samedi 6 juillet 2013

Chronique littéraire : L'annonce, de Marie-Hélène Lafon

 Ce n’est pas l’Ardèche, c’est le Cantal, mais la description minutieuse du monde rural dépasse les frontières des départements.  MH Lafon brosse le portrait de la vie dans une ferme isolée sur un haut plateau, avec son troupeau de Salers, ses hivers glaciaux, ses étés superbes. Et les conflits, les espoirs, la sérénité des humains dans leur isolement.

Les habitants de  Fridières sont à la fois typiques, dans leurs traditions, leurs certitudes, et originaux, dans leurs rapports aux autres, et au monde. Paul et sa sœur, la quarantaine, cohabitent avec les vieux oncles. Paul a dû se battre pour moderniser l’exploitation, il travaille sans relâche pour assurer des revenus modestes. Nicole s’occupe des courses, de la cuisine, du linge, des lapins, elle règne sans partage sur la maison. Tout semble réglé de façon immuable.

Sauf que Paul ne veut pas rester célibataire. Un jour, il passe une petite annonce dans un journal, puis installe à la ferme Annette et son fils Eric, des étrangers venus du Nord. Un difficile équilibre doit se mettre en place, entre ceux qui veulent oublier un passé douloureux, et ceux qui craignent pour leur futur.

Marie-Hélène Lafon utilise un style fluide, élégant, une langue précise, riche et puissante. Elle décrit magnifiquement ce monde qu’elle connait bien, puisque ses parents étaient agriculteurs. Née en 1962 à Aurillac, elle a fait des études brillantes à la Sorbonne, avant d’enseigner et d’écrire. Mais elle n’a pas oublié ses racines paysannes, au contraire, elle s’en nourrit. Par-dessus tout, elle transmet son amour du pays, de la nature, du labeur paysan, de cet équilibre éclairé de joies simples, mais où chacun se sent à sa place.

L’Annonce, qui a reçu de nombreux prix, est disponible en Folio au prix de 5€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 4 juillet 2013.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire