mercredi 16 mars 2022

Chronique littéraire : Nature humaine, de Serge Joncour

L’homme et la nature sont indissociablement liés l’un à l’autre. C’est le thème du roman, qui raconte la vie d’une ferme du Lot entre 1976 et 1999, et celle de son propriétaire, Alexandre.

Pourquoi ces deux dates ? Parce qu’elles sonnent comme un avertissement des bouleversements climatiques qui nous sont maintenant familiers. 1976, la grande sécheresse ; 1999, la grande tempête. Entre ces deux dates, la région aura connu la lutte contre le camp du Larzac, les attentats contre les centrales nucléaires, Tchernobyl, la vache folle, l’arrivée des Mammouth écrasant non seulement les prix mais aussi les petits propriétaires… Tout ce qui a complètement perturbé l’équilibre des campagnes, les habitudes des paysans et toute la société.

Alexandre a grandi dans la ferme familiale, il ne s’imagine pas vivre sans sa campagne, ses champs, ses bêtes, et le rythme des saisons. Au contraire de ses sœurs qui ne pensent qu’à partir à la ville. Alors il va devoir endosser l’héritage familial et maintenir la ferme. Donc s’adapter, moderniser, s’endetter. S’éloigner de ses convictions profondes, tout en rêvant à Constanze, une jeune idéaliste allemande rencontrée à Toulouse lors de l’élection de 1981.

Personnages fouillés, analyse sociologique efficace, intrigue soutenue, tout cela dans un style fluide, Serge Joncour connaît bien son sujet, mieux, il en est issu. On sent toute sa compassion devant un monde en pleine mutation. Et tout son amour et son respect pour les êtres vivants.

Son roman a obtenu le Prix Femina en 2021. Une reconnaissance largement méritée pour Serge Joncour, auteur de nombreux romans sensibles, ancrés dans la vie quotidienne.

Nature humaine est disponible en poche chez J’ai Lu.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 17 mars 2022.

  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire