mardi 22 mai 2012

Le jardin de la France


Passer quelques jours en Touraine, c’est découvrir l’Ouest. Notre Far West.
Là-bas, les soirées sont plus longues que chez nous. Le relief est plat, les coteaux ne sont que d’infimes ondulations du terrain. Le climat, malgré des averses régulières, reste doux. L’habitat est bien conservé, les guerres n’ont pas été destructrices, villes et villages affichent une belle harmonie de tuffeau et ardoise. On utilise encore systématiquement les caves troglodytes. Et le long des routes, ce ne sont que vergers, potagers et vignes, une verdure ponctuée d’éclats, rosiers, iris et seringas fleuris. Atmosphère paisible, convivialité. Petites routes sinueuses, mais impressionnant  réseau hydrographique : on croit longer la Loire, et  la rive du Cher apparaît. Entre Indre et Vienne, c’est la confusion. Et que dire de toutes les rivières détournées, pour arroser les châteaux ?

Les Châteaux de la Loire forment une entité extraordinaire. Sur une centaine de kilomètres, une nébuleuse de joyaux architecturaux tous plus beaux, plus originaux les uns que les autres. Posés dans des jardins raffinés, au milieu de parcs vénérables. N’en consommez pas plus de deux par jour, conseillent les guides, pour ne pas vous lasser !

Nous avons donc visité Chambord, ses extravagantes dentelles de pierre, chambres royales,  et immense domaine de chasse, et Cheverny, plus classique, plus vivant aussi, avec sa meute de chiens, et sa référence au Moulinsart d’Hergé. Puis Villandry, ses 1260 tilleuls taillés, ses superbes parterres géométriques, où buis, lola rossa, lavande, myosotis, iris et pavots forment des mosaïques de couleurs… et Azay-le-Rideau, se mirant dans l’eau, charmant tableau  romantique, entouré d’arbres centenaires, sycomores et platanes, liquidambars et cèdres, séquoias et ginkgo bilobas.
Enfin Chenonceau,  l’harmonie totale entre architecture novatrice, faste royal, jardins travaillés et cadre naturel. Des gerbes de fleurs splendides dans chaque pièce. Mais des hordes de touristes incontournables ! Et Chaumont, célèbre pour son festival des jardins. Où la recherche esthétique n’arrive pas à pallier le manque de profusion végétale: Plants trop jeunes, installations convenues. Le parc et la vue sur la Loire sont plus intéressants.

La Touraine est le jardin de la France, un paradis des sens. La fête de la Rose en est le summum. Non, il ne s’agit pas de politique, mais du prieuré de Saint Cosme ! A l’ombre bienveillante de Ronsard, dans l’ambiance romantique des ruines, une superbe exposition de rosiers. Brume légère, atmosphère douce et harmonieuse, débauche de couleurs, odeurs, et chants d’oiseaux. Le jardin d’Eden.

Tours offre l’effervescence de la ville, de l’esprit : les musées, les rues piétonnes, la place Plumereau et ses vieilles maisons tourangelles, en briques et colombages, la cathédrale Saint Gatien, le quartier Saint Martin, le jardin botanique. Contraste avec le calme des châteaux ligériens, où G. Sand, Balzac, J.J. Rousseau et bien d’autres ont trouvé l’inspiration.

Chinon est la patrie de Rabelais, donc de la bonne chère, mais vénère aussi le passage de Jeanne d’Arc. Amboise reste associée aux fêtes de François Ier,  Leonard de Vinci a choisi d’y finir sa vie.

Partout, l’art et l’histoire, mais aussi la douceur angevine, chantée par Du Bellay. Il fait bon vivre en Val de Loire.

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