vendredi 20 novembre 2015

Chronique littéraire : La nuit de Maritzburg, de Gilbert Sinoué

Lire, c'est résister à la pensée unique.

Ce roman passionnant dévoile une partie de l'histoire d'un homme qui a bouleversé la vie de millions d'autres, par une théorie qui paraissait totalement inefficace : la non-violence. A-t-elle encore sa place dans notre monde ? Seul l'avenir le dira. Mais l'incroyable détermination de Gandhi en dépit des obstacles donne de l'espoir, et matière à réfléchir.

Il est question ici d'un Gandhi méconnu, celui d’avant la lutte pour l’autonomie de l’Inde. En 1893, jeune avocat diplômé de l’université de Londres, il est sollicité par une entreprise indienne pour défendre ses intérêts  en Afrique du Sud. C’est là qu’il découvre une situation sociale explosive. C’est là qu’il mûrit, développe et expérimente sa théorie de la non-violence, pendant un combat de plus de vingt ans.

A Johannesburg, comme dans toute l’Afrique du Sud, les travailleurs immigrés Indiens sont relégués à un statut d’esclaves par les Blancs, alors qu'ils sont considérés à l’égal des citoyens Anglais en Inde. Gandhi va l'expérimenter à ses dépens. Une nuit, à Maritzburg, il se fait expulser brutalement de la première classe du train, interdite aux gens de couleur. 
Commence alors une lutte par tous les moyens légaux contre les lois ségrégationnistes : grèves, pétitions, manifestations. Gandhi harcèle le gouvernement sud-africain, malgré les menaces, chantages, mensonges, emprisonnements, bastonnades. Acceptant les insultes et les coups, tout comme ses amis et disciples, en particulier Hermann Kallenbach, brillant architecte d’origine allemande, dont les lettres  témoignent d’une amitié fusionnelle avec lui. Gandhi évolue peu à peu, passant d’une vie bourgeoise à une vie ascétique, se transformant en gourou, capable de mobiliser les foules, mais aussi d’exiger la soumission totale de sa famille et de ses adeptes. Un personnage ambivalent, charismatique mais aussi tyrannique.

Gilbert Sinoué tisse à merveille les documents et lettres d’époque avec la fiction romanesque, révélant l’ambiguïté du grand homme, et les pans méconnus de son itinéraire.
Né en 1947 au Caire, cet écrivain, musicien  et scénariste français est l’auteur de nombreux romans historiques inspirés par l’Orient.

"La nuit de Maritzburg" est disponible en poche chez J’ai Lu.

Chronique publiée dans le JTT.


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