jeudi 6 octobre 2022

Chronique littéraire : Les cloches jumelles, de Lars Mytting

Un roman ethnographique passionnant, autour d’un symbole de la Norvège : une merveilleuse église en bois debout. Ces églises construites entre 1150 et 1350, actuellement inscrites au patrimoine mondial, représentent l’aboutissement d’une maîtrise totale de la construction en bois par les artisans du Moyen-âge. Chefs-d’œuvre d’ébénisterie élevés dans chaque village au moment de la christianisation de la Norvège, leurs décors reflètent encore le paganisme, les croyances locales. Beaucoup ont été détruites et remplacées au fil des siècles par des bâtisses plus modernes, à l’instar de celle du roman.

1880. Dans la vallée de Gudbrandsdal. Le nouveau pasteur du village de Butangen décide de démolir l’ancienne église en bois debout, trop petite, pour en construire une plus adaptée à la population. Il la vend sur pied à un musée de Dresde, et un jeune architecte allemand est envoyé au village, chargé de dessiner l’antique église, prendre ses mesures, et planifier la démolition, pour la reconstruire à l’identique en Allemagne. Pasteur et architecte s’opposent sur cette démolition, alors qu’une fille du village, Astrid, revendique les cloches, offertes à l’église par sa famille lors du décès de ses ancêtres. Les relations complexes entre les trois personnages évoluent au fil du roman : Amour, haine, vengeance…

Comme dans un conte norvégien, la nature, terrible ou bienveillante, est omniprésente et décide par-dessus tout de la vie des gens et des choses. Les croyances populaires s’y réfèrent en toutes circonstances. Une ambiance à la fois magique et réaliste, terriblement sauvage, qui fait le charme du roman.

Lars Mytting, né en 1968, est un auteur norvégien célèbre en Scandinavie, traduit à l’international.

« Les cloches jumelles » sont disponibles en poche chez Actes sud, collection Babel.

Chronique publiée dans le JTT du 13 octobre.

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