Cette œuvre d’anticipation, à la manière de G. Orwell, déchaîne actuellement la polémique. Elle mérite d’être lue pour se forger sa propre opinion.
Un texte de Houellebecq, c’est un peu comme un dessin de Charlie
Hebdo : provocateur, ironique, parfois porno, la société y est pointée dans
ses travers, ses faiblesses. Mais grâce au roman, l’auteur va plus loin, il
utilise la politique-fiction pour pousser la caricature au-delà du réel. Son hypothèse :
en 2022, les dérives du laxisme politique entraînent les électeurs à voter pour un Président
musulman, et l’Islam s’installe en France. Femmes voilées, antisémitisme encouragé,
conversions obligatoires, mais accalmie des violences urbaines et baisse du
chômage.

Côté style, pas d’effets littéraires, ni d’émotion, le
message est sobre, précis, sans affect. Pour conserver sa place à l’ « université
islamique de Paris- Sorbonne », le narrateur, spécialiste de Huysmans (écrivain
du XIXème, décadent lui aussi) accepte de se convertir. Avantages pour lui
: argent, sexe et renommée ; finalement, il est sensible au même discours
que les jeunes paumés de banlieue qui s’engagent dans le Jihad.
Cette fiction se moque des tabous, bouscule les idées reçues, interroge l‘avenir. Incroyable concomitance, les attentats de janvier entraînent eux aussi à une réflexion sur la place de l’Islam en France. Charlie et Houellebecq illustrent de fait deux faces du même problème.
Tous les romans de Michel Houellebecq traitent de thématiques
contemporaines. Il a pourfendu le tourisme
sexuel, le clonage, la misère sociale, ou les dérives de l’art, dans
« La carte et le territoire », prix Goncourt en 2010. Toujours à
contre-courant, il connaît le succès, mais ses détracteurs l’accablent. Ses pavés dans la mare encouragent pourtant à ne pas penser en rond.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 26 février 2015.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 26 février 2015.
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