vendredi 1 juin 2018

La Mitad del Mundo : le milieu du monde


A côté de Quito, capitale de l’Equateur, passe la ligne virtuelle appelée Equateur, soit le parallèle de latitude 0°, qui a donné son nom au pays. Un grand site touristique, la Mitad del Mundo, est dédié à ce symbole, qui partage le monde entre hémisphère nord et hémisphère sud. Le monument qui marque le site a été construit en hommage à la première expédition géodésique, celle de La Condamine, Bouguer, Godin, de 1735 à 1743, ordonnée par Louis XV. Des outils, documents, expériences y sont présentés au public.
On pourrait croire que faire un pas d’un côté ou un pas de l’autre de l’équateur (le jeu favori des touristes) ne change rien. Pas du tout ! Plusieurs expériences mettent en scène les différences entre les deux moitiés du monde. Ainsi, l’eau dans un siphon ne tourne pas dans le même sens quand elle s’écoule au nord, ou au sud. D’autre part, sur l’équateur, le soleil brille à la verticale, et au solstice nulle ombre n’est portée au sol. Les Indiens dès les premiers siècles avaient déjà conscience d’un mystère, puisqu’ils vénéraient cet endroit. 
En Equateur, il n’y a pas de saisons, le climat est tropical, chaud et humide. Tous les jours de l’année, le soleil se lève à 6h30 et se couche à 18h30. La végétation luxuriante favorise une multitude de cultures locales, qui poussent en continu : plusieurs centaines de plants de pommes de terre différents, des dizaines de sortes de maïs, toutes les céréales, légumes et fruits exotiques… Monsanto est inconnu là-bas, les semences sont produites traditionnellement.
Le relief est vertigineux et très varié : au centre, la cordillère des Andes culmine à plus de 6000 m, c’est une chaîne de volcans très actifs : 14 sur 60 se manifestent régulièrement. Pourtant, une population de petits paysans cultive la terre jusqu’à 4000 m, à la main, à la houe, une possibilité due à la température clémente, environ 20° à cette altitude. A l’Est, dans la forêt amazonienne, beaucoup plus chaude, les Indiens vivent en autarcie, de chasse, pêche et culture, lorsqu’ils ne sont pas chassés par les compagnies pétrolières. La côte Pacifique, à l’ouest, avec ses immenses plantations de café, de cacaoyers, de bananiers, canne à sucre, rizières, est tournée vers le monde moderne et capitaliste.  
L’Equateur est à lui seul un résumé d’Amérique du Sud. Et la population elle-même reflète cette grande diversité : Indiens, métis, blancs, noirs, avec toutes les combinaisons génétiques possibles. Indiens et Noirs sont plutôt pauvres mais pas miséreux, ils vivent dans les Andes et en Amazonie ; les grands propriétaires riches et souvent corrompus de la côte pacifique se recrutent parmi les Blancs et Métis. Ce sont eux qui dirigent le pays ! 
« Les Equatoriens dorment du sommeil du juste sur des volcans ardents, vivent dans la pauvreté au-dessus d’incalculables richesses et exultent en écoutant des musiques mélancoliques » disait Alexandre von Humboldt en en 1735. Rien n’a changé.
Article publié dans le JTT.

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