lundi 7 janvier 2013

Chronique littéraire : Que font les rennes après Noël ?, de Olivia Rosenthal


Une question de circonstance. C’est celle que pose la narratrice, une fillette en mal d’animal à cajoler. Dans ce drôle de livre, le récit de son évolution incertaine se mêle à un document précis sur des métiers liés aux animaux : dresseur de loups, gardien de zoo, expérimentateur en laboratoire, et boucher… La réponse ? Comme pour toute question fondamentale, il faut la trouver soi-même.

L’originalité de ce roman vient d’abord de la structure à deux voix, les paragraphes concernant chacun des deux thèmes se succèdent sans cesse, en une page ou en quelques lignes. Quand on a compris que l’emploi du « vous » est réservé à la fille, et du « je » au discours professionnel, on s’y retrouve plus aisément. Le vocabulaire aussi se partage entre poésie, questionnement, pour la partie humaine, et précision technique, clinique, pour la partie animale. Le découpage en quatre parties suit les étapes clés d’une vie humaine, enfance, adolescence, entrée dans le monde adulte, et maturité.

Ce livre apporte une foule de détails sur la vie et la mort des animaux, et sur les métiers difficiles de ceux qui les entourent. On apprend, on s’étonne et on rit souvent, même dans les moments les plus noirs : expériences in vivo, abattage, abordés avec beaucoup d’humour et de recul. En contrepoint, l’histoire de la fillette prend corps.
Peu à peu le parallèle s’impose. Aux dressages, soins, expériences, et lutte pour la survie,  chez les animaux, correspondent éducation, contraintes, évolution, tentatives d’émancipation de la jeune fille. Trop couvée par sa mère, ado mal à l’aise, différente, elle affronte difficilement la vie, et aura besoin de longues années avant d’arriver à se connaître, et à assumer sa sexualité.

Olivia Rosenthal, née à Paris en 1965, est l’auteur de plusieurs romans et  mises en scène théâtrales ou artistiques (Avignon, Lyon, Nantes). Elle a obtenu le Prix du Livre Inter 2011 avec ce récit, actuellement disponible en poche au prix de 6.20€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 3 janvier 2013.

2 commentaires:

  1. Autre titre du même auteur à conseiller: On n'est pas là pour disparaître (Ed. Verticlas, 2007), très émouvant portrait d'un homme atteint de la maladie d'Alzheimer et une fine analyse du rôle de la mémoire.

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  2. J'ai terminé de le lire finalement, mais je trouve toujours le style aussi insupportable ! Mumu

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