine, cloître, communs, ont été fortement dégradés par les guerres de religion, la Révolution, puis utilisés comme carrière, avant l’abandon total aux intempéries. Ils sont maintenant restaurés par une association qui propose des visites guidées passionnantes.

Car il est impossible d’appréhender l’intérêt des lieux sans explications. Une foule de détails racontent l’histoire locale, celle des seigneurs de Bathernay et Montchenu, celle de Châteauneuf-de-Galaure et Marthe Robin. L’architecture du Xème siècle, modifiée aux XVe et XVIIe siècles, révèle la technique des constructeurs, l’intérieur raconte la vie quotidienne au couvent et au village. Le chœur voûté de la chapelle gothique conserve des peintures murales évoquant la vie de Saint François. Un beau jardin, quelques arbres centenaires, bordant la rivière, forment un écrin de verdure idyllique pour ces bâtiments dont la rusticité est synonyme de charme et sérénité…





Prieuré de Charrière : 1125, route de Charrière ; 26330 Châteauneuf-de-Galaure

Visites sur RV ; Téléphone : 07.81.51.72.11   ou  06 35 95 03 73 

Attention ! Trouver le prieuré sans GPS est déjà un jeu de piste !


Article publié dans le JTT du jeudi 17 septembre 2020.

jeudi 10 septembre 2020

L’architecture photogénique de la nouvelle Cave Delas

La Cave Delas propose au public, sur réservation, des visites guidées et dégustations. L’occasion de découvrir les nouveaux chais, oeuvre de l’architecte suédois Carl Fredrik Svenstedt, une illustration magistrale de l’architecture contemporaine. 

 

Dès l’entrée, les portails du domaine donnent le ton, avec leurs belles découpes rappelant les pampres de la vigne. Ils ouvrent sur un vaste jardin arboré, entouré de trois bâtiments : les chais, l’hôtel particulier et le caveau de dégustation. Ces structures pourtant différentes coexistent en parfaite harmonie. Mais ce qui aimante le visiteur, c’est le splendide bâtiment des chais, dont le mur de pierres blanches ondule sur 80 m de long.

La façade calcaire de 7,6 m de hauteur évoque des rondeurs des coteaux. Autoportante, elle a été conçue en 3D et taillée par un robot. Chacune des 300 pierres du Gard qui la composent est unique et n’a qu’une position possible. L’ensemble est maintenu grâce à un système de câblage inox traversant les pierres. Mais ce n’est pas tant la technique qui séduit le visiteur que les jeux de lumière entre les parties vitrées et la pierre. Un enchantement pour les yeux, à tous les étages.

Le bâtiment immaculé est une prouesse artistique, pourtant il est destiné à un usage professionnel : vinification et élevage des vins. La cuverie, visible depuis les grandes baies du rez-de-chaussée, impressionne par sa suite impeccable de cuves tronconiques de 60 et 80 hl, toutes en inox (cette forme favorise la remontée des tanins). Les tonneaux, sagement alignés eux aussi dans les deux sous-sols, sont fabriqués en chêne dans la Loire. Clin d’œil au 07 des origines de la maison Delas, ils sont au nombre de 777. Le rafraîchissement des lieux est assuré par géothermie. Partout la lumière jaillit et ricoche sur les murs blancs, grâce à une grande verrière, installée au sommet de la structure. Le jardin panoramique qui la longe, voué à l’événementiel, jouit d’une vue superbe sur les vignes et la ville de Tain.

Une passerelle relie le chai à l’hôtel particulier réhabilité en maison de réception, avec bar, restaurant, salle de conférences et onze chambres. La cave voûtée abrite les plus grands crus de la maison. Et pour conclure la visite, le troisième bâtiment, face au chai, accueille le public : c’est le caveau de vente et de dégustation, soutenu par une colonnade de pierres. De l’intérieur entièrement vitré, on profite pleinement de la vue sur le jardin et le splendide bâtiment des chais, tout en dégustant les différentes appellations du domaine.

Diplômé de l’université de Harvard en 1989 et de la Yale School of Architecture en 1993, Carl Fredrik Svenstedt a fondé son agence à Paris en 2 000. Il privilégie l’utilisation des matières nobles, ici pierre, bois, verre, magnifient le terroir des vins de la Vallée du Rhône. Son « chai d’œuvre » est un enchantement pour les amateurs de bon vin, mais aussi de photographie et d’architecture.

Cave Delas, 40 rue Jules Nadi, Tain l’Hermitage. Tél : 04 75 08 92 97

Article publié dans le JTT.