jeudi 14 mai 2015

Naissance du livre

L'histoire du livre se confond avec celle de l'écriture. Et c'est l'écriture qui fait entrer l'humanité dans l'Histoire. Georges Fréchet, dans une conférence organisée par les Amis du Musée et du Patrimoine de Tournon, le 6 mai, a partagé en toute simplicité son érudition avec un public motivé.

Tout commence donc aux environs de 3300 avant Jésus-Christ. A Sumer, on inscrit ses possessions par des symboles sur des tablettes d'argile. L'écriture est née. Cunéiforme en Mésopotamie, hiéroglyphique en Egypte, les signes se multiplient, se diversifient, permettant ensuite d'échanger des courriers, de transmettre l'histoire, rédiger les légendes.
Un pas déterminant est franchi lorsque les Phéniciens inventent, vers 1200 avant J-C, le premier alphabet de 22 signes, chacun symbolisant un son. Toutes les langues peuvent ainsi être transcrites. Cet alphabet phénicien copié par les Grecs, puis les Romains, est à l'origine du nôtre. Surprenant : il est aussi à l'origine des écritures en araméen, en hébreu et en arabe. Le sens de lecture change, les lettres aussi, mais la base reste la même.
Les supports de l'écrit sont extrêmement variables selon les civilisations et les techniques. Pierre, cuir, bois, métal, soie, écorce, feuille... Les papyrus égyptiens, fabriqués à partir de roseaux, étaient couramment utilisés dans l'Antiquité. Assemblés en rouleaux (volumen = livre roulé), on les déroulait et enroulait au fur et à mesure de la lecture. La célèbre Bibliothèque d'Alexandrie en comptait près de 500 000, répertoriant toutes les oeuvres écrites connues. A PERgame, l'invention du PARchemin, fine épaisseur de peau dont la solidité permettait une reliure, on a pu élaborer les premiers livres COusus, appelés COdex.

Alors que l'écriture était dans les temps anciens réservée aux savants et aux prêtres, les Grecs comme Platon, Socrate, la méprisaient, lui préférant la parole : des esclaves étaient chargés de relater leurs discours. Rome, au contraire, s'enorgueillissait de 28 bibliothèques. Virgile, Horace... ont ainsi diffusé leurs oeuvres grâce aux nombreux copistes payés par des mécènes éclairés.
Après l'effondrement de l'empire romain et les invasions barbares, c'est dans les monastères qu'a été préservé l'héritage manuscrit. Compilations gréco-romaines et textes des Pères de l’Église furent recopiés inlassablement par les moines. Charlemagne, en fondant l'école Palatine, a redonné son lustre à la littérature latine. Les manuscrits étaient alors enrichis d'enluminures, reliés de bois ou de cuir incrusté de pierres précieuses. Partout en Europe, de l'Irlande à l'Espagne, des artistes rivalisaient de créativité. Les plus beaux exemplaires conservés en France sont la Bible enluminée de Charles le Chauve, plus de 1 m de hauteur, et les Très Riches Heures du duc de Berry, décorées de miniatures splendides.

Au XIIIe siècle sont créées les universités, et avec elles se développe un réseau de "libraires" indépendants. Au XIVe siècle le papier fait son apparition en Italie. Bientôt sonnera l'heure de Gutenberg et de l'imprimerie, mais c'est l'objet de la prochaine conférence...

Article publié dans le JTT du jeudi 21 mai 2015.

1 commentaire:

  1. Bonjour Nicole,
    J'ai bien apprécié ton article sur le livre et l'écriture
    Dans le même esprit, il y a le chemin des Écritures à Lurs qui mérite un détour
    Bises
    Patrick

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