samedi 10 novembre 2018

Le porte-bonheur de la Grande Guerre : Nénette et Rintintin

Le dessinateur Francisque Poulbot est connu pour ses illustrations des « titis » parisiens. On a oublié que, patriote convaincu, agacé de la mainmise allemande sur le secteur du jouet en France, il fut le créateur de deux petites poupées, nommées Nénette et Rintintin, surnoms que sa femme et lui se donnaient dans l'intimité. Commercialisées d’abord sous forme de poupées à tête de porcelaine, les « poupées Poulbot », Nénette et Rintintin devinrent très vite deux petits pantins fabriqués et reliés en fils de laine. Très populaires en 1918, ils étaient offerts au fiancé, à l'être aimé, qui partait au front et les gardait autour du cou comme porte-bonheur.

Après ce début romantique et français, l'histoire s'échappe pour connaître un retentissement mondial. Le 15 septembre 1918, le caporal américain Lee Duncan découvre une femelle berger allemand et ses cinq chiots de quelques jours, seuls survivants du chenil d'un camp de l'armée impériale bombardé. Les soldats se partagent les six chiens. Le caporal Duncan adopte deux chiens qu'il nomme Nénette et Rintintin en référence aux poupées fétiches que les enfants lorrains offrent aux soldats pour leur porter chance.

Quelques mois plus tard, Duncan rentre aux Etats-Unis avec ses chiens. Mais Nénette meurt durant la traversée de l'Atlantique. Rintintin, exceptionnellement doué, se produit dans divers spectacles. Le producteur et réalisateur de cinéma Darryl Zanuck le voit sauter à plus de quatre mètres pour franchir une palissade. Il demande à filmer le chien, et c'est le début d'une immense carrière d'acteur : Rintintin jouera dans une trentaine de westerns produits par la Warner Brothers, à partir de 1923. Rintintin y interprète le rôle d'un chien de la cavalerie US, prodigieusement intelligent, qui assure souvent le succès des missions avec son petit maître Rusty.

Rintintin meurt le 10 août 1932, à l'âge de treize ans. Lee Duncan le fait rapatrier en France et enterrer au Cimetière des Chiens à Asnières-sur-Seine, en banlieue parisienne.Mais Rintintin reste une star, il a son étoile sur Hollywood Boulevard !

Article publié dans le JTT du jeudi 8 novembre.

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