samedi 8 août 2020

La Camargue à vélo, jour 3 : D'Aigues-Mortes à Arles

Étant bien reposés, c’est agréable d’enfourcher les vélos, dans la fraîcheur du matin. Agréable aussi de penser que ce soir, on va les abandonner pour de bon… Nous quittons Aigues-Mortes par le chemin de halage qui longe le canal du Grau-du-Roi, la promenade est idyllique sous les pins parasols. C’est l’occasion d’admirer tous les bateaux qui y stationnent, certains utilisés comme résidences, d’autres comme chambres d’hôtes, restaurants, ou simplement pour la pêche et la plaisance.

Les premiers 17 km sont faciles mais sans surprise, puisqu’on retourne jusqu’à Gallician, entre étangs et roselières. Beaucoup de cyclistes professionnels, sur des vélos ultra légers, nous dépassent : la ViaRhôna a ses adeptes ! Après Franquevaux, on quitte le canal pour s’égayer dans la campagne et suivre une partie du « chemin d’Arles », qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle. Partout des vignobles entourant leurs châteaux. Je téléphone à l’office du tourisme de Saint-Gilles-du-Gard, pour réserver une visite de l’abbatiale. Impossible de rater cette merveille de l’art roman provençal, inscrite au patrimoine de l’Unesco. Nous serons à Saint-Gilles pour le pique-nique, la visite est prévue à 14 h.
 
Aux abords de la ville, d’autres cultures s’imposent : des vergers d’abricotiers, de pêchers, abrités du mistral par de hautes haies de cyprès. Nous avons parcouru 30 km, et je suis déjà épuisée. Je me console en pensant qu’il ne reste plus que 20 km à faire après. La ville neuve de Saint-Gilles est compacte, le seul coin pique-nique possible est situé à côté de la mairie, tout en haut de la vieille ville. Nous errons entre ruelles et escaliers avant d’en trouver l’accès. Une jolie esplanade s’ouvre sur le paysage environnant, avec un parc ombragé, une aire de jeux pour enfants, des bancs sous les platanes et même une boîte à lire. Idéal pour pique-niquer au calme. Nous accrochons nos vélos à la grille du parc.
 
Le rendez-vous avec le guide est fixé à 14 h devant l’abbaye, tout se présente bien. Tout ? Non. L’antivol des vélos reste coincé, quand nous voulons les reprendre, nous ne réussissons pas à les déverrouiller. Le superbe antivol professionnel avec code résiste ! Essais multiples, énervement, nouveaux essais, mots grossiers, tentatives d’ouvrir avec le peu d’outils à notre disposition, rien n’y fait. Les vélos restent attachés à la grille. L’agence de location de vélos ne répond pas au téléphone, elle est fermée jusqu’à 14 h 30. Il faut patienter. Nous allons à pied rencontrer le guide devant l’abbatiale, à 14 h, pour annuler la visite. Il comprend que nous n’avons plus l’esprit disponible pour une visite de deux heures, mais nous conseille de faire quand même un tour rapide de l’édifice, vraiment superbe.
14 h 30, nous remontons au parc. J’appelle l’agence. On me répond. On s’étonne, on nous questionne comme si on était idiots. Vous avez le code ? Vous avez bien aligné les chiffres ? Envoyez une photo. Finalement, après de nombreux échanges, le loueur se décide à venir nous dépanner, il sera là dans 50 minutes. Ouf. C’est le moment idéal pour apprécier la boîte à lire. J’y déniche un roman de Stefan Zweig… Vive la lecture !

Le loueur de vélo arrive avec sa camionnette. Il refait les mêmes gestes que nous, ne comprend pas, c’est un matériel extra, ça l’ennuie de le découper. Mais il n’y a pas d’autre solution. Avec sa scie, il essaie de couper, mais la lame y laisse ses dents. Il change la lame, nouvel essai infructueux, cet antivol est vraiment du bon matériel ! Finalement, il décide de scier un barreau de la grille, même avec la scie usée, il y arrive en deux minutes, fait passer l’antivol dessous, puis fabrique un bandage de fortune au barreau, par sécurité, et embarque les deux vélos attachés entre eux dans sa camionnette. Il propose de nous amener directement à l‘hôtel à Arles. Quelle chance ! Je suis super contente d’éviter les 20 derniers kilomètres et de garder des forces pour visiter Arles ce soir…
 
C’est ainsi que se termine notre balade à vélo : dans une camionnette, où les kilomètres défilent sans effort. Après une bonne douche, la soirée à Arles est la cerise sur le gâteau : les rues piétonnes conduisent à des places ombragées où abondent les terrasses de cafés. Ici, le grand homme, c’est Frédéric Mistral. Partout des vestiges de l’histoire, les arènes, le théâtre romain, la cathédrale Saint-Trophyme. La fondation Van-Gogh, les galeries de photographies, la librairie Actes Sud, donnent envie de prolonger le séjour.

Après avoir parcouru longuement la  ville, un restaurant du côté du Rhône, le Constantin, nous fait signe. Ses légumes braisés à la plancha sont un régal pour les yeux et les papilles. Et sa cave permet de fêter joyeusement la fin du voyage !

Article publié dans le JTT.

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