mardi 18 septembre 2012

Ardèche au coeur


L’Ardèche que j’aime, celle de mes aïeux, s’étend entre Tournon et Saint Félicien. Entre la vallée du Rhône animée, opulente, avec soleil, vignes, fruits, gastronomie raffinée, et les monts érodés, rudes, verts, paisibles, où la fraîcheur règne même en été. Empurany, Arlebosc, Colombier, villages trapus, compacts, aux maisons de pierres chaudes, marchés rustiques de fromages et charcuteries. Ah, le caillé doux de Saint Félicien… délice de chèvre crémeux, introuvable ailleurs.
Souvenirs d’enfance, les petites plages sablonneuses de la vallée du Doux, l’été. Les baignades avec les cousins, les compétitions pour escalader les rochers, sauter du barrage, traverser en apnée. Plus tard, j’ ai entraîné mari et enfants dans les marmites de granit et falaises abruptes des gorges du Duzon. Même le chien y a appris à nager !

Pourtant c’est l’automne qui sied le mieux à l’Ardèche. Bruyères mauves sur les coteaux, pommiers colorés de fruits dans les vergers, châtaigniers étoilés de bogues, forêts de cèdres majestueux, champignons odorants en sous-bois. Dans les gorges, la végétation flamboie, les rochers dénudés captent le soleil, le torrent gronde, la nature sauvage reprend le dessus.
Pendant des années, un petit train à vapeur, entre Tournon et Lamastre, permettait d’apprécier le site spectaculaire des Gorges du Doux. Mais les problèmes financiers ont eu raison de cette survivance nostalgique. Aujourd’hui, un autre mode de transport a pris la relève, dans un style actuel, ludique et écologique : le vélorail.

Dimanche matin, départ de Boucieu-le-Roi en famille. Les vélorails alignés sur la voie ressemblent à des pédalos bien rangés. Mon petit-fils est déçu, il n’est pas assez grand pour atteindre les pédales ! 12 km de trajet, dans la partie la plus pittoresque des gorges. Totalement immergés dans la nature, entre pâturages, buissons et chaos rocheux, enivrés de chants d’oiseaux et odeurs de serpolet. Sans effort physique, la pente est douce. Les petites gares désaffectées, aux rosiers  fleuris, sont restaurées en mignonnes habitations, les passages à niveau s'abaissent dans une sonnerie stridente, les automobilistes font signe, les poules s'affolent, mais les vaches restent impassibles.
Ponts de pierres, tunnel, viaduc, canal d’irrigation, nous avons le loisir d’admirer la splendeur des gorges, mais aussi d'apprécier la valeur de cette voie historique, édifiée par nos ancêtres, pour désenclaver le plateau ardéchois. Peut-être que mon grand-père en était ?
A la gare d’arrivée, le chemin de fer du Vivarais nous attend, pour remonter au point de départ, avec les vélorails accrochés derrière. L’aller-retour dure deux heures environ, c’est une façon très agréable de profiter des Gorges du Doux.


Après l’aventure, une halte gourmande s’impose : A Pailharès, l’Auberge Buissonnière nous accueille. Au cœur de l'Ardèche. A l'écart du village, une terrasse panoramique encore inondée de soleil s'ouvre sur les monts du Vivarais. Au loin, les sommets ourlés de blanc des Alpes. Au menu : jambon de pays, caillettes, fromages de chèvre et délices à la crème de marrons. Le tout arrosé de Chatus en robe pourpre. Détente totale, l'Ardèche au ventre.

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