jeudi 10 mai 2012

Chronique littéraire: Apocalypse Bébé, de Virginie Despentes


Attention, esprits délicats, s’abstenir ! Aujourd’hui je vous propose un livre-choc, une vision très dérangeante de la société : « Apocalypse Bébé » de Virginie Despentes. Prix Renaudot 2010.
Pas un conte pour enfants, non, un livre subversif, mais riche d’enseignements sur l’actuelle décadence des valeurs. Une critique à la dynamite, qui fait mouche sur tout ce qui bouge : l’abandon de l’éducation  par les parents, la corruption de la police, la violence des banlieues, la tentation suicidaire des jeunes, la dérive sectaire des groupes religieux…Tout cela dans un style au vitriol, avec un vocabulaire oral, violent, vulgaire, brutal. Mais tellement réaliste.

C’est l’histoire d’une fille en fugue, Valentine. Ses parents, trop occupés par leur propre vie, se contentaient de faire surveiller cette adolescente en rupture par une détective privée. Quand elle disparaît, c’est la panique.  Lucie, chargée de l’enquête, s’enlise dans les fausses pistes. Finalement, elle fait appel à une collègue plus performante : « La Hyène ». Comme son surnom le suggère, celle-ci ne donne pas dans la dentelle. De Paris à Barcelone, d’une bande de voyous à un couvent de bonnes sœurs, ce n’est pas un voyage d’agrément que suit la jeune Valentine, mais une déroute totale. Tout le monde en prend pour son grade, flics et bourgeois, blancs et beurs, homos et hétéros, cathos et libertaires, parents et politiques.
Ce polar social trash dresse un portrait désabusé de notre époque.

Virginie Despentes est née à Nancy en 1969. D’abord installée à Lyon, sur les pentes de la Croix Rousse (d’où son nom de plume), puis à Paris,  elle multiplie les petits boulots, femme de ménage, pigiste, vendeuse, scénariste, … prostituée. Elle publie en 1993 son premier roman « Baise-moi », qui provoque un scandale retentissant. Et poursuit depuis une carrière d’écrivaine, réalisatrice, traductrice.
Une révoltée des mots et du style, qui plonge le lecteur dans un itinéraire glauque, mais vraisemblable, jusqu’à l’apocalypse.

Chronique publiée dans le JTT du 10 mai 2012.

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