mardi 11 septembre 2018

Chronique littéraire : Chanson douce, de Leïla Slimani


Une chanson douce, un enfant qui s’endort, la maison calme et propre, c’est tout ce qu’on désire quand on est une mère de famille surbookée. 
Myriam a enfin trouvé la nounou idéale, celle qui lui permet de reprendre son travail d’avocate, l’esprit tranquille, car ses enfants sont en de bonnes mains. Louise est parfaite, non seulement elle sait merveilleusement s’occuper de Mila et Adam, mais c’est une fée du logis : ménage, lessive, petits plats, elle assume tout. Myriam et Paul peuvent s’investir dans leurs professions, et profiter d’enfants propres et nourris le soir.

Hélas derrière tout cela, une fêlure apparait peu à peu. Louise n’est pas aussi lisse qu’il y paraît, elle cache des tendances caractérielles, d’anciennes blessures. Myriam et Paul, pris au piège de la dépendance, s’en aperçoivent trop tard, quand le drame est inévitable.

Leïla Slimani analyse avec lucidité et finesse les rapports mère-enfant, employeur-employé. La difficile conjonction maternité et vie sociale, le décalage homme-femme, la négligence et le stress qui favorisent les impairs, la folie ordinaire. On connaît dès le début le tragique dénouement, mais l’analyse du caractère de Louise, les éclairages sur son passé soutiennent l’intrigue. On aimerait même en savoir davantage sur son état mental au moment du passage à l’acte. Les ressorts de l’âme humaine restent un grand mystère.

Née à Rabat en 1981, Leïla Slimani est une écrivaine et journaliste franco-marocaine. Elle vit à Paris et a obtenu le Prix Goncourt 2016 avec ce roman au scalpel (sans jeu de mots).

Actuellement en poche dans la collection Folio.

Chronique publiée dans le JTT.

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