lundi 30 juillet 2012

Chronique littéraire : D'acier, de Silvia Avallone


Chaud devant ! Un roman incandescent, comme l’acier en fusion, les hauts fourneaux qui écrasent la petite ville toscane de Piombino. Comme le soleil qui cogne dans les immeubles vétustes, et échauffe les esprits. Comme les corps en chaleur, jeunes ou adultes, aux appétits sexuels exacerbés.

C’est l’histoire de l’amitié fusionnelle entre deux filles, Anna et Francesca, quatorze ans, qui croient pouvoir échapper à une vie sinistre entre l’usine dévoreuse d’hommes et la cité miteuse. Deux beautés, l’une brune, l’autre blonde, et qui savent en jouer. Leur terrain de prédilection, c’est la plage populeuse qui borde la cité, où elles draguent les jeunes du quartier. Qui, entre combines, alcool et drogue, essaient aussi d’échapper au rouleau compresseur de la médiocrité. Et puis les événements les séparent, Anna cède au beau Mattia, tandis que Francesca vend son corps, pour tenter de fuir la misère des femmes, blessées, coincées, usées, et la loi des mâles, victimes de leurs pulsions, sexe, argent, danger.

Ce roman d’amitié, à la fois dur et lumineux, dépeint les émois et incertitudes de la jeunesse, dans un monde particulier et étouffant, au voisinage des aciéries. C’est aussi une fresque sociale documentée, au suspense maitrisé, dont le langage moderne, cru, accentue le réalisme.

Silvia Avallone est née en 1984. Avant d’étudier la philosophie à Bologne, elle a passé une partie de son enfance à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond à D’acier. Ce premier roman l’a propulsée en tête des ventes en Italie.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 26 juillet 2012.

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