lundi 21 janvier 2013

Chronique littéraire : Les chaussures italiennes, de Henning Mankell


Pas question de chaussures, ni d’Italie, dans ce récit, sauf symboliquement. Mais plutôt du sens de la vie, des rendez-vous manqués, de la difficulté à exprimer ses émotions, à assumer son passé.  De la solitude, de la peur. De la façon dont hommes et femmes les combattent. De l'amour et de la rédemption, aussi.

Fredrick, la soixantaine, ex-chirurgien, vit reclus sur un îlot gelé de la Baltique, sans autre visite que celle du facteur, en hydroptère, les jours de courrier. Son seul loisir, c’est de creuser un trou dans la glace chaque matin pour s’y baigner. Pour se sentir vivant, surtout. Il a tout quitté, à la suite d’une grave erreur professionnelle.
Un jour, titubant sur la glace, débarque Harriett, son ancien amour, devenue une vieille dame malade. Elle aussi, il l’a lâchement abandonnée. Très déterminée, elle l’entraîne dans un éprouvant voyage vers le Nord, et vers les souvenirs.
La nature suédoise omniprésente, à la fois magnifique et terrible, marque inexorablement la vie des habitants : glace, forêt, mer, ciel à l’infini. Les pérégrinations géographiques, les errances psychologiques des humains, leurs erreurs, semblent minuscules à côté d’elle. Il faut savoir résister, attendre le solstice, pour que la carapace de glace se craquelle, et qu’arrive enfin le dégel des âmes et des corps.
Un roman sobre, intime, vibrant, passionnant d’un bout à l’autre.

Henning Mankell est un écrivain suédois né en  1948 à Stockholm. Connu internationalement grâce à la série policière des enquêtes de Kurt Wallander, où l'aspect psychologique est aussi important que l'intrigue, souvent sanglante, il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique, où il a monté une troupe de théâtre.
Les chaussures italiennes sont éditées en Points Poche, au prix de 7.60€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 17 janvier 2013.

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