vendredi 8 juin 2018

Chronique littéraire : Ma part de Gaulois, de Magyd Cherfi

La banlieue nord de Toulouse au printemps 1981, un ghetto avec sa loi : le communautarisme avant tout, les filles et les femmes sous clé, les bagnoles, la drogue, les coups, pour les hommes. Chaque gamin doit refuser en bloc ce qui vient de l’école, la culture, les flics, l’état. Castagne garantie sinon.

Magyd refuse de se plier à la règle. Il va au lycée, prépare le bac, écrit des poèmes, anime un club de théâtre. Et se fait castagner régulièrement, surtout s’il essaie de séduire les filles de la cité. Mais ça ne l’empêche pas de s’obstiner. Avec raison : c’est lui qui obtiendra le premier bac "arabe" de la cité ! La gloire pour son intransigeante mère, et le grand saut vers une autre vie.

Rage, espoirs, autodérision, analyse sociologique, ce livre explore tout ce qui se passe dans la tête de Magyd Cherfi. L’écriture est assortie à cette autobiographie peu conventionnelle. C’est truculent, violent, parfois lassant, toute la cité est véhiculée par les mots, on s’y croirait. Et on comprend mieux l’étendue du fossé entre deux cultures, les difficultés de l’intégration pour les petits Beurs.

Magyd Cherfi né en 1962 à Toulouse est un chanteur, écrivain, acteur, français d’origine algérienne, membre du groupe Zebda.
Son récit truculent est maintenant disponible en poche dans la collection Babel.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 juin 2018.

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