On pourrait croire que faire un pas d’un côté ou un pas de
l’autre de l’équateur (le jeu favori des touristes) ne change rien. Pas du
tout ! Plusieurs expériences mettent en scène les différences entre les
deux moitiés du monde. Ainsi, l’eau dans un siphon ne tourne pas dans le même
sens quand elle s’écoule au nord, ou au sud. D’autre part, sur l’équateur, le
soleil brille à la verticale, et au solstice nulle ombre n’est portée au sol.
Les Indiens dès les premiers siècles avaient déjà conscience d’un mystère,
puisqu’ils vénéraient cet endroit.
Le relief est vertigineux et très varié : au centre, la
cordillère des Andes culmine à plus de 6000 m, c’est une chaîne de volcans très
actifs : 14 sur 60 se manifestent régulièrement. Pourtant, une population
de petits paysans cultive la terre jusqu’à 4000 m, à la main, à la houe, une
possibilité due à la température clémente, environ 20° à cette altitude. A
l’Est, dans la forêt amazonienne, beaucoup plus chaude, les Indiens vivent en
autarcie, de chasse, pêche et culture, lorsqu’ils ne sont pas chassés par les
compagnies pétrolières. La côte Pacifique, à l’ouest, avec ses immenses
plantations de café, de cacaoyers, de bananiers, canne à sucre, rizières, est
tournée vers le monde moderne et capitaliste.
L’Equateur est à lui seul un résumé d’Amérique du Sud. Et la
population elle-même reflète cette grande diversité : Indiens, métis,
blancs, noirs, avec toutes les combinaisons génétiques possibles. Indiens et
Noirs sont plutôt pauvres mais pas miséreux, ils vivent dans les Andes et en
Amazonie ; les grands propriétaires riches et souvent corrompus de la côte
pacifique se recrutent parmi les Blancs et Métis. Ce sont eux qui dirigent le
pays !
« Les Equatoriens
dorment du sommeil du juste sur des volcans ardents, vivent dans la pauvreté
au-dessus d’incalculables richesses et exultent en écoutant des musiques
mélancoliques » disait Alexandre von Humboldt en en 1735. Rien n’a
changé.
Article publié dans le JTT.
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