dimanche 10 février 2013

L'Homme qui rit : Un hommage hugolien


J’avais lu le roman flamboyant de Victor Hugo au lycée. Une lecture difficile, effrayante et passionnante à la fois, je n’en avais pas compris toute la portée. J’avais donc très envie de voir le film éponyme, de Jean-Pierre Améris, quarante ans plus tard, malgré des critiques mitigées.
Eh bien, j’ai été enchantée ! Décors soignés, musique intemporelle, costumes éblouissants, la mise en scène, sans se perdre dans les méandres du livre, arrive à faire passer magnifiquement l’œuvre, le souffle du Maître. C’est somptueux, baroque à souhait, entre pamphlet social et politique, esthétique style Tim Burton à la Cour de la Reine, ou film fantastique, du côté des gueux, à la cour des miracles.

Les acteurs sont justes, chacun a une vraie présence: Depardieu habite Ursus avec humanité, il gronde, harangue, amadoue, alterne brutalité et douceur. Marie Théret, incarne Déa, jeune aveugle touchante, avec sa voix pleine de sensualité. Emmanuelle Seigner est une duchesse garce à ravir. Celui qui m’a le plus surprise, c’est Marc-André Grondin, le héros. Dans mon imagination, l’Homme qui rit était monstrueux, défiguré. Dans le film, la longue balafre qui mutile sa bouche en éternel rictus n’enlève pas grand-chose à son physique de jeune premier, lui ajoute plutôt un certain mystère romantique.

La critique des turpitudes de la Cour, la description de la misère, les vols d’enfants, l’éloge de la bonté, mélangés à une intrigue romanesque poignante et poétique n’ont pas eu  le succès qu’attendait Victor Hugo, lors de la parution de « l’Homme qui rit » en 1869. On lui reprochait le mélange des genres.
La critique cinématographique a repris les mêmes arguments contre le film, ce qui est une belle façon de rendre hommage au metteur en scène, fidèle au Maître !
Moi, j’ai beaucoup apprécié la mise en images, grandiose et surréaliste à la fois, de ce roman philosophique puissant et lyrique.
Victor Hugo avait choisi d’appeler Ursus (ours) le saltimbanque et Homo (homme) son loup apprivoisé. Tout est dit, en deux mots. C’est ça, le génie !

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