jeudi 10 mars 2016

Une stature internationale pour le nouveau musée de Colmar

Le célèbre musée Unterlinden de Colmar a fait peau neuve, grâce au talent des architectes suisses Herzog et De Meuron. Une aile moderne a été construite en face du cloître du XIIIème siècle, la prouesse étant d’unifier les deux bâtiments, situés au centre ville, par un passage souterrain, dissimulé sous une esplanade piétonne traversée par un canal. Inauguré par François Hollande en janvier 2016, le double espace assure la mise en valeur de 7000 ans d’histoire, de la Préhistoire à l’art contemporain.

Dans le couvent médiéval sont exposés les œuvres du Moyen-âge et de la Renaissance, Holbein, Cranach, Schongauer, avec en vedette le fameux retable d’Issenheim, de Mathias Grünewald. Ce trésor de l’art religieux a été créé pour le couvent des Antonins situé dans le village voisin d’Issenheim, entre 1512 et 1516. Une œuvre magistrale, peinte et sculptée sur plusieurs panneaux de tilleul, consacrée à la vie du Christ et à l'oeuvre de Saint Antoine, mêlant les références religieuses, fantastiques, médicinales, source d’inspiration de nombreux artistes contemporains. Le retable, exposé en plusieurs parties, occupe maintenant toute la chapelle, dans une mise en scène qui facilite son accès aux visiteurs.


Au XVIème siècle déjà, les visiteurs se pressaient pour prier devant lui, au couvent des Antonins d’Issenheim. Mais ce n’était pas par amour de l’art : pèlerins et malades espéraient ainsi  guérir du mal des ardents, ou feu de Saint Antoine. Une terrible et mortelle intoxication due à l’absorption de seigle fermenté. Les soins apportés par les Antonins étaient de 3 ordres : l'hygiène et la nourriture de bonne qualité ; la chirurgie des membres atteints et appareillage des infirmes. Enfin, le saint vinage : une infusion des reliques de Saint Antoine dans du vin…
 
Après l'initiation aux rites médiévaux, la déambulation dans le nouveau bâtiment, entre arts décoratifs alsaciens, toiles modernes, installations contemporaines, invite à goûter d'autres charmes de Colmar. Dans les ruelles animées de la ville ancienne, aux pittoresques maisons à colombage, on cultive la bonne chère : Tarte flambée et choucroute, munster et vins d’Alsace, forêt noire et kougelhof…, une cuisine héritée elle aussi du Moyen-âge. 

Article publié dans le JTT.

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